Nous le trouvons assez inquiet de l’espèce de coup de sang qu’il a eu samedi, disant : « Je n’aime pas les choses que je ne comprends pas ! […] Il a de la sève des arbres dans le sang… Puis il parle avec un mépris colère de Feuillet, de la cour basse qu’il fait aux femmes dans ses œuvres, disant : « Ça prouve qu’il n’aime pas la femme. […] Ce sont de grosses servantes, crevantes de santé, les joues presque bleues de sang, qui traversent la place. […] Paris, 30 septembre Au sortir de cette ville de bruit et de mouvement (Vienne), où les voitures volent, où les pavés sonnent, où il y a dans les rues un monde riant et gai à poignée, et où les femmes ne sont plus les Allemandes de Berlin, mais des femmes au sang mêlé, des métis de Hongroises, de Croates, de Bohêmes, de Russes, au front bas, à l’œil amoureux, et qui depuis la fille de boutique jusqu’à l’Impératrice, sont des images de volupté… Paris me paraît gris et morne, et ses femmes inexpressives, et les roues de ses voitures avoir des chaussons de lisières.
Il balayait les princes, les nobles, les inégalités sociales, et même se souciait peu qu’il y eût du sang au balai. […] Glissant comme une chose matérielle sur le plan incliné de l’erreur, boule de neige de toutes les doctrines fausses, niaises ou perverses qu’elle a ramassées en traversant la fange et le sang de la Révolution française, cette tête ardente et faible, dans laquelle beaucoup de talent n’a pu rien sauver, vient de descendre, en ces deux volumes récemment publiés, les dernières marches qui mènent à l’abîme… aussi peu libre de s’arrêter dans sa descente que les têtes coupées de ce temps, dont M. […] … Moins terriblement enivré sans doute que ceux qui avaient bu à cette cervoise, mêlée de sang, de l’applaudissement des Tricoteuses, et qui croyaient entendre retentir au fond de leurs hurlements d’enthousiasme la colossale et lointaine approbation de la France, M. […] » Son athéisme n’est pas une philosophie, c’est une ivresse ; c’est toujours cette même et éternelle ivresse qui l’a fait révolutionnaire et qui, d’excès en excès, développant en lui je ne sais quelle violente hystérie, a métamorphosé la bouquetière historique, charmante au début, quoique trop fleurie, et qui a laissé tomber toutes les roses de sa corbeille dans le sang, en une fausse Théroigne de Méricourt, l’amazone écarlate de l’histoire !
Puis, quand ce fils est marié à une jeune femme, qui paraît d’abord douée de simplicité et de candeur, mais qui bientôt s’émancipe et devient la maîtresse avouée d’un prince du sang, colonel du régiment dans lequel le jeune mari était alors capitaine, quelle noble lettre du père à son fils, au premier éclat qui lui en arrive, quelle suite rigide de prescriptions sans réplique ! […] Mais, quels qu’aient pu être les faits antérieurs, et quand même les graves allégations de M. d’Allonville ne seraient pas tout à fait imaginaires, il n’est pas moins vrai qu’une fois l’éclat produit avec un prince du sang, la conduite que Buffon prescrivit à son fils est un modèle de dignité.
C’est une étrange nation, qui fait depuis deux cents ans, par un instinct aveugle, tout ce que la plus profonde sagesse dicterait aux plus profonds philosophes, c’est-à-dire d’être fidèle à son gouvernement, quel qu’il soit, et de répandre tout son sang pour lui, sans jamais lui demander compte de ses pouvoirs… Il peut haïr, il peut maudire, exécrer son grand adversaire, mais ce n’est pas lui qu’on pourra jamais soupçonner de le mépriser. […] Il est tombé seul, et parce qu’il l’a bien voulu et parce qu’il devait tomber ; quant à sa maison, en possession de biens immenses, et liée par le sang aux plus grandes maisons souveraines, rien ne peut la faire rétrograder.
Ce qui caractérise le Discours de la montagne et les autres paroles et paraboles de Jésus, ce n’est pas cette charité qui se rapporte uniquement à l’équité et à la stricte justice et à laquelle on arrive avec un cœur sain et un esprit droit, c’est quelque chose d’inconnu à la chair et au sang et à la seule raison, c’est une sorte d’ivresse innocente et pure, échappant à la règle et supérieure à la loi, saintement imprévoyante, étrangère à tout calcul, à toute prévision positive, confiante sans réserve en Celui qui voit et qui sait tout, et comptant, pour récompense dernière, sur l’avènement de ce royaume de Dieu dont les promesses ne sauraient manquer : « Et moi je vous dis de ne point résister au mal que l’on veut vous faire : mais si quelqu’un vous a frappé sur la joue droite, présentez-lui encore l’autre. […] Enfin c’est un homme qui, par son excellente beauté et ses divines perfections, surpasse les enfants des hommes. » Ce Lentulus, quel qu’il soit, parle déjà comme Jean-Jacques en son Vicaire savoyard. — Et maintenant, comment cette parole du Christ, cette manne première qui tombait et pleuvait sur les cœurs simples, au penchant des collines ou le long des blés, et que le Juste avait en mourant arrosée de son sang, comment, bientôt armée et revêtue de la doctrine et de la théorie de saint Paul, est-elle sortie de la Galilée et de la Judée pour s’approprier aux Gentils et pour leur être inoculée par lui ?