Mais la Jumelle s’en était aperçue depuis longtemps à elle toute seule ; sans se rendre compte de ses sentiments, elle prenait sa voix la plus douce en lui parlant ; elle recevait, à table, à la maison ou dans les champs, tous les petits services qu’il lui rendait instinctivement, avec une familiarité confiante et avec une sorte de plaisir muet qui contrastait avec les exigences et les railleries des autres jeunes filles. […] XV À la fin de la journée, après avoir dételé, jeté le trèfle dans le râtelier, chaussé ses souliers et passé sa veste, il ne parut point à la cuisine pour recevoir, comme à l’ordinaire, son écuelle des mains du vieux Joseph. […] Son cœur s’ouvrit pour donner et pour recevoir toutes les promesses d’une innocente félicité. […] Fanatisés par le soleil et par l’éloquence des clubs provençaux, ils s’avançaient aux applaudissements des populations du centre de la France, reçus, fêtés, enivrés d’enthousiasme et de vin dans des banquets patriotiques qui se succédaient sur leur passage. […] Le nôtre reçut des circonstances où il jaillit un caractère particulier qui le rend à la fois plus solennel et plus sinistre : la gloire et le crime, la victoire et la mort semblent entrelacés dans ses refrains.
Ainsi la lumière que le Soleil nous envoie est à celle que nous recevons de α du Centaure dans le rapport de 22 000 millions à 1. […] X Quant à moi, — si j’avais, non pas le génie des découvertes que M. de Humboldt n’avait évidemment pas reçu du ciel, mais l’aptitude patiente et infatigable aux études physiques que cet homme, remarquable par sa volonté, a manifestée pendant quatre-vingt-douze ans d’existence ; Et si je possédais, comme lui, la notion exacte et complète de tous les phénomènes dont l’univers est composé, de manière à me faire à moi-même et à reproduire pour les autres le tableau de l’universelle création, je commencerais par une humble invocation à genoux à l’auteur caché de ce Cosmos à travers lequel il me permet, sinon de l’entrevoir, du moins de le conclure ; et une belle nuit d’été, soit sur les vagues illuminées de l’Océan qui me porte aux extrémités de l’univers, soit sur un sommet neigeux du Chimboraço, soit sur un rocher culminant des Alpes, je tomberais à ses pieds ; je laisserais sa grandeur, sa puissance, sa bonté, me pénétrer, m’échauffer, m’embraser, comme le charbon de feu qui ouvrit les lèvres du prophète, et je lui dirais en face de ses soleils, de ses étoiles, de ses nébuleuses et de ses comètes : « Toi qui es ! […] La matière n’est pas Dieu, mais c’est l’esclave organisé dont les lois éternelles ou périssables sont créées pour recevoir et subir les lois de Dieu. Donc la pensée divine qui crée en pensant, et la matière inférieure qui reçoit et exécute les lois de Dieu : Voilà les deux éléments dont le Cosmos se compose. […] Les crocodiles et les boas sont maîtres du fleuve ; le jaguar, le pécari, l’anta et les singes à queue prenante parcourent la forêt sans crainte et sans danger : c’est leur domaine, leur patrimoine. » En un mot, ce que la géologie nous enseigne, que la terre, à l’époque où les fougères arborescentes croissaient dans nos climats tempérés, où le règne animal se réduisait à une classe d’amphibies monstrueux, où prédominait sans doute une atmosphère chaude et humide, saturée d’acide carbonique, n’était point encore prête à recevoir l’homme, cela est vrai aujourd’hui, dans une certaine mesure, des vastes forêts primitives de l’Amérique tropicale.
Cette servitude et le peu de consistance des idées particulières retardaient d’ailleurs et gênaient le travail de la langue, si difficile à fixer, et qui ne peut recevoir sa perfection que des idées générales. […] Recueillir et exprimer le plus grand nombre d’idées dans toutes les matières qui peuvent recevoir la forme littéraire et perfectionner les langues. […] Tour à tour les côtés si nombreux et si divers de son admirable livre reçoivent une sorte de vie nouvelle. […] S’il s’agit d’une vertu, d’une passion, il en examine les définitions et en rapporte les exemples tirés de l’histoire générale ou anecdotique ; si c’est une maxime générale, il réfute ou approuve, en les faisant valoir toujours, les contradicteurs qu’elle a rencontrés ; si c’est quelque doctrine rendue orgueilleuse et intolérante par ceux qui s’en autorisent ou qui en profitent, il s’amuse des échecs et des démentis qu’elle a reçus. […] Les ignorants, les esprits dont l’appréhension est molle et lâche, pour parler comme lui, et qui ne reçoivent rien dans leur raison que par l’imagination, sont éblouis de ces vives couleurs qui peignent les idées, et qui intéressent, pour ainsi dire, les sens aux perceptions de l’intelligence.
Celles que nous allons remuer n’ont pas reçu encore cette influence des années, qui, comme un lent soleil, peut seule les mûrir. […] Peut-être Freud n’a-t-il pas aperçu lui-même toute la généralité qu’elle était susceptible de recevoir. […] Il est évident que ce désir mobile, déplaçable, qu’il décrit, n’aura besoin de rien recevoir de l’objet qu’il choisira, ne pourra même rien en recevoir et que c’est de sa propre ressource toute seule que sera formée dans l’esprit de l’amoureux l’image de l’objet aimé. […] Desjardins, ni de militaire ; il ne reçoit de lui-même aucune consigne. […] C’est parce qu’il ne s’est jamais disputé avec la vie que Proust a pu recevoir l’empreinte avec cette prodigieuse minutie.
Pour moi, il en est en ce moment de la place que certains français veulent assigner à Wagner, comme du fauteuil de l’Académicien ; on se soucie bien moins d’y recevoir quelqu’un que d’empêcher d’autres de s’y asseoir. […] S’ils avaient été sincères, ils auraient compris, comme tous les gens raisonnables, que si Wagner a imprimé des sottises outrageantes sur notre compte, il en est en quelque sorte absous depuis qu’il est mort, et qu’il est présentement dans la même situation que Mozart et que Weber, auxquels on n’a jamais tenu rigueur pour les injures bien autrement violentes qu’ils ont déversées sur nous : le premier, dans le moment même où il était reçu à bras ouverts à Paris ; le second, lorsque nous étions en déroute, écrasés par les alliés et dans une situation tout aussi pénible que celle de 1870. […] Les portes sont ouvertes, dans la première lettre que je reçois de l’étranger, je lis une phrase de Wagner, qu’on me cite : « Il faut brûler Paris ! […] Massenet, Joncières et moi-même en sommes vice-présidents, elle nous met en demeure, sans nous demander notre avis, de faire campagne pour les représentations de Lohengrin, à l’Opéra-Comique, sous prétexte que nos œuvres reçoivent de l’autre côté du Rhin une large hospitalité. […] En cette année 1885, elle tenait salon au 23 du boulevard Poissonnière et recevait entre autres personnalités des lettres et de la politique, Gambetta, Thiers, Hanotaux, Daudet, Flammarion, Clémenceau, Flaubert, Hugo, Maupassant ou Tourgueniev.