Il nous fait éprouver que nous sommes entourés d’inconnu et réveille en nous le sentiment du mystère, qui risquerait de se perdre par l’abus de la science et par la sotte confiance qu’elle inspire. […] Or, il est naturel de se servir de ce qu’on sait, et la science de M. de Glouvet vient d’autant mieux à propos, que la chicane tient une assez grande place dans la vie des paysans. […] La science recule un peu la limite où il commence, et par là elle nous le fait oublier. Parce que nous voyons clair à deux ou trois pas autour de nous, nous ne nous souvenons plus qu’au-delà de ce cercle de lanterne c’est le gouffre, c’est l’inexpliqué… Et pourtant quoi qu’on en ait dit, le monde que la science nous permet de concevoir n’est peut-être pas si beau que celui d’André Fleuse. […] Trop de science la tue.
À ce début, il imite visiblement Fontenelle, dont les rapports ingénieux à l’Académie des sciences étaient faits pour séduire. […] Ce qu’on aime mieux remarquer dans ces premiers essais de Montesquieu, c’est l’amour de la science, et de l’étude appliquée à tous les objets. […] Il rendra ailleurs plus de justice aux observations quand il en dira « qu’elles sont l’histoire de la physique, et que les systèmes en sont la fable ». — Ainsi Montesquieu, à ses débuts, s’occupait de sciences comme le fera Buffon, comme Goethe le fera plus tard ; il fournissait les fonds d’un prix d’anatomie, et semblait ne viser qu’à des succès tout sérieux, d’accord avec la gravité de son état. […] Vers le même temps, Montesquieu était bien mieux dans sa voie lorsqu’il faisait, à l’Académie de Bordeaux (novembre 1725), un petit discours à la louange de l’étude et des sciences. Il y venge les sciences, dont il avait mis l’utilité en question dans un endroit des Lettres persanes ; il y avance d’une manière spirituelle et originale qu’une connaissance acquise, un résultat d’un ordre intellectuel est souvent la cause indirecte et lointaine du salut de la société.
Ainsi, par exemple, de ce que certains esprits distingués dans la littérature ou dans la science ont, comme Hurter, malgré leur origine et leur éducation protestante, manifesté une admiration sincère pour l’organisation catholique telle que le Moyen Âge l’a conçue et réalisée, est-ce un motif légitime d’induire qu’il y a une tendance très animée vers le catholicisme dans la patrie de ces esprits, et que cette tendance mène droit à une révolution ? […] disait-on, vous estimez la science et la raison de l’Allemagne ! […] Nous qui n’avons pas foi en l’infaillibilité du Pape, nous ne croyons pas davantage à l’infaillibilité de la science allemande. […] L’impartialité historique, c’est-à-dire la science, n’existait pas dans les historiens modernes dès qu’il s’agissait de l’Église. […] Esprit étendu, cœur sincère, il pratiquait la justice comme il aimait la science, en vertu des plus naturels, des plus harmonieux instincts de l’intelligence et du caractère.
La poésie alors, orale, vivante, forme naturelle et souveraine, support et enveloppe de tout, de la science, de l’histoire, de la morale, du culte, tenait au fond même de l’existence d’une race, et enserrait, comme en un tissu merveilleux, mœurs, exploits, souvenirs, les dieux et les héros d’une nation. […] La religion, désertant peu à peu son immense et vague domaine, se replia dans les cérémonies du culte ; la science fit effort, se détacha et subsista d’une vie propre ; la philosophie fonda ses écoles ; l’histoire établit des registres plus ou moins scrupuleux. […] Les Quatre Âges abordent le même sujet sous forme directe, sur un ton de lyrisme grave et didactique : c’est l’hymne auguste du philosophe, ce sont les vers dorés de la science nouvelle. […] Il y a là une noble recherche d’égards, et aussi une douce science de composer, d’assortir son œuvre et sa vie comme un bouquet odorant, non moins suave qu’impérissable.
Elle dominait les sciences physiques et s’y appuyait ; elle siégeait aux plus hautes régions de l’astronomie avec Laplace ; elle régnait à l’Institut par les brillants travaux de Cabanis, surtout par les analyses rigoureuses et en apparence définitives de Tracy ; en morale, elle était arrivée à rédiger son Catéchisme avec Saint-Lambert et Volney. […] Après avoir construit et organisé dans de larges cadres la science du moi que son prédécesseur s’était borné à approfondir sur quelques points essentiels, M. […] Quel que soit le jugement à porter sur l’ensemble de cette science et sur les hautes prétentions qu’elle élève, elle n’est pas représentée dans l’idée vulgaire qui s’attache au mot d’éclectisme. […] Ne faisant remonter la philosophie, comme science, que jusqu’à Descartes, le jeune professeur la voyait s’égarant presque aussitôt et ressaisissant seulement la vraie méthode au commencement du dernier siècle, mais avec des préventions exclusives dans les différentes écoles qui s’étaient alors partagé l’Angleterre, la France et l’Allemagne : « Le temps, disait-il, qui recueille, féconde, agrandit les moindres germes de vérité déposés dans les plus humbles analyses, frappe sans pitié, engloutit les hypothèses, même celles du génie.