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477. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Il force l’expression pour donner de la couleur à son style ; surtout il répète continuellement ses idées. […] Il y a des gens à qui cela donne l’idée de la force, à moi cela me donne surtout l’idée de l’impuissance. […] Flaubert, Balzac, les tragiques anglais, Théophile Gautier surtout, lui fournissent ses couleurs ; il peignait lourdement, grossièrement. […] Ce sont surtout des êtres qui ont une grande œuvre à parfaire, un grand effort de volonté à donner. […] Les hommes de la race de Nietzsche sont surtout des artistes.

478. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Et les accusât-on d’avoir manqué de logique, il faudrait d’abord, cela va sans dire, prouver la vérité de l’accusation ; mais il faudrait aussi, et surtout, montrer comment et en quel point de leurs déductions ils se sont trompés. […] Et ce n’est pas à dire que la recherche soit inutile, — on le verra bien tout à l’heure, — mais cela signifie que la science n’est investie, par nature ou par définition, d’aucun privilège qui lui soit propre, ni surtout qui lui confère un droit supérieur au gouvernement des esprits. […] Mais elle l’est encore, et surtout, pour cette autre raison, qu’aucune découverte ne saurait s’accomplir en un point du système qui n’ait sa répercussion sur le système tout entier. […] Et, enfin, puisque nous ne pouvons nous tenir pour certains de l’objectivité de la science qu’autant que nous le sommes de l’objectivité du monde extérieur, le fondement de la science est donc « métaphysique » ; et voilà, sans grand effort de réflexion ni de raisonnement, mais surtout sans contradiction, la métaphysique rétablie, si je puis ainsi dire, au cœur même du positivisme. […] Quand les disciples se sentent devenus assez forts, ils n’aiment pas que leur maître continue de penser, et si surtout, il pense autrement qu’eux, c’est lui qu’ils accusent de ne plus se comprendre !

479. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Ragotin est une grande pièce où l’on voit bien que La Fontaine, sans s’y être tué, s’est pourtant appliqué avec un certain intérêt et surtout avec beaucoup de complaisance, et qu’il a tirée de Scarron. […] Agathe est précisément la mère de cet affreux tuteur, et elle n’est pas du tout dans les idées de son fils ; elle le sermonne de tout son cœur sur sa jalousie, surtout sur la stupidité de sa jalousie. […] Il n’avait pas le vrai talent dramatique, il n’avait pas surtout le talent dramatique que l’on exigeait à cette époque. […] La Fontaine n’avait pas le don de psychologie, ni même, ni surtout, le goût de la psychologie. […] Surtout est-elle toute en sordidités comme il le faudrait, ou à peu près, puisque c’est de pièces sordides tout entières que La Fontaine parle ?

480. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Cette fois, c’était l’érudit, l’économiste, l’antiquaire, qui se préoccupait encore plus de l’état des choses que des plaisirs de la société, et qui s’attacha surtout à l’étude de Rome et de ses environs. […] Le point de vue, de plus, est très différent, Chateaubriand s’attachant surtout à faire admirer comme hautement pittoresque et auguste cette même désolation que Bonstetten déplore, et qu’il voudrait combattre comme philanthrope et en économiste. […] Sa réputation eût fort gagné à une telle œuvre, et s’y fût assise dès l’abord ; car ce qui manque surtout à Bonstetten dans cette longue vie intellectuelle répandue sur tant de surfaces diverses, c’est un ensemble, c’est un centre ; il n’a pas de quartier général où l’on se rallie. […] À Paris, il était surtout occupé, non de la politique, mais de la société ; il faisait part à Mme de Staël de ses observations ; elles sont piquantes, et trouveraient encore leur à-propos aujourd’hui. […] Décidé à rester heureux, il se croyait en droit de repousser comme une ennemie toute réflexion trop amère, toute prévision surtout, qui lui aurait coûté des larmes ou des angoisses.

481. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Rassurez-vous, messieurs, les grands hommes en tout genre, — et surtout, je le dirai, dans l’ordre de l’esprit, — ne sont jamais des fous et des barbares. […] On ne naît pas quand on veut, on ne choisit pas son moment pour éclore ; on n’évite pas, surtout dans l’enfance, les courants généraux qui passent dans l’air, et qui soufflent le sec ou l’humide, la fièvre ou la santé ; et il est de tels courants pour les âmes. […] Les littératures romantiques, qui sont surtout de coup de main et d’aventure, ont leurs mérites, leurs exploits, leur rôle brillant, mais en dehors des cadres ; elles sont à cheval sur deux ou trois époques, jamais établies en plein dans une seule, inquiètes, chercheuses, excentriques de leur nature, ou très en avant ou très en arrière, volontiers ailleurs, — errantes. […] Je n’irai, point, chez un auteur, louer l’art, là où il y a surtout force et grandeur. […] Quand je parlerai de Boileau, je ne louerai que modérément la poésie ou la pensée de ses satires, et même la pensée de ses épîtres ; nous verrons pourtant bien au net sa qualité rare, à titre de poète, dans quelques épîtres et dans Le Lutrin ; mais surtout je vous le montrerai tout plein de sens, de jugement, de probité, de mots sains et piquants et dits à propos, souvent avec courage, — caractère armé de raison et revêtu d’honneur, et méritant par là, autant que par le talent toute l’autorité qu’il exerça, même à deux pas de Louis XIV.

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