Assiégeant la princesse qu’il aime, il vient la servir contre ses propres troupes : haï sous son nom, adoré sous son pseudonyme, il dirige l’attaque et la défense. […] Entre Joad et Athalie oscille Abner, brave soldat, politique naïf, calme dévot, l’honnête homme timoré, qui fuit les responsabilités, ménage tous les devoirs, et sert tous les pouvoirs. Mathan est une Ame envieuse, ambitieuse, qui joue de la religion, hypocrite tragique, à qui nulle vie innocente, nul intérêt public n’est précieux, dès qu’il trouve jour à satisfaire ses haines ou son orgueil : serviteur égoïste et sans dévouement d’Athalie, servi lui-même par le zèle intéressé de Nabal.
La forme dramatique n’est pas la seule dont se serve La Fontaine. […] Il n’y recherche pas la vérité pour s’en servir, mais pour le plaisir qu’il y prend. […] Tout pouvait lui servir ; personne, quoi qu’il en ait dit, ne pouvait le gâter.
Tout ce qui sert à la restauration ou à l’illustration du passé a droit d’y trouver place. […] Hodgson découvrit dans les monastères du Népal les monuments primitifs du bouddhisme indien, il servit plus la pensée que n’aurait pu faire une génération de métaphysiciens scolastiques. […] Pour apprécier la valeur de la philologie, il ne faut pas se demander ce que vaut telle ou telle obscure monographie, telle note que l’érudit serre au bas des pages de son auteur favori : on aurait autant de droit de demander à quoi sert en histoire naturelle la monographie de telle variété perdue parmi les cinquante mille espèces d’insectes.
On pourroit leur répondre encore, que M. de Voltaire étant devenu le Poëte à la mode, le goût du Siecle, corrompu par ce Poëte lui-même, ne doit pas servir de regle, quand il s'attache uniquement à lui ; qu'il paroît assez que ce goût ne s'occupe que de ce qui peut l'amuser ; qu'il s'inquiete peu s'il est d'accord avec les vrais principes ; & qu'enfin, indépendamment des dispositions de la multitude pour son Poëte favori, les ressorts de la Cabale qui le préconise, contribuent, plus que tout le reste, à le rendre Possesseur exclusif du Théatre. […] Ses Drames lyriques sont de la plus pauvre invention, & d'un style entiérement opposé à celui qui convient à ces sortes de Pieces : Samsom, Pandore, le Temple de la Gloire, n'ont servi qu'à le mettre un peu au dessus de l'Abbé Pellegrin, quand il ne s'agira pas de Jephté. […] Il est sans doute permis aux Poëtes de personnifier les Passions & même les Êtres abstraits ; mais pour conserver la vraisemblance & l'illusion, ils doivent leur donner un corps visible & naturel, dès qu'ils s'en servent comme d'agens destinés à influer essentiellement sur l'action.
Je trouve peu intéressant de savoir si Moloch était servi par des prêtres en manteau rouge, s’il était célébré en d’horribles concerts où « grinçaient, sifflaient, tonnaient les scheminith à huit cordes, les kinnor, qui en avaient dix, et les nebal, qui en avaient douze » ; mais je sais, toujours d’après les preuves établies par nos maîtres, que le dieu d’airain, à de certains jours, se nourrissait de la chair des enfants, que les plus puissantes familles étaient obligées de lui apporter leur tribut, que le feu de ses entrailles rugissait sur la place publique, et que le monstre, agitant ses longs bras, précipitait lui-même dans le gouffre ses innocentes victimes. […] Ce n’est pas une conjecture ; j’atténue au contraire l’expression de la colère poétique sur les lèvres du vieux maître : s’il a porté ce jugement sur Notre-Dame de Paris, de quels termes se serait-il servi pour condamner Salammbô ? […] Flaubert, ont servi tant d’efforts ?