La mort étend sa main glacée sur les rois ; le sceptre et la couronne tombent à terre et gisent dans la poudre, confondus avec la pauvre faucille et la bêche. […] Elle n’a pas été inutile, cependant ; elle n’a point passé stérilement sur la terre : elle y a donné à qui saura le chercher l’exemple de l’amour des lettres dans son pur et noble idéal ; elle y a relevé le culte de l’art, la statue de la grande poésie. […] Sur ces collines, là-bas, je les vois siéger, terrible bande, bien que languissants encore : vengeurs de leur terre natale, ils se joignent à moi dans un redoutable concert ; et ils tressent de leurs mains sanglantes la trame de ta lignée : filez le rouet et tissez la toile enroulée de la race d’Édouard ; donnez-lui grande étendue et assez de marge pour y tracer les caractères infernaux. […] Un critique célèbre avait jugé plus heureux le premier plan que l’auteur s’était proposé, et qu’il résumait ainsi dans une courte note : « L’armée d’Édouard Ier, comme elle cheminait dans le creux d’une profonde vallée, est tout à coup arrêtée à la vue d’une majestueuse figure apparaissant au haut d’une montagne inaccessible, reprochant au roi, d’une voix plus qu’humaine, les misères et la désolation qu’il a apportées sur cette terre, lui prédisant les malheurs de la race normande, et, par inspiration prophétique, annonçant que toute sa cruauté n’éteindra jamais l’ardeur du génie poétique dans cette île, et qu’il ne manquera pas d’hommes pour célébrer la vraie vertu et la valeur par des accents immortels, flétrir le vice et l’infâme volupté, et censurer hardiment l’oppression. […] Mit ton a gardé, pour la prose de ses controverses, ce feu de liberté trop ardent qui tourmenta sa vie, et parfois égara sa noble conscience ; et il n’en a reporté dans ses vers que quelques lointains reflets, étant là, par son inspiration même, moins occupé de la terre que du ciel, et moins citoyen que mystique.
Il s’agissait de quelques terres que tous les deux réclamaient. […] Il les heurte et les brise ; leur cervelle s’écoule et mouille la terre. […] Elle la recouvrit de terre et elle y planta plusieurs pieds d’un très beau basilic de Salerne. […] Cette Terre d’Oc est la terre natale d’Émile Pouvillon. […] Ce coin de terre est construit, harmonieux, parfait.
Il y avait encore de Le Moine un autre buste en terre cuite, d’une femme ; il était très-élégant, très-vivant, très-fin ; le cou cependant maigre et sec, et la distance du menton au cou, la profondeur de la mâchoire énorme. […] En général, les terres cuites de Le Moine valent mieux que ses marbres.
Et maintenant, vois, toutes tes fleurs sont par terre, éparses et répandues. » Presque à côté je remarque une autre épigramme dont la conclusion, toujours la même, est exprimée d’une manière un peu plus raffinée, plus platonique, et sentant déjà le futur troubadour ; elle est d’Alphius de Mitylène : « Malheureux, ceux dont la vie se passe sans amour ! […] de quel homme tu as englouti la tète chérie, ô Terre ! […] Terre aimable, tel est le mort que tu possèdes ! […] Léonidas pourtant nourrit une consolation élevée ; il a foi aux Muses, et elles ne l’ont point tout à fait trompé, puisque son nom, son œuvre éparse, nous occupent encore aujourd’hui : « Je gis bien loin de la terre italienne et de Tarente, ma patrie ; et cela m’est plus amer que la mort. […] Dans l’épigramme originale, le villageois ne prend pas ce détour de traire la brebis dans un vase d’argile pour en arroser ensuite la tombe : il amène directement la brebis mère sur le tertre funéraire, et soulevant la mamelle [texte grec]; tenant haut le pis (expression d’un pittoresque rustique), il fait jaillir le lait sur la terre même.
Peut-être avaient-ils déjà quitté la terre. […] Ses crimes à lui avaient au moins une certaine intellectualité qui les rendait non pas moins odieux, mais plus intelligibles ; ils avaient pour but une idée implacable, une idée fausse, ce qu’on appelle une utopie, mais enfin une idée impersonnelle, l’idée de tous les fanatiques devenus bourreaux à toutes les époques de l’histoire des rénovations accomplies ou tentées sur la terre. […] Jamais peut-être sur cette terre, à aucune époque, sauf l’ère de l’incarnation de l’idée chrétienne, un pays ne produisit, en un si court espace de temps, une pareille éruption d’idées, d’hommes, de natures, de caractères, de talents, de crimes, de vertus. […] On dirait que la terre, en travail pour enfanter l’ordre progressif des sociétés, fait un effort de fécondité comparable à l’œuvre énergique de régénération que la Providence veut accomplir. […] Un historien n’a pas le droit de jeter ainsi son manteau sur les nudités hideuses de son siècle et de dire : « Tout est bien », quand le bien et le mal sont là sous ses yeux, demandant chacun qu’on lui fasse sur la terre la part que Dieu lui-même lui doit dans sa rétribution divine.