Platon raconte que les statues de Dédale gesticulaient dans les ténèbres, étaient volontaires, et résistaient à leur maître, et qu’il fallait les attacher pour qu’elles ne s’en allassent pas. […] Son effarement de prophète était incontestable ; il avait évidemment vu ce qu’il racontait. […] crient les difformités meurtries, et ces cris, stupidement répétés par les rhétoriques, sont un bruit de gloire. — Le crime est égal de commettre ces choses ou de les raconter, disent Tillemont, Marc Muret, Garasse, etc., des niais, qui, comme Muret, sont parfois des drôles. […] Il alla raconter cela aux hommes. […] Les poëmes de l’Inde en particulier ont l’ampleur sinistre du possible rêvé par la démence ou raconté par le songe.
Voici le fait dans sa simplicité tel que me l’avait raconté Diderot et tel que je le racontai à Voltaire. […] Il raconte ce qu’il suppose, et l’on peut bien dire ce qu’il rêve. […] Il nous le raconte, comme toujours, avec une précision voulue dans le détail rebutant. […] Mais, après nous avoir raconté le fait, Jean-Jacques ajoute : « Pour moi, j’avais le cœur si ému, que je ne pus dire un seul mot. […] Il nous le raconte au livre IX des Confessions, abondamment et un peu confusément.
IV Il faut enfin que l’historien soit homme d’État, diplomate rompu par la théorie, et s’il se peut par la pratique, à toutes les questions intérieures ou extérieures qui intéressent la dignité, la grandeur honnête et la sécurité de son pays ; car, s’il ne connaît pas ces questions, comment les jugera-t-il bien ou mal servies ou desservies dans les actes diplomatiques, législatifs, militaires, des rois, des empereurs ou des ministres dont il raconte les actes ? […] Tacite aurait cessé d’être Tacite, il aurait brisé sa plume, puisqu’on lui commandait de briser son cœur, sa conscience, son jugement sur le monde romain qu’il raconte, et, à la place du plus éloquent et du plus coloré des historiens, le monde n’aurait eu qu’un nomenclateur technique, un miroir inerte, qui n’aurait pas même eu le droit de haïr la tyrannie, la démence, la servilité, la boue et le sang qu’il aurait réfléchis dans sa métallique et immorale limpidité d’intelligence. […] Thiers va de lui-même au-devant de ce reproche dans cette belle page de son premier livre : « C’est, dit-il, cette partie de notre histoire contemporaine que je vais raconter aujourd’hui. […] Il raconte avec la plus amusante péripétie de dialogue la lutte inégale entre le fait et le rêve, entre le héros et le logicien. […] Il ressuscite pour l’éternité tout ce qu’il raconte.
… Hier, pendant que Hérédia me racontait sa dernière entrevue avec Taine — son fiacre attendant à la porte, pour le mener chez lui — Taine mourait. […] Comme il est question de Vigny, de son grand caractère, Daudet faisant allusion à sa pièce, le Loup, raconte qu’il était mort un peu à la façon de son loup, gardant un mutisme effrayant dans d’affreuses douleurs. […] Le jeune Philippe Sichel racontait, qu’il avait disséqué le matin, une jambe de frotteur, la jambe sur laquelle il posait, dont toutes les veines étaient variqueuses, et avec des varices, comme jamais on n’en avait vu. […] Mme Daudet racontait alors, que veillant son fils, menacé d’une fièvre typhoïde, elle avait le sentiment que le monde surnaturel, dont elle se voyait séparée, comme par un cristal ondulé, s’ouvrait et laissait sa grand’mère s’approcher d’elle, — d’elle, qui toute frissonnante, le bras étendu, criait : « Non ! […] » Le hasard fait, que les exécutions, racontées hier, par Céard, reviennent dans la conversation, et Schwob décrit l’exécution d’Eyraud, qu’il a vue.
Dans ce livre, le poète nous confesse, avec une intensité douloureuse, les troubles d’un cœur désemparé, au lendemain de la grande déception d’amour à demi racontée dans Édel.