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281. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

L’Essai sur l’inégalité des races. […] Autrement dit, l’unique facteur historique, c’est la race. […] La race supérieure, c’est la race aryenne, qui l’emporte non seulement, bien entendu, sur les jaunes et les noirs, mais sur les autres races blanches, sémites et chamites. […] Mais les amalgames ont produit des équivalents de races, des races historiques. […] L’éternelle question des races n’est même pas posée.

282. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — À présent, de l’individu, passez à la race ; c’est l’inverse qui arrive ; sans doute ici, les caractères communs sont beaucoup plus répandus dans l’espace et durent bien davantage dans le temps, puisqu’ils se rencontrent dans un nombre indéfini d’individus contemporains et se répètent à travers un nombre indéfini de générations successives. Mais, en revanche, ils sont eux-mêmes beaucoup moins nombreux, puisque forcément tous les traits qui distinguaient chaque individu des autres ont été laissés de côté et puisque le type général obtenu par ce retranchement n’est qu’un reste. — Même observation si, de la race ou variété, c’est-à-dire du nègre ou de l’Indo-Européen, on passe à l’espèce, c’est-à-dire à l’homme. — Continuez et suivez les classifications de l’histoire naturelle de l’espèce au genre, puis à la famille, puis à l’ordre, jusqu’à l’embranchement et au règne. […] Si dans ce faisceau on omet tous les traits personnels, le reliquat est la race, c’est-à-dire un caractère présent dans cet individu et dans beaucoup d’autres. Un extrait de ce reliquat est l’espèce, c’est-à-dire un caractère présent dans plusieurs races. […] Et cependant elles ont un trait commun ; grâce à cette communauté, le nom évoqué par la première l’a été aussi par la seconde, et désormais il correspond à un caractère très général et très abstrait. — Tout ce qui distingue l’homme de l’animal, les races intelligentes des races bornées, les esprits compréhensifs et délicats des esprits vulgaires, se ramène à cette faculté de saisir des analogies plus fines, à cette contagion par laquelle le nom d’un individu s’attache à un individu plus différent, à la propriété qu’ont des représentations ou perceptions plus dissemblables d’évoquer mentalement le même nom.

283. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Un musicastre, un crin-crin, le dernier des vivants, l’opprobre de la race humaine ; je te l’accorde — et j’ajouterai même que, si tu daignes m’écouter, le sens de ce que je vais t’annoncer t’échappera fort probablement : — car, nul n’entend, ici bas, que ce qu’il peut reconnaître — et toi, tu es un désert où le son même du tonnerre s’éteindrait dans la stérilité de l’espace. […] Ces hommes, figure-toi, sont les révélateurs de la mystérieuse Harmonie, à la race humaine. […] Oui, les plus grands, les plus augustes, les plus puissants de notre race, — en plein siècle de lumières, pour me servir de ta suggestive expression, mon éternel ami, — seront fiers de réaliser, d’après mon désir, le rêve que je forme et que voici : L’heure viendra, d’abord, où les rois, les empereurs victorieux de l’Occident, les princes et les ducs militaires, oublieront, au fort de leurs victoires, les vieux chants de guerre de leurs pays, pour ne célébrer ces mêmes victoires immenses et terribles — (et ceci dans le cri fulgural de toutes les fanfares de leurs armées ! […] Beethoven est Allemand ; l’Esprit qui anime son œuvre est l’Esprit même de la race Allemande. […] L’Evocation d’Erdabb Souillées par l’Or — (l’anneau du Nibelung), — les trois antiques races périront, les Dieux, les Géants, et les Nains ; et le monde passera à la race nouvelle, innocente, des Hommes.

284. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Il a poussé à l’extrême — car il est de l’espèce des génies excessifs — toutes les qualités et tous les défauts d’une race qui, après avoir écrit le premier Faust, croit devoir écrire le second, et à qui il ne faut pas moins de trois tragédies pour mettre en scène l’histoire de Wallenstein. […] De là l’indifférence à leur égard d’une grande partie de notre public : on applaudit sincèrement l’opérette, qui satisfait du moins un des besoins de notre race — le moins noble, il est vrai — et l’on n’estime que par bon ton des œuvres vraiment élevées, dont l’essence nous est étrangère. […] En agissant de la sorte, vous ferez œuvre véritablement nationale, et le public vous comprendra, car il retrouvera dans votre drame, issu du cœur même de la nation, la vie, l’enthousiasme, la gaîté, tout ce qui constitue la personnalité de la race française. […] Gardez-vous d’imiter, ai-je dit, tout ce qui, dans l’œuvre de Richard Wagner, constitue la spécialité de sa race et l’originalité de sa nature ; ne lui empruntez ni la couleur ni la qualité de sa mélodie, et gardez-vous de lui dérober, en ce qu’elles ont de créé par lui, ses harmonies et son instrumentation. […] Ce que, seul, l’œil du génie Allemand avait pu voir, ce que, seule, son oreille pouvait comprendre ; ce qui a conduit notre race, par la défensive la plus intime, jusque la plus irrésistible protestation contre toute domination extérieure, Beethoven lut tout cela, clair et significatif, en ce Livre Allemand, le plus sacré de tous ; et, lui-même, il devint un Mage sacré.

285. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Mais, dans quelques-unes des préférences de cette sorte, où ce qui représente le mieux le génie de notre race est mis au-dessous de ce qui le représente moins exactement, ne retrouverait-on pas la manie généreuse et bien française de faire bon marché de ce qui nous est propre pour embrasser ce qui porte un air extraordinaire ? Il est vrai qu’il est assez difficile de dire ce que c’est que le génie de notre race, cette race étant fort composite : on croit voir assez bien pourtant ce qui n’est décidément pas dans l’essence de ce génie. […] Cet homme qui, faisant à la Du Parc sa cour grondeuse, lui déclare superbement « qu’elle ne passera pour belle chez la race future qu’autant qu’il l’aura dit » (et qu’est-ce que cela pouvait bien faire à Marquise ?) […] On peut se lasser de tout, même du pittoresque, qui change avec le temps, mais le fond du théâtre de Racine est éternel ou, ce qui revient au même, contemporain du génie de notre race dans tout son développement, et la forme est celle qu’a revêtue ce génie à son moment le plus heureux.

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