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776. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

« À peine étions-nous entrés dans le salon où se trouvait le premier consul, salon que remplissait tout un monde de magistrats, d’officiers, de grands de l’État, de ministres, d’ambassadeurs, d’étrangers les plus illustres, invités à ce dîner, qu’il nous fit un accueil facile à imaginer, ayant déjà vu son frère. […] Ayant parcouru le cercle de notre côté, il alla où se trouvaient les autres grands de l’empire, les ministres, et il sortit enfin des salons pour se rendre au théâtre. […] Deux heures s’écoulèrent dans les appartements voisins de la salle du trône, où se trouvaient l’empereur et l’archiduchesse, environnés des rois, des princes du sang et des hauts dignitaires. […] Fouché nous dit qu’il se trouvait là par hasard, mais on comprit parfaitement qu’il n’en était rien.

777. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Tout était prêt ; mes bas et mes souliers bien cirés se trouvaient au pied du lit ; je n’avais qu’à m’habiller, et, malgré cela, le froid que je sentais à la figure, la vue de ces vitres et le grand silence du dehors me donnaient le frisson d’avance. […] Devant chaque porte se trouvait une botte de paille, pour empêcher le froid de passer dessous. […] Tous ceux qui se trouvaient là s’en allaient à droite et à gauche dans le plus grand silence. […] Goulden, dans ma peur j’avalai tout le vinaigre qui se trouvait dans la petite burette de l’huilier.

778. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Comme l’ont dit Platon et Aristote, il n’y a probablement chez l’homme ni plaisir ni déplaisir absolument pur : les deux sentiments se trouvent mélangés à doses inégales par l’art subtil de la nature, et l’impression définitive dans notre conscience est une résultante où l’emporte un des cléments. […] Selon cette doctrine, une simple notion, une simple conception se trouverait avoir plus de réalité psychique que la jouissance et la souffrance. […] Maintenant, substituez une surface bleue à la surface blanche : le bleu, dont le rayon était déjà présent dans la lumière blanche comme un de ses éléments constitutifs, se trouve maintenant présenté séparément à votre œil par l’élimination des autres éléments lumineux ; or, votre plaisir est instantanément accru. […] L’action, enfin, doit toujours se trouver en rapport avec la forme même des organes, produit de la sélection naturelle.

779. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Supposez qu’un animal ou une plante varient en couleur par l’effet de causes fortuites ; si la couleur nouvelle se trouve propre à cacher l’animal et à empêcher ses ennemis, de le dévorer, cet « heureux accident » opérera un triage, une sélection : il fera survivre les animaux ou les plantes qui auront eu la couleur la plus propice. […] C’est, dans l’appétition ou volonté, subissant l’action du dehors et réagissant en conséquence, que doivent se trouver, selon nous, les dernières raisons de nos croyances et des idées-forces qui les expriment. […] L’évolution des êtres vivants, les lois nécessaires de la vie individuelle et collective, avec la sélection naturelle qui en résulte, supposent elles-mêmes des organismes composés de cellules vivantes, composées à leur tour de molécules, où se trouvent en puissance la sensation et l’appétition. […] Selon nous, l’uniformité n’est pas seulement un fait universel d’observation objective, puisqu’elle se trouve déjà dans la volonté par le seul fait de son développement, dans l’intelligence par le seul fait de son exercice.

780. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Année 1864 1er janvier 1864 Nous commençons par aller où se trouvent nos vrais parents : au Louvre. […] Quelque chose de particulier se passe en vous : on se sent de la gêne comme devant l’inconnu dans lequel on va entrer, et si peu que l’on croie à la bonne aventure, il y a une sorte d’appréhension de se trouver sur la sellette de son avenir. […] 27 avril Nous dînons chez Gautier… Il se trouve là, un ancien, romantique, qui, au temps jadis, fit un voyage en Allemagne avec Sainte-Beuve, et qui nous raconte la façon dont il voyageait, en bon petit bourgeois à la Bouffé, avec un tas d’étiquettes sur toutes ses affaires dans sa malle, des étiquettes comme : chemises plus fines que les autres, bas à ménager. […] Arrivé au Montalais, il s’essaye à marcher un peu dans le parc, qui se trouve être une montée presque à pic, coupée par des allées pour les chèvres.

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