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1208. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Au grand théâtre, la salle entière avait accueilli au cri de : Vive le roi ! […] Prudence est le roi des poètes chrétiens ; il n’y a pas trace chez lui de mysticisme. […] Le roi tourna la bride et le cheval la tête. […] Buet, — de montrer, dis-je, dans Coligny un traître à la patrie et au roi. […] l’autre est mon roi !

1209. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

C’était un excellent roi, pacifique, rendant la justice, n’ayant jamais tué personne. […] Louis XI aussi était un grand roi, mais fourbe et cruel ; il pendait, il empoisonnait, il étranglait : voilà un homme ! […] La veille de la publication en librairie du drame Le roi s’amuse, Victor Hugo fit annoncer par la presse que mille exemplaires étaient retenus d’avance. […] Les propositions du dey ayant paru inacceptables au roi, le prisonnier mit ordre à ses affaires, en homme convaincu que c’était son dernier voyage, et repartit pour sa prison d’Alger. […] L’œuvre qu’on attendait de Racine avec impatience, ce n’était point quelque Phèdre nouvelle, c’était son Histoire du Roi.

1210. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Cette dévotion éloquente, cette invocation au christianisme du sein d’une carrière d’honneurs, de combats politiques ou de plaisirs, cette rêverie sauvage, cette mélancolie éternelle de René se reproduisant au sortir des guirlandes et des pompes, ces cris fréquents de liberté, de jeunesse et d’avenir, dans la même bouche que la magnificence chevaleresque et le rituel antique des rois, c’en était plus qu’il ne fallait pour déconcerter d’honnêtes intelligences qui chercheraient difficilement en elles la solution d’un de ces problèmes, et qui prouveraient volontiers, d’après leur propre exemple, que l’esprit est matière, puisqu’il n’y tient jamais qu’une seule chose à la fois. […] Il y a du Sophocle et du Bossuet dans son innovation, en même temps que le génie vierge du Meschacebé : Chactas a lu Job et a visité le grand Roi. […] Certes, nulle vie n’a été plus traversée, semée sur plus de mers, sillonnée de plus de sortes d’orages ; et quand, après tant d’incomparables vicissitudes, on porte sa douleur sans fléchir, comme ces personnages de rois et d’empereurs qui, outre leur diadème de gloire au front, portent un globe dans la main, on en mesure mieux tout le poids.

1211. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Une lettre à Brissot, du 7 janvier 91, finit par ces mots précipités : « Adieu tout court ; la femme de Caton ne s’amuse point à faire des compliments à Brutus. » A partir du mois de février, époque où Mme Roland vient à Paris, jusqu’au mois de septembre, époque de son retour à Lyon, durant ces six mois si pleins, si effervescents, qui comprennent la fuite du roi et les événements du Champ-de-Mars, nous voyons ses dispositions agressives se déployer de plus en plus et s’exalter au plus haut degré dans l’atmosphère tourbillonnante où elle vit. […] Certes, si quelque prophétique vision, quelque miroir enchanté lui avait déroulé à l’avance sa carrière publique si courte et si remplie, ses dépêches au Pape et au roi du fond du boudoir austère, son apparition toujours applaudie à la barre des assemblées, et, pour clore le drame, elle-même en robe blanche, la chevelure dénouée, montant triomphalement à l’échafaud, si elle eût pu choisir, certes elle n’aurait pas hésité ; comme l’antique Achille, elle eût préféré la destinée militante, tranchée à temps et immortelle, à quelque obscure félicité du coin du feu. […] Mistress Hutchinson s’appesantit trop, durant plus d’un volume, sur les démêlés de son mari, gouverneur de Nottingham, avec les comités locaux, et ne développe pas assez sa conduite au Parlement, dans l’affaire du roi et après ; mais tout le commencement et la fin sont parfaits, et sensiblement imprégnés ou plutôt pétris d’honnêteté.

1212. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Toutes les fois que je puis croire que le roi des rois, Agamemnon, s’adresse à moi-même, et qu’il ne dit telle chose qu’afin de m’en informer, en me faisant tant d’honneur, il me fait moins d’illusion, et bientôt je ne verrai plus en lui qu’un acteur, s’il ne se hâte de redevenir un héros. […] Ce n’en est pas moins un travers plus inexcusable, de ne rien omettre et de ne rien voiler ; d’amener devant nous des filles de joie pour découvrir des complots, de nous introduire en un mauvais lieu, où un ambassadeur, dans l’ivresse des plus honteux plaisirs, trahira les secrets du roi son maître.

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