/ 3320
1686. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

quand on vit beaucoup aux champs, qu’on sent si bien cette nature et qu’on la sait si bien peindre, c’est pour l’aimer en général, c’est du moins pour la présenter en beau après surtout qu’on l’a quittée ; on est porté à en faire un cadre de bonheur, de félicité plus ou moins regrettée, parfois idyllique et tout idéale. […] Il aimait à se voir arriver dans la cour, à sentir contre son épaule la barrière qui tournait, et le coq qui chantait sur le mur, les garçons qui venaient à sa rencontre. […] Lui, il est heureux pour la première fois de sa vie, et il le sent ; occupé de ses malades tout le jour, il trouve, en rentrant au logis, la joie et la douce ivresse ; il est amoureux de sa femme.

1687. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

cette dernière relation (Souvenirs de quarante ans, récits d’une dame de Mme la dauphine) est bien touchante, bien sentie, très modérée de ton, très habile ; seulement, il y a sous-main, cela est trop sensible, un arrangeur, un rédacteur autre que Mme de Béarn elle-même ; et dès lors je suis inquiet, je conçois des doutes, je pense à M.  […] Et c’est bien en français qu’il a été senti, si je puis dire. […] Mais, on le sent, on le devine dans le récit de Mme Elliott, ces réunions même les plus menacées et si souvent traversées d’appels funèbres ne laissaient pas de voir renaître les distractions de la jeunesse, les oublis, les inconstances faciles, les jalousies même, et de recommencer en tout, dans de si courts intervallesw, une société volage et légère.

1688. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il faut peut-être avoir soi-même pâti et ne pas en rougir pour sentir ces choses.. […] « Encore dix mois, mon ami, écrit-il à Quenescourt en janvier 1812, et je m’embarquerai au milieu des écueils du goût, de la satire, de l’envie et du succès. » Cependant il chassait, comme on dit, deux lièvres à la fois ; il voit que ses chansons ont réussi devant desaristarques en renom, et dorénavant il s’y applique ; il sent lui-même qu’il s’y applique trop : « Je fais toujours des chansons, mais moins pour mon plaisir que par une sorte de calcul. […] Mais j'ai tort d’insister : tout le monde l’a senti.

1689. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Les suites et conséquences de la puberté se font bientôt sentir à leur tour. […] Plus de quarante ans après (1705), s’étant mis un jour à remuer et à feuilleter un grand nombre d’anciennes lettres d’amour et d’anciens papiers très-parfumés, il sentit redoubler ses vapeurs ; mais ce sont là des incidents et non des causes : elles nous échappent. […] Mais un autre jour, il en est tout autrement : les choses se sont passées, il est vrai, avec un peu moins de sobriété : « Le cours de cette médecine, dit à un endroit Fagon (fin de cette même année 1708), fut brusquement arrêté par le dîner du roi, qui mangea beaucoup, et entre autres choses, outre les croûtes, le pain mitonné en potage et les viandes fort solides, combla la mesure à son dessert avec des vents faits avec du blanc d’œuf et du sucre, cuits et séchés au four, force confitures et des biscuits bien secs ; ce qui joint à quatre grands verres en dînant et trois d’eau sortie de la glace, après dîner, donna sujet au roi de se plaindre, après avoir travaillé trois heures avec M. de Pontchartrain, qu’il se sentait faible et qu’il avait de la peine à marcher. » Notez cependant que, s’il a trop dîné, il n’en a pas moins travaillé ses trois heures.

1690. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

En général il faut, pour en bien juger, avoir senti le souffle des temps. […] Cet honnête homme à imagination ardente, et qui n’admettait guère qu’on pût sentir et penser autrement que lui-même, lui arracha une phrase par laquelle on supplia formellement le roi de s’en tenir à la clémence pour le passé et d’y mettre un terme, eu laissant cours à la justice et à la sévérité des lois pour l’avenir. […] Royer-Collard lui-même sur son banc, à côté d’un de ses voisins les plus sages, avait été fort impatienté et mécontent de cette sortie de M. d’Argenson et l’avait laissé voir tout haut selon son habitude : tant les hommes modérés se sentaient en minorité et peu en faveur dans ce milieu-là, et tant ils étaient eux-mêmes poussés comme malgré eux à l’extrême limite de la modération.

/ 3320