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564. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Ne sauras-tu donc pas te mettre à la raison, Servius, et te souvenir que tu es né homme ! […] Ce livre, commencé par le spectacle des ruines de Palmyre, aboutit à un Catéchisme de la loi naturelle annoncé dans le dernier chapitre, et publié ou promulgué deux ans plus tard, en 1793 : « Maintenant que le genre humain grandit, observe l’auteur, il est temps de lui parler raison. » La morale y est présentée comme « une science physique et géométrique, soumise aux règles et au calcul des autres sciences exactes ». […] Dans le cours d’histoire qu’il professa aux Écoles normales après la Terreur (1795), s’élevant avec raison contre l’abus qu’on a fait des études grecques et romaines, il va pourtant jusqu’à l’excès quand il dit : Oui, plus j’ai étudié l’Antiquité et ses gouvernements si vantés, plus j’ai conçu que celui des Mamelouks d’Égypte et du dey d’Alger ne différaient point essentiellement de ceux de Sparte et de Rome, et qu’il ne manque à ces Grecs et à ces Romains tant prônés que le nom de Huns et de Vandales pour nous en retracer tous les caractères. […] cessons d’admirer les anciens qui nous ont peu appris en morale et rien en économie politique, seuls résultats vraiment utiles de l’histoire. » Il définit le gouvernement « une banque d’assurance, à la conservation de laquelle chacun est intéressé, en raison des actions qu’il y possède, et que ceux qui n’y en ont aucune peuvent désirer naturellement de briser ». […] Volney, dans sa défense, ajoute avec plus de raison, en faisant allusion aux variations de croyances dont le docteur Priestley savait quelque chose : Si, comme il est vrai, l’expérience d’autrui et la nôtre nous apprennent chaque jour que ce qui nous a paru vrai dans un temps nous semble ensuite prouvé faux dans un autre, comment pouvons-nous attribuer à nos jugements cette confiance aveugle et présomptueuse qui poursuit de tant de haine ceux d’autrui ?

565. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Ainsi, après avoir fait voir que le latin est plus propre à faire des images que le françois, à cause de sa brieveté et de l’inversion, je montrerai encore par plusieurs raisons que celui qui compose des vers en langue latine a des facilitez pour faire des vers nombreux et harmonieux, que n’a point celui qui compose des vers en langue françoise. […] Non seulement le latin est plus avantageux que le françois par rapport à la poësie du stile ; mais il est encore infiniment plus propre que le françois pour réussir dans la mécanique de la poësie, et cela par quatre raisons. […] J’ai donc eu raison de dire que la pluspart des mots latins sont plus beaux que la pluspart des mots françois, même en examinant les mots en tant que signes de nos idées. […] C’est ma premiere raison pour soutenir que la langue latine est plus avantageuse à la poësie que la langue françoise. Ma seconde raison est tirée de la syntaxe de ces deux langues.

566. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

. — Mais, que les progrès des aspirations démocratiques aient contribué ou doivent contribuer un jour à la décroissance de la population, est-ce une raison pour que l’accroissement de la population ne contribue pas aux progrès de la démocratie ? […] Ainsi, le grand nombre même des individus agglomérés dans les vastes groupements modernes serait une raison pour que chacun d’eux se sentit porté à se poser comme « fin en soi ». […] Les villes, en ce sens, passent à juste raison pour des fabriques d’irrespect. […] On a donc raison de dire que dans les foyers de la vie moderne où tant d’individus se pressent, « le respect s’en va » si l’on entend par là que l’habitude de voir tant d’hommes de près contrarie l’habitude de respecter a priori certaines classes. […] En ce sens, Gambetta avait raison de célébrer les vertus républicaines de la locomotive.

567. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Les modernes, qu’on eût pu leur opposer avec raison, furent ceux qui se déclarèrent le plus fortement pour l’antiquité. […] Les défenseurs de Perrault faisoient tout le contraire, & n’avoient pas plus raison. […] Il s’y justifie d’ignorer le Grec, par la raison qu’il a cru devoir connoître Homère d’après madame Dacier. […] Les raisons qu’on apportoit en faveur des livres d’amusement étoient assez plausibles. […] Sur les raisons de M. le chevalier de Mouhi, on voit que ce n’est pas absolument la plus mauvaise cause qu’il ait soutenue.

568. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Ces spectacles, qui nous paroissent avec raison si ridicules & si contraires au goût, n’étoient pas tels aux yeux de nos Ancêtres. […] Dans ce combat inégal, La Motte fut terrassé par de bonnes raisons & par d’excellens vers. […] Mais ce qui est recherché, détourné, hors de la droite raison, voilà ce qu’on admire aujourd’hui »(*) . […] Quelques Censeurs trop sévères auroient même voulu le proscrire du Théâtre : peut-être avoient-ils raison. […] Mais que peuvent le bon sens & la raison contre l’enthousiasme, la folie, la mode & la nouveauté ?

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