Remy de Gourmont à propos des balbutiements effacés et simulés de ce poète qui a les dons les plus rares sans doute mais qui a généralisé la niaiserie, une sorte de sensibilité puérile et vieillotte. […] Malgré l’abus fréquent de la couleur et le trop de « Princesses de luxure », venues davantage de Jean Lombard que d’Ézéchiel, il faut lui reconnaître un emportement, une fougue trop rares désormais. […] Paul Souchon est d’une extrême simplicité, sauf en de rares passages où l’auteur se souvient trop d’avoir traversé les petits cénacles parisiens et où il se consume en de laborieuses et minuscules inventions verbales. […] Mme Fernand Gregh s’est à peine affirmée par de trop rares publications de vers en de jeunes revues.
» Bonstetten aussi touché, mais moins théâtral, s’est contenté de dire : « Quel rare bonheur que la réunion de trois amis auprès du monument du plus aimable sage de l’Antiquité ! […] Il y a plus : le français est, selon moi, la langue la plus ingrate, la plus sourde, la plus pauvre, la moins souple, mais de toutes la plus soignée ; semblable aux femmes françaises qui, moins belles comme race qu’aucune autre race européenne, sont de toutes les femmes les plus habiles à se faire valoir par les grâces, l’esprit et le tact si rare de toutes les convenances du lieu et du moment. […] L’édition de ces Souvenirs parut à Genève en 1831, et devint aussitôt fort rare, les amis du vieux sage s’étant partagé respectueusement le petit nombre d’exemplaires dont elle se composait.
Pétrarque avait sa Laure, et Dante sa Béatrix ; mais Laurent s’est appliqué avec soin à cacher le nom de la souveraine de ses affections, laissant aux mille descriptions brillantes qu’il a faites de sa rare beauté et de ses perfections le soin de la faire connaître. […] Ces rares perfections me captivèrent au point, que bientôt il n’y eut pas une puissance ou une faculté de mon corps ou de mon âme qui ne fût asservie sans retour ; et je ne pouvais m’empêcher de considérer la dame dont la mort avait causé tant de douleurs et de regrets comme l’étoile de Vénus, dont l’éclat du soleil éclipse et fait disparaître entièrement les rayons. » Telle est la description que Laurent nous a laissée de l’objet de sa passion, dans le commentaire qu’il a fait sur le premier sonnet qu’il écrivit à sa louange16 ; et à moins que l’on n’en mette une grande partie sur le compte de l’amour, toujours partial dans ses jugements, il faut avouer qu’il y a eu bien peu de poëtes assez heureux pour trouver un objet aussi propre à exciter leur enthousiasme, et à justifier les transports de leur admiration. […] Heureusement que les amis de Laurent ne se piquèrent pas, sur ce point, d’autant de discrétion que lui : Politien, dans son poëme sur Julien, a célébré la maîtresse de Laurent sous le nom de Lucretia ; et Ugolino Verini, dans sa Fiammetta, a adressé à cette dame un poëme latin, en vers élégiaques, dans lequel il plaide avec beaucoup de chaleur en faveur de Laurent, et il prétend que, quelles que puissent être ses rares perfections, elle trouve en lui un amant digne de toute sa tendresse.
Voilà pourquoi les langues, comme l’allemand, qui abondent en consonnes multipliées à la suite les unes des autres, sont plus rudes que d’autres langues, ou cette multiplication de consonnes est plus rare. […] C’est en effet de cette seule manière, avec beaucoup de temps, d’étude et d’exercice, qu’on peut devenir un bon écrivain dans sa propre langue ; on sait même combien il est rare encore d’y réussir ; et on veut se flatter de bien écrire dans une langue morte, pour laquelle on n’a pas la millième partie de ces secours ? […] Ce qui est certain, c’est que rien n’est si rare parmi nous que de bien imiter le style d’un autre écrivain, encore moins celui de deux ou trois écrivains différents ; pourquoi voudrait-on que cela fut plus facile en latin ?
Les fragments dont il est question, l’une inspiration magnifique et nouvelle, avaient l’accent d’une personnalité si rare, qu’ils frappèrent également les esprits puissants et les esprits délicats. […] Ces larmes ont fécondé la tombe sur laquelle elle pleure et en ont fait sortir cette fleur de gloire, plus rare que jamais pour les poëtes ! […] Eh bien, Mlle de Guérin était, en femme, ce mélange heureux, tout-puissant et si rare !