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514. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

La liaison si longue et si inviolable qu’eut Mme de La Fayette avec M. de La Rochefoucauld fait ressembler sa vie elle-même à un roman, à un roman sage (roman toutefois), plus hors de règle que la vie de Mme de Sévigné, qui n’aime que sa fille, moins calculé et concerté que celle de Mme de Maintenon, qui ne vise qu’au sacrement avec le roi. […] Monsieur, vous ne m’aimez plus, il y a longtemps : mais cela est injuste ; je ne vous ai jamais manqué. — Monsieur parut fort touché, et tout ce qui étoit dans la chambre l’étoit tellement, qu’on n’entendoit plus que le bruit que font des personnes qui pleurent… Lorsque le roi fut sorti de la chambre, j’étois auprès de son lit ; elle me dit : Mme de La Fayette, mon nez s’est déjà retiré. […] Je n’y distingue que deux locutions qui ont vieilli : « Le roi ne survécut guère le prince son fils ; » et : « Milord Courtenay étoit aussi aimé de la reine Marie, qui l’auroit épousé du consentement de toute l’Angleterre, sans qu’elle connût que la jeunesse et la beauté de sa sœur Élisabeth le touchoient davantage que l’espérance de régner ; » pour, si ce n’est qu’elle connût, etc. ; cette dernière locution revient plusieurs fois. […] Ce qu’il y a de certain, c’est que la première édition publique, avec privilége du roi, est de 1662, sans aucun nom d’auteur. […] Bibliothèque du Roi. — J’ai déjà recommandé à M.

515. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Un luxe hospitalier et habile est un des moyens de crédit employés de tout temps et en tout pays par ces rois de l’or ; l’or est cosmopolite, le banquier l’est comme sa caisse. […] Le ministre, de même que le roi, ne comprenait rien à mes refus ; il les attribuait sans doute à mon ambition plus exigeante, mobile ordinaire de ces abstentions ; il me demanda une entrevue pour vaincre mes répugnances à force de faveurs politiques. Je persistai. — « Mais enfin, me dit-il avec une impatience visible de geste et d’accent, le roi ne peut pas vous offrir plus qu’un ministère et le choix des plus grandes ambassades. […] — Monsieur le Ministre, lui répondis-je en resserrant les lèvres et en contenant mes tristes prévisions dans mon cœur, puisque vous me faites, au nom du roi et du ministère, de telles offres, c’est qu’apparemment le ministère, le roi et vous-même, vous reconnaissez en moi un esprit politique, malgré les dénigrements de vos journaux et de vos amis, qui me relèguent au rang des rêveurs et des chimériques ? […] Je vis clairement que le roi aspirait à échapper aux ministres de 1830 pour s’entourer de serviteurs nés de la royauté de ses pères.

516. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

L’homme qui dit : « Mon roi !  […] Ils sont tenus d’éclairer le roi, comme les fils avertissent le père. […] Une souveraineté personnelle, un roi. […] Le droit du peuple, c’est le devoir du roi envers Dieu. […] Voilà donc le roi esclave de l’Église !

517. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

je parlerai… » Et il raconte l’anecdote de l’étranger qu’il conduit à travers les appartements du palais et qui, arrivé dans le cabinet du roi, dit : « Je ne vois point le lit du roi. »  — « Monsieur, lui répondis-je, nous ne savons ce que c’est que le lit du roi  ; mais si vous voulez voir celui du mari de la reine, passons dans l’appartement de Ferdinande… » Il loue la religion du roi, il le loue de faire disparaître l’ignorance : l’enthousiasme, alors de rigueur, pour l’agriculture, pour les lumières, circule au milieu de ce culte de la religion conservé. […] Le Roi est le juge des courses. »  — Que vous en semble ? […] Le roi, se croyant menacé, arme. […] On a déjà fait main-basse sur les’municipalités de campagne, ainsi adieu aux rois de village ! il n’y a plus de districts, ainsi adieu aux rois de petites villes !

518. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

J’occupe donc, si je vous crois, Un coin de sa vaste pensée, Où la terre entière est pressée, Où se meut le destin des rois ! […] De tous les rois dont son pouvoir A fait ou défait la couronne : Certes, mon esprit s’en étonne, Pourtant je le puis concevoir. […] … c’est donc le symbole De celle que nous font les rois ? […] Alcinoüs en avait quatre, Mais Alcinoüs était roi. […] M. de Chateaubriand lui donna audience aussitôt : — « On dit qu’un roi joue un vilain rôle dans votre pièce ; cependant, monsieur, il serait bien temps, ce me semble, de laisser les rois tranquilles. » M.

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