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1650. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Un sonnet en patois vénitien contre les grands, chanté par les gondoliers, et dont il est l’auteur ; un jambon mangé en carême dans une hôtellerie de la ville, servent de prétexte contre lui. […] Scudo dans son commentaire ; mais on n’analyse des sons que par des notes, et les notes dont l’écrivain est obligé de se servir n’ont pas de sonorité ni de mélodie pour l’oreille. […] « Le dénouement gronde de loin dans l’orchestre ; dans une belle salle du palais de Don Juan, éclairée à giorno, on voit une table somptueusement servie et des musiciens tout prêts à égayer de leurs concerts le souper du maître. […] Est-ce qu’une symphonie de Beethoven n’est pas mille fois plus dramatique, pour une imagination rêveuse de l’amateur prédestiné et passionné de musique, que tous les drames écrits par un poète pour servir de texte ou de cadre à un drame musical sur le théâtre ?

1651. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Mirabeau seul était grand politique, mais il était vicieux ; le vice chez lui a servi l’éloquence, mais il a vicié et stérilisé le génie. […] Il fit un dernier effort pour rappeler ce qu’il avait jamais eu de cet enjouement grave, qui, loin de déparer la sagesse, lui sert comme d’ornement pour la faire admirer. […] Il est au-dessus de toute crainte quand il fait ce qui est du devoir ; une conduite irréprochable, jointe à des intentions pures et droites, lui sert de bouclier contre tous les traits qu’on pourrait lui lancer : la justice et les lois sont les armes dont il se sert pour se défendre ou pour attaquer.

1652. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

« La mère de Mistral, me racontait hier Adolphe Dumas, nous servait à table, son fils et moi, debout, comme c’est la coutume des riches matrones de Provence en présence de leurs maris et de leurs fils. […] — Asseyez-vous donc avec nous, Madame Mistral, lui disais-je, tout honteux d’être servi par cette belle veuve arlésienne, semblable à une reine de la Bible ou de l’Odyssée. « Oh ! […] « Et avec son fils, chante le poète, le vannier alla s’asseoir sur un rouleau de pierre qui sert à aplanir le sillon après le labour ; et ils se mirent, sans plus de paroles, à tresser à eux deux une manne commencée, et à tordre et à entrecroiser vigoureusement les fils flexibles arrachés de leur faisceau dénoué de forts osiers. » Vincent touchait à ses seize ans. […] Le laboureur lui répond qu’il a servi aussi sa patrie dans les camps, et qu’il a conquis après sa richesse à force de travail au soleil et à la pluie ; car la terre est telle, dit-il, qu’un arbre d’avelines (le noisetier) : « À qui ne la frappe pas à grands coups elle ne donne rien !

1653. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Quand ces tronçons d’armes leur manquèrent, ils se servirent de leurs poings d’athlètes. […] Or le gâteau, servi au jour fixé, fut retrouvé intact le lendemain. […] Pausanias tira de ce camp efféminé une morale Spartiate : étant entré dans le pavillon de Mardonios, il ordonna aux cuisiniers perses de lui préparer le festin qu’ils servaient, le soir, à leur maître. […] On jeta sur les tapis brodés de la tente une natte de roseaux, et on lui servit les mets monastiques des réfectoires de Lycurgue ; le brouet noir, du fromage de chèvre, une poignée de figues.

1654. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Le but du député libéral est, dit-il, d’empêcher que cette somme ne serve à soudoyer quelque pamphlétaire ministériel6 ». […] La morale du commerçant, l’autorise à vendre sa marchandise dix et vingt fois au-dessus de sa valeur, s’il le peut ; celle du juge d’instruction l’incite à user de la ruse et du mensonge pour forcer le prévenu à s’accuser ; celle de l’agent de mœurs l’oblige à faire violer médicalement les femmes qu’il soupçonne de travailler avec leur sexe ; celle du rentier le dispense d’obéir au commandement biblique : — « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front… » La mort établit à sa façon une égalité ; la grosse et la petite vérole en créent d’autres ; les inégalités sociales ont mis au monde deux égalités de belle venue : l’égalité du ciel, qui pour les chrétiens compense les inégalités de la société et l’égalité civile, cette très sublime conquête de la Révolution sert aux mêmes usages. […] — Ce qui reste d’Homère après avoir passé par Bitaubé ». — La vérité de l’observation et la force et l’originalité de la pensée, sont choses secondaires, qui ne comptent pas. — « La forme est chose plus absolue qu’on ne pense… Tout art qui veut vivre doit commencer par bien se poser à lui-même les questions de forme de langage et de style… Le style est la clef de l’avenir… Sans le style vous pouvez avoir le succès du moment, l’applaudissement, le bruit, la fanfare, les couronnes, l’acclamation enivrée des multitudes, vous n’aurez pas le vrai triomphe, la vraie gloire, la vraie conquête, le vrai laurier, comme dit Cicéron : insignia victoriæ, non victoriam 27. » Victor Cousin, le romantique de la philosophie, et Victor Hugo, le philosophe du romantisme, servirent à la bourgeoisie l’espèce de philosophie et de littérature qu’elle demandait. […] La brigande Vendéenne était une Voltairienne décidée : À Madrid, elle plaça ses enfants au collège des nobles, mais « s’opposa énergiquement, malgré la résistance des prêtres directeurs, à ce qu’ils servissent la messe comme les autres élèves et défendit même qu’on fît confesser et communier ses enfants ».

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