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1746. (1909) De la poésie scientifique

A toutes époques, depuis un siècle surtout, auprès des triomphateurs du moment, il s’est toujours trouvé un amoindri, un dédaigné, un moqué même, dont la génération suivante a procédé. […] Depuis les origines, c’est donc l’émotion de la Vie évoluée, en ses intuitions au passé, en ses caractérisations présentes, en les déductions et les presciences pour l’avenir  La poésie ainsi a repris bases, telle que l’avaient sentie et exprimée les antiques siècles intuitifs : elle est, avec l’aide maintenant de la science, la Synthèse et l’Hypothèse. […] Nous aimerons, à propos, rappeler de notre doctrine de Poésie scientifique d’autres précurseurs au cours des siècles, et sans remonter à l’Inde, en une tradition à rares représentants qui, sans en prendre conscience pour la généraliser, sortirent de l’égotisme comme mesure habituelle de leur émotion inspiratrice en s’élevant à du concept philosophique  Nous avons dit Lucrèce, du Bartas, Hugo de la Légende des siècles, Goethe, Shelley, Leconte de Lisle, Sully-Prudhomme se reprochant de « croupir dans la poésie personnelle ».

1747. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

La peur m’était venue qu’il n’y eût, pour peupler les siècles, qu’un certain nombre déterminé d’âmes, — comparses défilant et repassant de monde en monde, ainsi que les soldats des armées du Cirque, de coulisse en coulisse. […] On a beau lui crier que peut-être tout notre talent n’existe qu’à la condition de cet état nerveux, il va toujours, il veut qu’on réagisse contre ces états d’avachissement et de paresse, qui lui semblent le signe des siècles descendant la pente d’une civilisation, et toujours protestant, il voit la guérison du spleen, le salut et la rénovation des sociétés décadentes, dans l’imitation puérile des mœurs anglaises, dans cette vie de civisme, dans cette adaptation du patriotisme et du pédestrianisme britanniques. — « Oui, lui crie quelqu’un, l’alliance du talent et de la garde nationale. » L’on rit et l’on part. […] Savez-vous si la tristesse anémique de ce siècle-ci ne vient pas de l’excès de son action, de son prodigieux effort, de son travail furieux, de ses forces cérébrales tendues à se rompre, — de la débauche de sa production et de sa pensée dans tous les ordres ?  […] * * * — En ce siècle, on a fait de tout, un moyen d’arriver, un moyen d’arriver de la philanthropie, un moyen d’arriver de l’horticulture, un moyen d’arriver du canotage, etc., etc.

1748. (1894) Textes critiques

Schmitt, du Siècle, a loué les éventails de Conder. […] Léger transcrit très vraisemblablement l’évolution d’un « guerrier » primate de ces temps bourgeois et évolutifs depuis une date vétuste, chez qui deux siècles de progrès et de civilisation (dont le nôtre, ça se passe vers 2000) ont « déterminé » la supériorité de l’esprit ; que son métier de typographe aide à « suivre les grands courants de la pensée » contemporaine, au souffle desquels s’avivent ses lumières « naturelles », et qui complète son éducation le soir dans les salles de lecture. […] Quillard nommait récemment « le triste pasteur de Galilée », tous les désirs meurtris des femmes énervées qu’il a, depuis dix-neuf siècles, volées à la saine volupté. […] Comme on apprend que les figures géométriques, leurs lignes étant extérieurement prolongées, construisent d’autres figures de propriétés semblables et de plus grandes dimensions, l’homme s’est aperçu assez tard que ses muscles pouvaient mouvoir, par pression et non plus par traction, un squelette extérieur à lui-même et préférable locomoteur parce qu’il n’a pas besoin de l’évolution des siècles pour se transformer selon la direction du plus de force utilisée.

1749. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Je suis un citoyen de tes siècles antiques ; Mon âme avec l’abeille erre sous tes portiques. […] Quels accents de ce siècle dépassent en pathétique et en charme ce soupir adressé à l’astre des nuits qu’il a tout à l’heure terni de son ironie dans la Ballade à la lune ? […] Les siècles maintenant peuvent se remplacer ; Il a si bien gravé son chiffre sur l’écorce Que l’arbre peut changer de peau sans l’effacer. […] Croira-t-on que ce frère en sensibilité et en poésie qui passait à côté de moi dans la foule du siècle ne fut ni aperçu, ni reconnu, ni entendu par moi dans le tumulte de ma vie d’alors ?

1750. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Il lui est arrivé après plus d’un siècle comme à Sully ; quelque chose de la popularité de Henri IV a rejailli sur elle, et l’on s’est mis à la célébrer dans une légende quelque peu romanesque et complaisante, mais qui n’est trompeuse qu’à demi. […] Les poètes du temps ont fait sur ce mariage forcé des vers imprimés sous Henri IV, et qui ne sont pas plus indélicats que ceux qu’on adressait cinquante ans auparavant à Diane de Poitiers, ou que ceux qu’on adressera un siècle et demi après à Mme de Pompadour.

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