Et ces scènes, il nous les raconte, il nous les décrit avec le détail des conversations, des promenades, des discussions de tout genre qui s’y agitent entre divers interlocuteurs. […] On m’a raconté que David, le grand chef d’école, sinon le grand peintre, ne parlait de Diderot qu’avec reconnaissance. […] Le président de Brosses, dans des lettres écrites de Paris (1754), raconte comment il fit la connaissance de Diderot par l’entremise de Buffon : « Je veux connaître, disait-il, cette furieuse tête métaphysique » ; et quand il l’a vu, il ajoute : « C’est un gentil garçon, bien doux, bien aimable, grand philosophe, fort raisonneur, mais faiseur de digressions perpétuelles.
Buffon s’amusait fort de cette statue incolore et glacée, et quand Condillac vint lui demander sa voix pour l’Académie française, on raconte qu’il l’accueillit gaiement, lui promit ce qu’il voulait, et lui dit en l’embrassant : « Vous avez fait parler une statue, et moi l’homme, je vous embrasse parce que vous avez encore de la chaleur, mais, mon cher abbé, votre statue n’en a point. » Le quatrième volume de l’Histoire naturelle parut en 1753. […] Ici, dans les Époques, il raconte et décrit en sept tableaux les révolutions du globe terrestre, depuis le moment où il le suppose fluide jusqu’à celui où l’homme y apparaît pour régner. […] Cette précaution une fois prise, il raconte avec une suite, une précision et un sentiment de réalité qui étonne et fait illusion à la fois, ces scènes immenses et terribles de débrouillement, ces spectacles effroyables, et qui n’eurent point de spectateur humain.
En effet, le jeune Marigni, pour exalter les Templiers et faire admirer leur vertu, raconte devant le roi que, dans les murs d’une ville assiégée, une troupe de Templiers, ne pouvant résister à des forces supérieures, se rendit aux musulmans ; le vainqueur veut les faire abjurer, il les insulte, il les menace, rien n’y fait : Intrépides encor dans ce nouveau danger. […] Il en était fort content, et aimait à raconter comment il l’avait trouvé : « Eh ! […] Les traits piquants qu’on pourrait raconter à son sujet seraient nombreux, et il faudrait être un Fontenelle pour les présenter avec la discrétion qui sied.
L’auteur ne se pique point d’être un politique ni un historien : c’est une femme qui raconte ce qu’elle a été à même de voir par ses yeux ou d’apprendre des personnes les mieux informées. […] Les premières scènes de la Fronde sont racontées par elle de manière à ne point pâlir, même à côté des récits du cardinal de Retz. […] On voit que c’eût été une royaliste assez libérale que Mme de Motteville ; mais cette femme d’esprit et de sens, qui assiste à ces scènes terribles, et qui les raconte, n’est pas dupe des grands mots, ni des apparences ; elle y mêle de ces remarques qui honorent l’historien, et que les politiques ne désavoueraient pas : « Quand les sujets se révoltent, dit-elle, ils y sont poussés par des causes qu’ils ignorent, et, pour l’ordinaire, ce qu’ils demandent n’est pas ce qu’il faut pour les apaiser. » Elle nous montre ces magistrats mêmes, qui avaient été les premiers à émouvoir le peuple, s’étonnant bientôt de le voir se retourner contre eux et ne les pas respecter : « Ils se reconnaissaient la cause de ces désordres, et n’y auraient pu remédier s’ils avaient voulu l’entreprendre ; car, quand le peuple se mêle d’ordonner, il n’y a plus de maître, et chacun en son particulier le veut être. » Rentrons un peu en nous-mêmes, et demandons-nous si ce n’est pas là encore notre histoire.
Et ce fait, j’en garantis l’authenticité, car il m’a été raconté par une dame fort intelligente, dont la parole m’inspire une confiance absolue. […] Vous avez entendu parler des noyés et des pendus qui racontent, une fois rappelés à la vie, comment ils ont eu la vision panoramique, pendant un instant, de la totalité de leur passé. […] Ils seraient venus raconter ce qu’ils avaient vu.