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592. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Il est difficile de dire avec justesse ce qu’on sent n’être ni vrai, ni conforme à la raison. […] Il n’est guère de cœur de femme qui ne comprenne cette passion une et multiple, une, par l’objet auquel elle s’attache, multiple, par les diverses raisons de son attachement. […] C’étaient mêmes idées, mêmes principes, mêmes habitudes ; dans toutes une vie régulière et décente, des mœurs chastes, un esprit orné, une raison cultivée, également opposée aux mœurs de la cour, à la pédanterie des précieuses outrées, et à la dévotion feinte ou réelle qui était le refuge de la galanterie repentante ou répudiée. […] Ce fut un témoignage de l’honnêteté de mœurs, de la sagesse d’esprit, de la pureté de principes et de goût qui régnaient dans cette société, de la considération qu’y avait acquise madame Scarron, et du fonds de raison qui caractérisait Louis XIV. […] Tous les biographes81 s’accordent, avec raison, à dire, d’après la correspondance de madame de Maintenon, que, « parvenue aux grandeurs, elle se trouva si importunée des respects que son nouvel état inspirait au directeur, qu’elle crut devoir donner sa confiance à un autre ».

593. (1761) Apologie de l’étude

En effet, s’ils trouvaient aujourd’hui dans un livre, sans nom d’auteur, que les lettres ne guérissent de rien, qu’elles ne nous apprennent point à vivre, mais à disputer ; que la raison est un mauvais présent fait à l’homme ; que depuis que les savants ont paru, on ne voit plus de gens de bien ; ils ne manqueraient pas d’attribuer cette satire de l’esprit et des talents à quelque déclamateur moderne, ami des paradoxes et des sophismes ; l’antiquité, diront-ils, était trop sage pour penser de la sorte, et encore moins pour l’écrire. […] La raison l’admire sans lui céder ; elle s’en amuse et s’en défie. Éclairés par cette raison froide, mais équitable, écoutons-la dans le silence. […] Sans des lumières supérieures à la raison, qui ont servi plus d’une fois à consoler mon ignorance, aucun livre n’aurait pu m’apprendre ce que je suis, d’où je viens et où je dois aller ; et je dirais de moi-même, jeté comme au hasard dans cet univers, ce que le doge de Gênes disait de Versailles ; ce qui m’étonne le plus ici, c’est de m’y voir. […] Peut-être auriez-vous raison de vous plaindre de l’incertitude de l’histoire, si elle ne devait pas être autre chose pour un philosophe que la connaissance aride des faits.

594. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Il sentait depuis longtemps que sa raison l’abandonnerait. […] C’est que j’ai cru utile pour diverses raisons que le monde fût informé aussitôt que possible des mérites de Son Excellence. […] —  Mais voici la plus forte des raisons ; celle-là est tout à fait invincible. […] Il flagelle la raison après la science, et ne laisse rien subsister de tout l’esprit humain. […] Il faut ôter cette apparence de raison dont nous nous affublons.

595. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Le Tellier, ce seroit une raison assez forte pour l’ôter de sa place. […] On ne décidera point s’il eut tort ou raison de changer à leur égard. […] Ses écrits sont-ils dénués de force & de raison ? […] On craignoit avec raison qu’elle ne prît racine en France. […] Chaque sçavant se fondoit en raisons pour donner tort à son adversaire.

596. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

La Providence n’a pas permis que le philosophe de la raison pure servît de texte aux erreurs de la mémoire ou aux écarts de l’imagination populaire. […] Le parti des hiérophantes, qui accusait Aristote de chercher la foi dans la raison pieuse, se souvint que cette même accusation avait fait mourir Socrate. […] Il cherche à relever le sophisme par la raison, mais il ne peut, malgré son génie, prévaloir sur l’égalité divine. […] L’être qui commande doit avoir la vertu morale dans toute sa perfection ; sa tâche est absolument celle de l’architecte qui ordonne, et l’architecte, ici, c’est la raison. […] Aux prétentions de ceux qui revendiquent l’autorité pour leur mérite ou pour leur fortune, la multitude pourrait opposer d’excellentes raisons.

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