Cette maladie congénitale était une rétention d’urine, dont il souffrit toute sa vie et qui s’aggrava après trente ans. […] Une telle hypothèse souffre d’étranges difficultés, et matérielles et morales. […] Mais ce n’est rien dire : car, justement, Rousseau ne souffre point cette idée, qu’Alceste puisse paraître ridicule, même dans ses exagérations. […] Mais Victor ne souffre point du froid ; son tempérament peut endurer les excès, et la fainéantise lui convient admirablement. […] On est inégaux, mais on vit tout de même, et on vit sans en souffrir.
Il laissera vivre les cygnes dans les grands lacs : se blesser, n’est-ce point souffrir ? […] Il souffre, et voici que sont dissipés et fuient les derniers tourbillons des souvenirs. […] Mallarmé s’est astreint aux règles traditionnelles du poème à forme fixe, et que l’ampleur de sa mélodie en a pu souffrir. […] Condamné à subir le froid de cette chambre jadis illuminée, il souffre. […] Nous y trouvons un grand homme qui désire, qui sent, qui souffre comme nous.
Werther est artiste ; au milieu de toutes ses expansions et ses abandons, il a souci de son talent : en face de cette belle vallée, par une matinée du printemps, il ne songe pas seulement à en jouir, il songe à en tirer quelque parti comme peintre, et, s’il reste inactif, il a du regret : Je suis si heureux, mon ami, dit-il54, si abimé dans le sentiment de ma tranquille existence que mon talent en souffre. […] Il a beau souffrir, il ne regrette point l’emploi qu’il a fait de ses derniers mois : non, ce n’est pas un mauvais génie qui l’a conduit à ce bal où il a fait la connaissance de Lotte : « Non, c’était un bon génie, s’écrie-t-il, je n’aurais pas voulu passer mes jours à Wetzlar autrement que je ne l’ai fait ; et pourtant les dieux ne m’accordent plus de tels jours, ils savent me punir et me Tantaliser. » A Francfort, où il est revenu vivre près de sa famille, il a dans sa chambre la silhouette de Lotte attachée avec des épingles au mur ; il lui dit le bonsoir en se couchant, et le matin, il prend plus volontiers ces épingles-là que d’autres pour s’habiller. […] S’il souffrait, il le dissimule bien dans ses lettres d’alors à Kestner et à Charlotte, qui, tout à fait fiancés, n’attendent que le prochain printemps pour s’épouser.
J’évitais de toutes mes forces d’être confondu avec la nation dont je parle la langue, pendant ses triomphes ; mais je sens vivement, dans ses revers, combien je lui suis attaché, combien je souffre de sa souffrance, combien je suis humilié de son humiliation… Mille intérêts communs, mille souvenirs d’enfance, mille rapports d’opinion, lient ceux qui parlent une même langue, qui possèdent une même littérature, qui défendent un même honneur national. Je souffre donc au dedans de moi, sans même songer à mes amis (à ses amis de France), de la seule pensée que les Français n’auront leurs propres lois, une liberté, un gouvernement à eux, que sous le bon plaisir des étrangers ; ou que leur défaite est un anéantissement total, qui les laisse, à la merci de leurs ennemis, quelque généreux qu’ils soient. […] Cependant la ligne de séparation avait été trop prononcée à un certain moment pour s’effacer désormais : le commerce de pensées en souffrit.
J’ai été longtemps étonnée et plaintive de souffrir ; vivant très-solitaire, bien que d’une profession frivole à l’extérieur, je croyais tous les autres heureux ; je ne pouvais me résoudre à ne pas l’être. Je sais à présent que les autres souffrent aussi : j’en suis devenue plus triste, mais beaucoup plus résignée. […] Les poètes n’y font pas de nids, et les tourterelles mangent comme des ogres… » L’état d’Ondine, à ce second automne passé aux champs, était déjà devenu un sujet d’alarme, et les yeux d’une mère, si crédule qu’elle fût à l’espérance, ne s’y trompaient pas : « … Hors de là, mon cher fils, il faut rentrer dans les détails douloureux, t’avouer que je souffre toujours dans ce même amour de mère, te dire que vingt fois dans un jour une terreur se glisse entre elle et mon regard.