III En cela, Chénier fut supérieur à Lamartine, qui resta toujours ce qu’il était… l’auteur de cette Histoire des Girondins qui est un crime, — le crime de les avoir vantés, après les leurs ! […] Puisque Chénier n’est pas chrétien et qu’il y a une poésie religieuse supérieure à tout dans les Harmonies religieuses de Lamartine, cette poésie des Iambes n’est donc que la seconde des poésies, — la poésie humaine ; — mais elle est incontestablement la première des poésies humaines.
Autant, à chaque œuvre nouvelle de Balzac, — de ce prodigieux producteur, — il était impossible de ne pas convenir du prodige de sa production, autant on cherchait à diminuer, dans sa vie morale et pratique, l’être si souverainement supérieur dans l’ordre de l’esprit et de l’idéal ; — et c’est ainsi qu’on était parvenu à faire de la toute-puissance de Balzac quelque chose d’énorme, il est vrai, mais d’anormal, d’étrange, de mystérieux, d’absorbant, dans lequel l’homme moral n’était plus pour rien, quelque chose enfin comme une mécanique de génie, comme une splendide et énigmatique monstruosité ! […] Mais Balzac mourut à la peine, à cinquante ans, sur le seuil du bonheur domestique qu’il avait conquis, et après une éruption volcanique de travaux bien supérieurs à ceux de Walter Scott lui-même.
L’époque de Madame Récamier, cependant, ne se recommandait pas précisément par un bégueulisme supérieur… C’était la formidable époque où la cavalerie de Murat escaladait des forteresses, et c’est de ce temps-là que Madame Récamier fut chastement et presque hiératiquement la mystérieuse et impénétrable Isis sous ses sept bandelettes, et pas un, même de ceux qui dans ce temps-là revenaient d’Égypte, n’a pu se vanter de l’avoir désentortillée d’une seule ! […] Le caractère supérieur de ces Lettres, c’est justement leur brûlante pureté.
L’auteur de Guy Livingstone est idéal de sentiment et d’expression, de société et de caractère, dans un temps où nous nous mourons du mal de cœur de la réalité, qu’on nous donne pour l’art ou la vie ; il est idéal parce qu’il est un byronien d’abord et ensuite un dandy, préoccupé, comme tout dandy, de la beauté des attitudes de son orgueil ; il l’est encore parce que tous les caractères de son roman sont pris dans un milieu humain et social exceptionnel, parce que le high life est la vie des classes supérieures, qui valent mieux que les autres de cela seul (comme le mot le dit) qu’elles sont au-dessus. […] J’ai dit plus haut que l’auteur de Guy Livingstone était, comme tous les grands écrivains de son pays, un fils de la Bible, qui est la magna parens de tout ce qui est supérieur en Angleterre.
Vera, dans des notes d’une transparence profonde et, selon moi, bien supérieures au texte de sa traduction, s’est efforcé à nouveau de dégager cette chétive lueur, si c’en est une, qui a tant de peine à sortir de la langue obscure et rétractée d’Hegel… Eh bien ! […] Mais elle méprise Reid et la philosophie du sens commun, avec juste raison, je le crois, et même j’en suis sûr, mais, c’est pour poser la nécessité d’une science supérieure à tout, et voilà qui tente singulièrement l’orgueil des petits Nabuchodonosors de la cuistrerie.