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392. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVII »

Nous avons dit que « la marque du cliché, de l’expression toute faite, ce n’est pas d’être simple, ordinaire, déjà employée ; c’est qu’on peut la remplacer par une autre plus simple ; c’est que, derrière elle, il y a la vraie, la seule, celle qu’il faut mettre à tout prix, l’eût-on dite mille fois ».‌

393. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Mais si ce n’est une tentative vers l’assonance pure et simple, aucune réforme sérieuse n’a été inaugurée. […] Comme on le voit, c’est une leçon très fine et très douce que le poète du bonheur mélancolique et simple donne aux jeunes pontifes — oh ! […] Le domaine royal de notre langue c’est la prose, la simple prose : l’esprit de la race vit en elle, triomphant. […] » Sans compter que la langue de Mistral est trop savamment affinée pour de simples paysans ! […] Or il sera toujours plus facile de trouver des rimes très riches, que des rimes très simples.

394. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Permettez-moi encore, Messieurs, de vous citer un exemple pris parmi les faits les plus simples, afin que vous soyez bien convaincus de cette vérité. […] Dans ce paquet se trouve la veine porte, que je pourrais isoler d’avec le conduit cholédoque, mais il est plus simple de lier tout en masse. […] Le phénomène peut être produit d’une façon tout à fait mécanique au moyen d’une expérience très simple. […] Je commençai donc par faire des observations sur les conditions d’existence des êtres les plus simples. […] La conclusion toute naturelle, toute simple, est toujours celle-ci : que le sucre se forme dans le foie.

395. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ainsi mourut, avec résignation, avec grandeur, et s’exprimant presque comme Jean-Jacques eût pu faire, cet homme simple, ce négociant retiré, ce juge de paix de Lyon. […] Jeunesse des hommes simples et purs, jeunesse du vicaire Primerose et du pasteur Walter, revenez à notre mémoire pour faire accompagnement naturel et pour sourire avec nous à cette autre jeunesse ! […] Gay-Lussac et Thénard, et plus hardiment qu’eux, à considérer le chlore (alors appelé acide muriatique oxygéné) comme un corps simple. […] En 1816, il publiait dans les Annales de Chimie et de Physique sa classification naturelle des corps simples, y donnant le premier essai de l’application à la chimie des méthodes qui ont tant profité aux sciences naturelles. […] Les hommes (et je ne parte pas du simple vulgaire) ont un faible pour ceux qui les savent mener, qui les savent contenir, quand ceux-ci même les blessent ou les exploitent.

396. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Toute leur nature se témoigne ainsi souvent d’un coup, parce qu’elle est en général, sinon très simple, du moins invariable et très outrée. […] S’il s’attaque à des gens moyens, ni ridicules ni surprenants, mais simples, naturels et vertueux, le romancier anglais ne parvient à Créer que de pâles ombres sans vie, de paroles banales, d’actes insignifiants et qui restent ternes et nuls d’un bout à l’autre du livre. […] Dombey, — et ceux-ci combien mal, — n’illustrent aucune des grandes passions de l’homme ; ce sont des êtres outrés, imaginaires, qui ameuteraient les gens en rue, qu’on s’empresserait de mettre à la porte de n’importe où, qui, non contents d’être grotesques, simples et immuables, le sont avec furie, acharnement et rage. […] Ses dessins seront simples et typiques, car la charge qu’il fera de ses personnages est plus importante que leur représentation minutieuse, parce qu’il a pour tâche non de faire connaître des caractères compliqués, mais de faire rire de quelques travers faciles à comprendre. […] Dickens avait essentiellement une nature affective, sentimentale, émotionnelle, c’est-à-dire que chez lui, plus qu’en d’autres, les impressions que ses sens recevaient du monde intérieur, les images générales, les idées qu’il s’en formait, étaient toutes accompagnées de vives sensations d’agrément ou de peine, qu’ainsi elles se transformaient presque immédiatement en sentiments, en émotions, et que celles-ci enfin, étant non pas de source intellectuelle, comme par exemple l’exaltation d’un géomètre à la vue d’une belle démonstration, mais de source sentimentale, étaient presque purement bornées à l’affection et à l’aversion simples.

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