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419. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Ce Roi de la causerie savait où le blessait sa couronne. […] — dans les voitures du roi ! […] La France roulait de précipice en précipice vers un abîme, et elle s’est raccrochée aux baïonnettes d’un soldat… Quand, en 1790, on me demanda comment la Révolution finirait, je fis cette réponse bien simple : Ou le roi aura une année, ou l’armée aura un roi. […] Mais le jeune roi grandissait pour devenir grand, et tout rentra « dans l’ordre… Quel Bourbon ne faudra-t-il pas après notre affreuse Révolution ? Car la légitimité réunira les rois, et tôt ou tard elle tuera Bonaparte. » « Je fis cette réponse bien simple. » C’est lui-même qui le dit, Rivarol !

420. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

N’est-il qu’une seule époque où se rencontrent des pères Bonifoux près les rois, et des Bonneau chez les princes ? […] Influe-t-il en rien sur les mouvements de la ligue, sur les batailles livrées, sur le siège de Paris, sur la conversion du roi ? […] « Malheur à qui possède un champ voisin des rois ! […] Le chant suivant prolonge l’impression reçue de tant de forfaits expiés par la mort affreuse du roi qui les commanda, et par l’assassinat du féroce et ambitieux Guise. […] Que Thétis consolée essuie ses larmes, son fils sera vengé de l’ingratitude du roi des rois ; et désormais la solennelle promesse du plus puissant des dieux s’accorde au vœu du ressentiment d’un mortel offensé : mesurez soudain l’immense corrélation qui s’établit merveilleusement entre les substances humaines et divines !

421. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Les fils des pasteurs d’Orient gardent les troupeaux comme le fils des rois d’Ilion ; mais lorsque Pâris retourne à Troie, il habite un palais parmi des esclaves et des voluptés. […] Un hôte se présente-t-il chez un prince dans Homère, des femmes, et quelquefois la fille même du roi, conduisent l’étranger au bain. […] Enfin, à son départ, on lui fait de riches présents, si mince qu’ait paru d’abord son équipage ; car on suppose que c’est un dieu qui vient, ainsi déguisé, surprendre le cœur des rois, ou un homme tombé dans l’infortune, et par conséquent le favori de Jupiter. […] Une noce a des flambeaux, des épithalames, des couronnes suspendues aux portes : une armée, un peuple entier, assistent aux funérailles d’un roi : un serment se fait au nom des Furies, avec des imprécations terribles, etc.

422. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Les rois vaincus auxquels le peuple romain regna dono dabat (ce qui équivaut à beneficio dabat), pouvaient être considérés comme ses hommes liges ; s’ils devenaient ses alliés, c’était de cette sorte d’alliance que les Latins appelaient fœdus inæquale. […] Cette investiture était donnée avec la formule que nous a laissée Tite-Live, savoir, que le roi allié servaret majestatem populi Romani  ; précisément de la même manière que le jurisconsulte Paulus dit que le préteur rend la justice servatâ majestate populi Romani . […] L’histoire de France nous raconte que dans l’origine les rois étaient les chefs du parlement, et qu’ils commettaient des pairs au jugement des causes. […] Ainsi, toute la force que perdent les nobles, le peuple la gagne, jusqu’à ce qu’il devienne libre ; toute celle que perd le peuple libre tourne au profit des rois, qui finissent par acquérir un pouvoir monarchique.

423. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Le grand roi daigne lui prodiguer des sourires et ces paroles obligeantes dont les courtisans étaient si avides et si rarement honorés. […] Sous le règne réparateur de Henri IV, le souci du roi et de ses ministres se porte avec prédilection sur les besoins de l’agriculture. […] Les rois de la finance ont souvent exercé ce privilège royal de protéger les lettres. […] Fréquemment c’est le roi qui considère comme un devoir du souverain de répandre ses grâces, sous forme de pensions ou de sinécures, sur des sujets dont les ouvrages honorent son règne. […] La littérature est alors aristocratique et monarchique ; et, quand les rois dressent la liste des bénéfices, elle est aussi pleine d’indulgence pour le catholicisme.

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