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478. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

En Allemagne et en Angleterre, le tempérament froid, lourd et rebelle à la culture retient l’homme, jusqu’à la fin du dernier siècle, dans les habitudes germaniques de solitude, d’ivrognerie et de brutalité. […] » Et l’on rit, l’on applaudit ; le lendemain tout Paris, en répétant la phrase, se console de la ruine publique. — Alliances, batailles, impôts, traités, ministères, coups d’État, on a toute l’histoire du siècle en épigrammes et en chansons. […] C’est une dame en miniature ; elle le sait, elle est toute à son rôle, sans effort ni gêne, à force d’habitude ; l’enseignement unique et perpétuel est celui du maintien ; on peut dire avec vérité qu’en ce siècle la cheville ouvrière de l’éducation est le maître à danser256. […] Ceux-ci jouent avec eux et en font des poupées charmantes ; la prédication de Rousseau qui, pendant le dernier tiers du siècle, remet les enfants à la mode, n’a guère d’autre effet. […] Pour que le monde ait tant d’empire, il faut qu’il ait bien de l’attrait ; en effet, dans aucun pays et dans aucun siècle, un art social si parfait n’a rendu la vie si agréable.

479. (1896) Les Jeunes, études et portraits

La littérature de ce siècle a été d’abord romantique, puis réaliste. […] Le poème d’Abbon surgit comme un essai d’art brutal dans un siècle barbare. […] Chez lui la phrase, qui emprunte à la langue de ce siècle quelques-unes de ses ressources de pittoresque, reste brève comme chez les écrivains du siècle dernier. […] Encore ces siècles ont-ils été relativement pauvres. […] Les dames du monde des lettres ne s’ennuieront pas dans le prochain siècle !

480. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Votre dessein, dit-il à sort adversaire, était de montrer que pour la connaissance surtout des beaux-arts, et pour le mérite des belles-lettres, notre siècle, ou, pour mieux parler, le siècle de Louis le Grand, est non seulement comparable, mais supérieur à tous les plus fameux siècles de l’antiquité et même au siècle d’Auguste. […] Mais en même temps je ferais voir que pour la tragédie nous sommes beaucoup supérieurs aux Latins… Je ferais voir que, bien loin qu’ils aient eu dans le siècle d’Auguste des poètes comiques meilleurs que les nôtres, ils n’en ont pas eu un seul dont le nom ait mérité qu’on s’en souvint, les Plaute, les Cécilius, les Térence étant morts dans le siècle précédent. […] Encore aujourd’hui, n’est-ce pas le temps de la reine Anne et du premier des Georges, le temps d’Addison et de Steele, de Pope et de Swift, que les historiens de la littérature anglaise appellent leur « siècle d’Auguste », l’âge d’or de leur littérature, et leur siècle classique entre tous ? […] L’Itinéraire de Paris à Jérusalem, au commencement de ce siècle, a été encore une autre révélation pour nos pères. […] C’est que l’objet et l’idéal ont été fixés par les païens de la Renaissance ; et c’est que les modèles en sont demeurés, pendant plus de deux siècles, uniquement païens.

481. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Nous pouvons même le prédire sans vanité : notre siècle compte en ce genre des maîtres que la postérité prendra pour modèles. […] Les siècles ont adopté la solution platonicienne ; ils l’ont approfondie, ils ne l’ont pas changée. […] Est-il équitable de demander au siècle d’Alexandre tout ce qu’a pu tenir le dix-septième siècle, tout ce que le nôtre pourrait donner ? […] C’est qu’à côté de la puissance du génie, qui est individuel, il y a cette autre puissance de l’esprit humain qui grandit de siècle en siècle, et dépasse par des labeurs incessamment accumulés les élans du génie lui-même, admirables, mais passagers. […] Malheureusement les siècles ont prononcé dans ces grandes controverses, et c’est à Platon qu’ils ont donné raison.

482. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Par un privilège admirable, ces hommes prodigieux ne sont pas lentement enfantés par le temps et par les circonstances ; ils naissent d’eux-mêmes, et ils semblent créer leur siècle et leur patrie. […] Je n’éprouve plus la tentation de déclamer contre le mauvais goût du siècle, puisqu’en me repoussant de la place que je demandais, il m’a donné l’occasion de composer la Science nouvelle. […] Dans ses poésies, proprement dites, il a trop souvent sacrifié au goût de son siècle. […] Chez tous les écrivains que nous venons d’énumérer, les idées de Vico sont plus ou moins modifiées par l’esprit français du dernier siècle. […] Dans le désir d’ajouter Vico à la liste des philosophes du 18e siècle, ils ont prétendu qu’il avait obscurci son livre à dessein, pour le faire passer à la censure.

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