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664. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Alors, les mauvaises mœurs rongeaient la société chrétienne jusqu’au cœur du prêtre, et l’hérésie, cette autre corruption spirituelle, pourrissait l’esprit même du sacerdoce. […] On peut admirer Grégoire sans accepter sa doctrine ; ses idées convenaient à son temps, car, en fait de gouvernement et de société, elles valaient mieux que les pratiques grossières d’un monde barbare. […] Ce fut un homme d’action porté au faîte d’une société farouche et qui n’eut pour la conduire que cette puissance morale dont il est, pour l’histoire, la vivante expression.

665. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Ceux qui disent le plus haut, avec la soif de la justice ou la sympathie pour l’infortune, que les fautes sont personnelles, ont-ils jamais pénétré dans la conscience de l’homme que les sociétés ont nommé partout du nom expiatoire de bâtard ? […] Qui sait exactement la distance entre la volonté et l’intelligence, entre la théorie et l’action ; avec quelle violence la volonté entre en exercice pour abolir un état de choses qui la révolte ; avec quelle fureur elle allume le foyer des sociétés secrètes, des commandites saint-simoniennes, de toutes les prétendances en haut et en bas ? […] Si Chamfort n’était qu’un homme d’esprit, les dilettanti qui le publient ne se mettraient probablement pas en frais d’une édition nouvelle ; mais il fut contre la société, dans l’ordre de la plume, un précurseur de Robespierre ; et voilà l’intérêt pour eux !

666. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Que ce soient les femmes de telle société, de telle époque ou de telle autre, dont on s’occupe et dont on jase ; que ce soient les femmes de l’Antiquité ou du Moyen Âge, de la Renaissance ou des temps modernes, de la Régence ou de la Révolution, peu importe ! […] en spiritualité révolutionnaire ; c’est le peuple qui est le vrai chef dans cette terrible campagne contre les principes éternels des sociétés et contre Dieu ; c’est le peuple qui est le grand, et, de fait, l’unique acteur de ce vaste drame, le bourreau masqué de sa masse même, comme le bourreau de Whitehall l’est de son voile noir ! […] pour nous aussi, le peuple est tout dans ce renversement d’une société.

667. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Espinas, dans les Sociétés animales, et M.  […] Chez lui πολις veut dire cité, et non société en général. […] Le problème consiste à organiser véritablement la société d’après l’idée de contrat primitif. […] Spencer, au contraire, la société humaine n’est qu’un cas particulier de la société animale. Pourquoi, toutefois, Spencer maintient-il l’individualisme comme fin de la société ?

668. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Veiller sur la langue, c’est veiller sur la société même. Par conséquent attenter à la langue, c’est porter atteinte à la société. Et la société s’en venge d’une manière bien simple, en refusant de comprendre celui qui ne parle pas comme elle. […] C’est pourquoi une société n’est religieuse qu’autant et à mesure que son culte est un hommage à la doctrine de la grâce ; et une société n’a une bonne morale que celle qui découle du principe de la grâce. […] Il constate, pour la société et pour la nature humaine, le besoin d’un rachat.

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