La maison, pleine d’ouvriers qui riaient, chantaient, cognaient, était chauffée avec des copeaux allumés, et éclairée par des bouts de chandelles ; elle ressemblait à un ermitage illuminé la nuit par des pèlerins dans les bois. […] LXVIII Jean-Jacques Rousseau est celui des écrivains français auquel Chateaubriand aspire le plus à ressembler dans sa jeunesse ; il a des larmes dans le style ; sa sensibilité lui fait illusion, il la prend pour la vertu et pour la vérité. […] Elle ressemble à l’éclosion nocturne de ce palmier du désert qui fleurit une fois tous les cent ans et qui remplit les déserts du parfum qu’on ne respire pas deux fois dans sa vie ; le monde en demeure ivre quelque temps et s’en ressouvient toujours.
L’imitation en sera toujours dangereuse, parce que, tout au contraire de l’imitation des anciens, c’est par l’imagination et le caprice que nous sommes tentés de ressembler aux auteurs étrangers. […] Pillez-moi sans conscience les sacrés trésors de ce temple delphique, ainsi que vous avez faict autrefois. » Le cri de guerre poussé par Du Bellay fut entendu, et rien en effet ne ressemble plus à un pillage que cette première imitation tumultueuse de l’antiquité. […] Ces imperfections ne sont pas compensées par un petit nombre de vers comme ceux-ci111 : Vous ne ressemblez pas à nos premiers docteurs, Qui, sans craindre la mort ni les persécuteurs De leur bon gré s’offroient eux-mesmes aux supplices, Sans envoyer pour eux je ne sais quels novices.
Il ne voulait pas ressembler aux « classiques » sans doute, et il se fiait à son génie. […] Mais il ne recommença pas, et ses disciples jugèrent convenable de ne point ressembler au maître en cette posture fâcheuse. […] Ses livres, romans ou journaux, ressemblent à une boutique de bric-à-brac ; ce sont les épaves d’une intelligence naufragée : ici une idée, là une conversation, plus loin une description ; rien ne se suit, rien ne s’enchaîne.
Mais, dame, quand il s’agit de gens qui ne sont pas encore classés et nettement définis, il n’y a pas de sa faute s’il est un peu gauche et un peu lent à exprimer quelque chose qui ressemble de loin à un jugement presque personnel. […] Visitons au hasard deux de ces écrivains qui essaient, parmi d’autres tentatives, d’exprimer des opinions critiques ou quelque chose qui y ressemble : un juré honnête, Camille Mauclair ; un juré aussi canaille et cynique qu’un juge (ça se rencontre quelquefois) le petit Fernand Gregh. […] Son éthique, quand elle sera dégagée d’une influence contraire à sa nature, sera faite uniquement de tendresse, uniquement du besoin de donner et de recevoir, Et l’esprit délicieusement ressemble à l’âme.
Les cônes aigus des montagnes pelées du Mâconnais et du Beaujolais, groupés à droite et à gauche comme des vagues de pierre sous un coup de vent du chaos ; sur leurs flancs, de nombreux villages ; à leurs pieds, une immense plaine de prairies semées d’innombrables troupeaux de vaches blanches, et traversées par une large ligne aussi bleue que le ciel, lit serpentant de la Saône, sur lequel flotte, de distance en distance, la fumée des navires à vapeur ; au-delà, une terre fertile, la Bresse, semblable à une large forêt ; plus loin, un premier cadre régulier de montagnes grises, muraille du Jura qui cache le lac Léman ; enfin, derrière ce contrefort des montagnes du Jura, qui ressemblent d’ici au premier degré d’un escalier dressé contre le ciel, toute la chaîne des Alpes depuis Nice jusqu’à Bâle, et au milieu le dôme blanc et rose du mont Blanc, cathédrale sublime au toit de neige qui semble rougir et se fondre dans l’éther, et devenir transparente comme du sable vitrifié sous le foyer du soleil, pour laisser entrevoir, à travers ses flancs diaphanes, les plaines, les villes, les fleuves, les mers et les îles d’Italie. […] Le visage de l’enfant, du jeune homme et de l’homme mûr se ressemblent, comme l’arbre que vous avez planté il y a trente ans ressemble à l’arbre qui vous donne aujourd’hui ses fruits en automne : c’est le même bois, ce ne sont plus les mêmes feuilles. » — « Et avez-vous toujours ces beaux chevaux blancs qui galopaient dans le grand pré, auprès du château, et qu’on disait que vous aviez ramenés, après vos voyages, du pays de notre père Abraham ?