Attiré, entraîné par le besoin chaque jour plus vif des améliorations matérielles, l’esprit public, perdu de sensations, se détacherait-il des travaux purement intellectuels pour appliquer son effort aux choses de la science utile et de l’industrie ?
La science positive préfère de n’y rien nier, de n’y rien affirmer ; en un mot, elle ne connaît pas l’inconnaissable, mais elle en connaît l’existence.
C’est que tout s’y agite : politique, art, science, critique et calomnie. […] C’était un gigantesque projet que celui qui devait faire visiter, par une réunion d’hommes d’imagination et de science, tout l’Orient et le berceau du monde. […] Casimir Delavigne a failli être nommé pair de France, avec plusieurs autres sommités de la science et de la poésie. […] Lamothe-Langon possède une prodigieuse mémoire ; il n’y a rien au monde : arts, sciences, langues, histoire, dont il ne sache beaucoup ou au moins quelque chose. […] Luchet passe pour l’homme le plus fort de France sur cette nouvelle science sociale ; et quand on parle Fouriérisme, on ne manque pas de dire : Ah !
Il y a entre la science et le sentiment cette profonde différence que la première échappe à l’arbitraire et au caprice, tout en restant susceptible de développement à l’infini, tandis que l’autre est essentiellement personnel et forme par lui-même un bloc complet, en repoussant dans ses arrangements de ménage toute réglementation du dehors. […] Admettons que l’idée de progrès, devenue fondamentale dans la philosophie et les sciences politiques, la régénère : de quelle utilité peut-elle être pour la peinture et la statuaire ? […] le progrès grandit toute chose, l’industrie crée des merveilles, la science se développe rapidement, nous admirons l’Amérique, nous écoulons Saint-Simon, Fourier, Owen, tout change… et nous commentons de mauvaises traductions de Platon ! […] Le positivisme en philosophie est une des tendances d’une époque vouée à la science et à l’industrie. […] En politique, en économie, dans les sciences et dans les arts, elle s’accoutume peu à peu à appeler les choses par leur nom, et à ne plus accepter des vessies pour des lanternes.
Nous connûmes l’obstétrique, qu’on appelle aussi généthliologie, et la sarcologie, et l’ostéologie, et la céphalogie, qui sont des sciences à peu près honnêtes. […] Rosny fait un abus déplorable de sa science. […] Il n’a point appris le monde peu à peu et en comptant chaque étape de sa science par une illusion tuée, et à vrai dire il n’eut jamais d’illusions et il vit le monde tout d’abord comme il est. […] Mais faites bien attention que c’est là cette seconde ignorance dont parle Pascal, qui n’est point naïveté, qui est l’aboutissant d’une longue science. […] Jules Verne a-t-il fait entrer la science dans le cadre du roman ou a-t-il introduit le roman dans le domaine austère de la science ?