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2343. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Jusqu’ici on n’a pas assez su ce qui distinguait l’épopée. […] N’est-ce qu’un patoisant de génie ou réellement sait-il plus de français qu’il n’en faut pour traduire son poëme ?  […] Michel-Ange, même par tronçons qui s’interrompent, ce sont là des objets de comparaison effroyablement redoutables, je le sais, mais je sais aussi ce que je viens de voir dans ce poème qui commence comme le jour par les teintes les plus suaves, et, dès le troisième chant, tourne à la force, mais à la force qui reste dans la suavité.

2344. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

Tout le monde sait maintenant, et on pourrait les nommer, de quels excellents camarades, vivant dans le plus insouciant communisme de l’esprit, était composé M.  […] La mandore des Contes d’Espagne et d’Italie a baissé de je ne sais combien d’octaves. […] On sait que le poète des Contes d’Espagne et d’Italie a écrit quelques-uns de ses plus beaux poèmes sous le nom de Nuits. […] La place qu’occupe la fille en ces poésies tient autant, je le sais, à l’époque qu’au poète, mais qui ne s’élève pas au-dessus de son époque n’est jamais un poète qu’à moitié.

2345. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

On ne risque rien, alors, ils n’en sauraient jouir. […] Peiresc, beaucoup moins riche, sut employer ses richesses avec grandeur. […] Nous avons déjà cité l’exemple de Ronsard en 1585 ; et tout le monde sait comment les cendres de Descartes furent reçues à Paris. […] Aux mœurs les plus douces, il joignit le savoir le plus profond.

2346. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Ballanche, c’est-à-dire comme une noble nature, une douce et belle âme qui a de sublimes perspectives dans le vague, des éclairs d’illumination dans le nuage ; qui excelle à pressentir sans jamais rien préciser, et sait atteindre en ses bons moments à des aperçus d’élévation et de sagesse. […] Dieu sait que je versai des larmes plein mon chapeau le jour de cette maudite réception où mon père assista à mon insu dans une tribune : si je l’avais vu, cela m’eût coupé tout à fait la parole. […] Il voyait aussi je ne sais quelle raison secrète et mystérieuse dans ce titre de régiment de Foix, qu’il décomposait de manière à en faire un hiéroglyphe tout à son gré (Foi-X). […] Il résida à diverses reprises à Lyon, où il y avait, comme à Bordeaux, un foyer de mysticité et de je ne sais quelles sciences secrètes. […] Je sais que je n’entrai pas grandement en matière avec elle, et que même je lui expliquai les lettres F. 

2347. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Un des insignes bonheurs de Henri IV fut (et je parle toujours d’après des contemporains), que Henri III, un peu avant de mourir et depuis son attentat de Blois, dans l’extrémité où il se vit réduit par la révolte des principales villes, eut besoin de lui, fut contraint, au vu et su de toute la France, de capituler avec lui, de le rappeler à son service, d’en faire son bras droit et son chef d’avant-garde. […] Je ne sais si, après la tempête, vos enfants pourront faire des bachots des pièces de ce grand navire, mais je vous assure bien que vous qui vous trouverez dedans quand il se brisera, courrez grand’fortune ! […] En une grande tempête, l’une des plus assurées confiances que l’on peut avoir, c’est quand on sait que le pilote entend bien son état… Pour te le peindre d’un seul trait de pinceau, je te dis que c’est un grand roi de guerre, et je conseille à quiconque de ses voisins, qui se voudra jouer à lui de n’oublier hardiment rien à la maison. […] Il a une pièce que peu de princes ont eue, et jamais nul ne l’eut qu’il ne fût grand prince : il sait souffrir qu’on lui dise vérité. […] Plus d’un homme des champs qui savait ses anciens put se dire alors, en parodiant légèrement Ménandre : « La paix nourrit bien le laboureur, même en Sologne ; et la guerre le nourrit mal, même en Beauce. » L’heureux mot de Sully, et qui est resté, « que le labourage et le pâturage étaient deux mamelles dont était alimentée la France », exprime ce même sentiment.

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