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1586. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Rathery »

Mais aussi pourquoi étrangler sa pensée dans un pareil nœud coulant quand on a assez de talent pour avoir besoin d’indépendance, quand on est fait pour nous donner un livre étoffé et corsé au lieu des maigreurs d’un Mémoire, — fût-il même couronné par l’Académie ?

1587. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Ce génie était pourri de talent(s). […] Un génie peut être non pas seulement rongé, non pas seulement ravagé, mais dessaisi par un talent, par le talent qui le parasite, par le talent qui le ronge. […] Par son talent ordinaire. […] Un texte, une œuvre du ressaisissement du génie sur le talent, hors du talent. […] Le talent y est constamment un jouet.

1588. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Il connut Conrart, secrétaire perpétuel de l’Académie française, et qui se plaisait à produire les talents nouveaux. […] Ceci se rattache à la remarque la plus essentielle dans une appréciation littéraire de Fléchier : il appartient, par le goût et par la manière à la société de l’hôtel de Rambouillet, et aux gens de lettres de la première Académie dont il était en quelque sorte l’élève ; c’est là, c’est dans ce double cercle qu’il prit son pli à l’heure où son talent se forma, et il le garda toujours, même en se développant par la suite et en s’élevant ; mais il ne se renouvela point. […] Il n’eut été que bon, au reste, de m’en envoyer plus d’une copie89 pour faire souvenir de vous où vous savez, et tenir toujours votre nom et vos talents en considération sur des fondements aussi solides que ceux-là. […] Mais Fléchier allait trouver le principal et le plus brillant emploi de son talent dans la chaire.

1589. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Alexandre Dumas, lui-même, avec la sévérité d’un talent mûri par l’étude, a retourné le revers de l’effigie trop flatteuse qu’il avait frappée de la courtisane. […] Paul Aubry, un jeune peintre de talent, en train de gagner son nom et sa fortune. […] Lui aussi, Taupin, il a eu autrefois du talent et de la jeunesse, mais le malheur a voulu qu’il s’amourachât d’une donzelle rencontrée par hasard, un jour de beau temps ; c’était une grisette, peu jolie, à vrai dire, mais ayant la beauté du diable, de la fraîcheur, des dents blanches, la gaieté d’un serin, et un petit bonnet qui flottait au vent ! […] Et d’ailleurs son talent est mort dans cet aria cattiva qu’émane, autour d’elle, la vulgarité prosaïque ; il n’a plus rien dans la tête, plus rien dans le ventre, il tourne au fruit sec, à l’envieux, au maniaque, à l’hypocondre.

1590. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

N’allons donc point tout d’abord heurter sans nécessité contre la statue d’airain de Montesquieu l’œuvre de M. de Tocqueville, c’est-à-dire d’un talent éminent, judicieux, fin, honnête, mais doublé d’une âme si anxieuse et si scrupuleuse, et servi d’un style ferme, solide, ingénieux, mais de peu d’éclat. […] Ils étaient là, dans ce monde aristocratique et libéral, il y a quelque trente ans, un certain nombre de jeunes gens noblement doués, partisans éclairés des idées nouvelles, retenus par plus d’un anneau à la tradition, exacts et réguliers de mœurs, religieux de pratique ou du moins de doctrine ; nés tout portés, dispensés de percer la foule et de donner du coude à droite ou à gauche, n’ayant, s’ils le voulaient, qu’à sortir des premiers rangs et à faire preuve d’un talent ou d’un mérite quelconque pour être aussitôt acceptés.

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