/ 2411
636. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Quelque grande salle au fond de l’édifice, au rez-de-chaussée, renferme hermétiquement une vaste bibliothèque poudreuse, pleine dans les rayons d’en haut de volumes de toutes langues, presque pétrifiés dans leurs stalles, sous leur reliure à fermoir, et, sur les tablettes inférieures, des brochures nouvelles et en désordre attestent la continuité du maître à se tenir en rapport avec ce que l’espèce humaine produit de nouveau et son attention à ce qui se passe sur la terre. […] La terre avait été achetée d’Henri IV lui-même, et sa famille y ajouta alors ce nom. […] « À notre arrivée devant chaque ville, avant de saluer le pavillon ottoman, le capitaine envoyait un officier à terre pour y régler cette cérémonie. […] XXXIII « Sur le devant d’une grande maison bâtie en terre, comme la plupart de celles du pays, était un petit perron que défendait des rayons du soleil un toit de chaume supporté par quelques piliers. […] Elle avait vu sous son oncle, le grand Pitt, deux géants lutter sur les mers et sur la terre : la liberté dans l’âme de Pitt, le despotisme dans les armées de Bonaparte !

637. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Le gentilhomme vivait alors dans un monde à part, aussi étranger à la bourgeoisie, par ses traditions et par ses usages, que l’étoile de Sirius peut l’être à la terre. […] Ses calculs sont faits ; il va acheter des terres ; dans un an, il sera député, et pair de France l’année suivante… en février ou en mars 1848, au plus tard… Ainsi finit, par un excellent trait, cette ingénieuse et piquante comédie, à laquelle je ne saurais reprocher qu’une impartialité si régulière et si symétrique que son mouvement de scène ressemble parfois à un jeu de bascule comique et morale. […] le tapis de lisières, le feu de charbon de terre, la bûche économique, le lit en bois de noyer, aux rideaux d’indienne, et le pot de giroflée sur la fenêtre, et la cage ou le serin chante ! […] … Vite, Roussel envoie à M. de Trélan les cinquante mille francs de charbons véreux qu’il a coûtés à son père, il maudit la richesse, il dit son fait à la fortune, il jette à terre de gros sacs d’écus qui lui arrivent en se prélassant sur des plats d’argent, pour se donner le plaisir de fouler aux pieds le vil métal. […] Sous la pluie d’or miraculeuse qu’elle épanche, les palais surgissent, les jardins se dessinent, le bronze fermente, les statues s’élancent du marbre fait chair, les toiles s’animent et se colorent, les tissus ondulent en flots mouvants de pourpre et de soie, les diamants jaillissent de la terre obscure, comme les étoiles du ciel de la nuit, et viennent d’eux-mêmes se poser sur la couronne des rois, sur le front des femmes ?

638. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Mais le livre des Contemplations circule librement en terre de France, et on le vante, si on ne peut l’achever. […] …………………………………………………… Et tout, bête, arbre et roche, étant vivant sur terre, Tout est monstre, excepté l’homme — esprit solitaire. […] La lune à l’horizon montait, hostie énorme ; Tout avait le frisson, le pin, le cèdre et l’orme,         Le loup, et l’aigle et l’Alcyon ; Lui montrant l’astre d’or sur la terre obscurcie,         Je lui dis — Courbe-toi. […] Ainsi, dans La Légende des siècles, il y a des scènes d’une majestueuse simplicité et de l’expression la plus naïvement idéale, empruntées au monde de la Bible et de l’Évangile, la Conscience, Daniel dans la Fosse aux Lions, Booz, La Résurrection du Lazare, mais justement c’est par le Moyen Age que le poète est remonté à ces sources d’inspiration d’où est descendu l’esprit du Moyen Age sur la terre ! […] La Légende des siècles est, à coup sûr, un grand progrès sur les Contemplations, c’est, comme nous n’avons cessé de le dire, le rejaillissement d’un talent qu’on croyait englouti à cent pieds sous terre dans le faux ; mais ce progrès a-t-il été voulu et réfléchi ?

639. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

La terre, selon cette doctrine, est la prophétie de l’histoire. […] Il s’agit de savoir si Ophélia s’est suicidée, ou non, et si elle est digne ou indigne d’être inhumée en terre chrétienne. […] On jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais !  […] Le ciel était d’or, la terre était d’or. » Une magnificence matérielle, c’est tout ce qu’ils comprirent au commencement. […] Léonard de Vinci disait que rien n’enseigne mieux au peintre le jeu de la lumière et de l’ombre, que de modeler d’abord en terre.

640. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Et Pepita s’agenouilla à terre, et s’inclina jusqu’à toucher du front le sol. […] La voûte ruinée garde l’écho qui l’emplit, et même du cadavre glacé la terre garde l’empreinte. […] Bâtie en torchis, avec une toiture en mottes de terre, c’était à proprement parler plutôt une hutte qu’une maison. […] Il est évident que c’est ailleurs que dans cette littérature, parfaitement légitime, mais trop terre à terre, qu’il nous faut chercher l’œuvre qui a illustré et fondé le théâtre provençal. […] c’est bien sûr quelque chose d’étrange, de sauvage : Fanette est à terre ; de sang la terre est rouge.

/ 2411