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392. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

On le découvrait tout au plus de profil, ou le dos tourné, dans le coin du prochain roman. […] Il y a eu dans le roman des talents très-remarquables, qui n’ont eu que des succès viagers, et dont les productions exaltées d’abord se sont évanouies à quelques années de là. […] La situation de ce roman est simple, la même que dans Werther : un jeune homme qui devient amoureux de la femme de son ami. […] La fin, en effet, de ces romans intimes, puisés dans le souvenir, n’est guère jamais conforme à la réalité. […] M. de Bonald commençait de la sorte : « Mme de Krüdner a été jolie, elle a publié un roman, peut-être le sien ; il s’appelait, je crois, Valérie ; il était sentimental et passablement ennuyeux.

393. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

A tous les tournants des drames ou des romans, se passent des coups de théâtre, de poignantes alternatives, des luttes de conscience entre deux devoirs, des ironies tragiques qui font dire ou faire à un personnage le contraire de ce qu’il veut de toute son âme. […] Que l’on observe que les Châtiments sont l’ironique antiparaphrase des paroles officielles placées en épigraphes, qu’il n’est presque point de volume de poèmes qui ne soit digne de porter en titre l’antithèse de Rayons et Ombres, que tous les romans et les drames sont les développements d’une psychologie, d’une situation ou d’une thèse bipartites. […] Hugo, des mots aux âmes, du plan d’une anecdote à celui d’un roman en huit cents pages, d’une fable à une trilogie, de la succession des strophes au principe de l’esthétique, qui, exposée dans la préface de Cromwell, se résume dans le mélange de deux contraires, le comique et le tragique. […] Enfin toute la bizarre construction des œuvres de prose et de vers, résulté de cette dispersion de la pensée, le manque de proportion d’épisodes comme la bataille de Waterloo dans les Misérables, l’air déjeté et fruste des romans et des longues légendes, trop étendus et trop brefs, sans mesure et parfois difformes. […] De là ses romans allant de coups de théâtre en crises de conscience, de situations extrêmes, en soudaines catastrophes, sans que même les interstices soient comblés par des files de petits incidents médiocres et quotidiens, tels que les chroniques et les mémoires nous les montrent exister sous les plus grands remuements de l’histoire.

394. (1887) Essais sur l’école romantique

Le roman y a-t-il perdu ou gagné ? […] si le roman pouvait déchirer cette gaze qui le sépare du nu ! […] Le roman n’a pas plus la méchanceté que la portée de Lovelace. […] Personne n’est plus persuadé que moi des vues inoffensives du roman. […] Ces drames et ces romans représentent presque exclusivement M. 

395. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pittié, Francis (1829-1886) »

Pittié, Francis (1829-1886) [Bibliographie] Le Roman de la vingtième année, poème (1883). — À travers la vie, poésies (1885). […] André Lemoyne Le Roman de la vingtième année donne bien au lecteur une vraie sensation de printemps, et, comme une bouffée d’avril, vous parle d’églantiers et d’aubépines en fleurs.

396. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Mais je crois que le mérite de ce roman ne peut être bien senti que par des personnes qui aient aimé avec autant de passion que de tendresse, peut-être même que par des personnes dont le cœur soit actuellement pénétré d’une passion profonde, heureuse ou malheureuse. […] Les épisodes, les accessoires, les détails sur l’économie domestique, sur les plaisirs de la campagne, sur l’éducation, etc., que l’auteur a semés dans son ouvrage, me plaisent beaucoup en eux-mêmes, mais me paraissent refroidir un peu l’intérêt, parce que l’unité est pour moi la première qualité des romans : aussi quelque excellents que soient les romans anglais, je les lis avec presque autant de fatigue que de plaisir. […] Les notes, ce me semble, sont encore pires ; il n’y en a qu’une seule, la dernière, qui m’a paru bonne ; et je ne l’ai trouvée telle, que parce qu’elle m’a rendu clairement raison du plaisir que m’avait fait le roman.

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