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14. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

L’Histoire de la Satire, en d’autres termes, l’Histoire de la comédie humaine, n’était-ce pas par une déchirante analyse du rire et de ses causes (les causes du rire, grand Dieu !) […] Qu’est-ce que le rire ? […] … On a toujours ri dans l’Humanité, depuis sa chute : c’est le cri poussé par l’homme en tombant ! […] Quelle est cette ironie fatale, qui se mêle jusqu’à ses tendresses, car il rit de la femme qu’il aime et, grâce amère de la vie ! il rit parfois d’elle sur son cœur.

15. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pommier, Amédée (1804-1877) »

Jules Barbey d’Aurevilly Il est des poètes comme, par exemple, M. de Lamartine, dont je serais au désespoir de diminuer la grandeur, qui n’ont pour ainsi dire qu’une âme de profil ; mais celle du poète qui a osé écrire l’Enfer après Dante et qui vient de chanter Paris, est une âme de face, largement ouverte à toutes les émotions et à tous les contrastes, qui sait rire jusqu’aux lapines et pleurer jusqu’au rire, comme pas un de bous ! Cette puissance du rire qu’a M.  […] Or, c’est cette puissance du rire qui fait, du poète lyrico-satirique qu’est au fond M. Amédée Pommier, un talent très distinct et très particulier entre tous, dans cette époque qui ne sait pas rire et où les plus grands poètes, Victor Hugo, de Vigny, Lamartine, Auguste Barbier, sont si tristes ou du moins si graves, qu’ils semblent avoir changé le génie français.

16. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

De là ce rire de scandale, c’est-à-dire ce rire si particulier — entendez-le : « Oh ! […] Ils rient aux éclats. […] Vous ne l’avez pas vu rire. […] Si vous l’aviez vu rire, vous n’auriez pas manqué de dire : « Il a un rire nerveux. » Ce qui signifie que chez l’homme civilisé la joie ne fait pas rire, puisqu’on trouverait maladif le cas d’un homme qui rirait de joie. […] En tout cas, de rire jamais.

17. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Que de sagesse dans ce rire, que de raison dans cette démence, et sous ces grimaces, quel masque douloureux et sévère de l’art et de la pensée indignée ! […] Il a un diamant de gaîté qui rit et lutine de ses feux, et cela le met à part dans l’Heptarchie romantique… La gaîté de M. de Banville rit sans malice. […] Elle rit avec des dents d’opale qui n’ont jamais rien coupé ni rien mordu. Le poète lyrique exceptionnel qu’il est rit dans le bleu comme il y gambade ; car il y gambade ! […] Enlace ses rayons à ton socle où tu ris, Monte — vif et radieux, — retombe, monte et danse, Tel un elfe sur la pelouse Médicis.

18. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

On ne riait plus, on avait peur. […] — Mais on riait ! […] Cet homme a fait rire deux générations qui ne riaient guère. […] qui donc rira ? […] Il marchait à la piste de ces petites vanités, dont il riait d’un bon rire.

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