La supériorité de la science moderne consiste en ce que chacun de ses progrès est un degré de plus dans l’ordre des abstractions. […] Je crois bien que, si les idées démocratiques venaient à triompher définitivement, la science et l’enseignement scientifique perdraient assez vite leurs modestes dotations. […] On peut dire que tel chapitre du budget voté en faveur de la science, de l’art ou de la littérature, n’a guère d’effet utile que dans la proportion de cinquante pour cent. […] Il est très vrai que la science charlatanesque s’épanouirait, sous un tel régime, à côté de la science sérieuse, avec les mêmes droits, et qu’il n’y aurait plus de critérium officiel, comme il y en a encore un peu de nos jours, pour faire la distinction de l’une et de l’autre. […] Sa claire et ferme intelligence, sa grande puissance de travail, l’appelaient soit aux carrières qui supposent l’étude des sciences mathématiques, soit aux fonctions de la magistrature.
Le dix-huitième siècle s’était achevé avec les théories égoïstes d’Helvétius, de Volney, de Bentham, correspondant au matérialisme encore trop naïf de La Mettrie et même de Diderot : c’était la science qui commençait, et qui s’en tenait encore aux surfaces. […] Le dix-neuvième siècle n’a pas seulement élargi la science, il l’a considérablement approfondie, il l’a fait passer du dehors au dedans ; la physiologie s’est perfectionnée assez pour toucher à la psychologie, et, à mesure que la science du système nerveux est allée grandissant, on a mieux compris combien étaient insuffisantes les vues du matérialisme brut et égoïste. […] L’esthétique, où viennent se résumer les idées et les sentiments d’une époque, ne saurait demeurer étrangère à cette transformation des sciences et à cette prédominance croissante de l’idée sociale.
Contre la science ? […] Le Dantec se fie à la science future, qui prouvera la spontanéité. […] de la science ou des bonshommes qu’il a entichés de science ? […] La science n’y peut rien ; et ce n’est pas la faute de la science, ni son ridicule, si un Bouvard et un Pécuchet, l’entendant mal, l’ont tournée en caricature. […] Mais la science parmi nous et dans l’humanité, qu’est-ce donc ?
Il ne dissimulait pas son mépris pour les sciences qu’il enseignait et pour l’esprit humain en général. […] Je perdis de bonne heure toute confiance en cette métaphysique abstraite qui a la prétention d’être une science en dehors des autres sciences et de résoudre à elle seule les plus hauts problèmes de l’humanité. La science positive resta pour moi la seule source de vérité. […] Ce n’est point la science qui sauve les âmes. […] Je fus entraîné vers les sciences historiques, petites sciences conjecturales qui se défont sans cesse après s’être faites, et qu’on négligera dans cent ans.
La physiologie et la psychologie se sont trouvées d’accord pour écarter de la science une hypothèse aussi superficielle qu’erronée. […] Est-ce avec de pareils procédés que l’on peut fonder une science aussi délicate que celle de la physiologie de la pensée ? […] En suivant cette voie, les phrénologues se sont mis à lutter avec les chiromanciens et les diseurs de bonne aventure, et s’ils entraînaient par là la superstition, toujours avide d’extraordinaire et d’inconnu, c’était au détriment de la vraie science. […] Flourens ne peuvent pas aller jusque-là, car il est bien difficile de savoir au juste ce qui se passe dans une tête de poule ou de pigeon, et affirmer que les facultés disparaissent ou reparaissent toutes à la fois dépasse peut-être ce que notre science sait de la psychologie des poules. […] Flourens, serait l’organe de l’équilibre, de l’harmonie, de la coordination des mouvements, et cette doctrine, quoique contestée, paraît de plus en plus autorisée dans la science.