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103. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Marie-Thérèse, par malheur, n’était plus seule à gouverner ; elle s’était donné pour associé et coadjuteur dans la souveraineté son fils l’empereur Joseph II, et si elle, au bout de son rôle, fatiguée des luttes, attentive au bonheur des peuples, occupée de l’établissement de ses nombreux enfants, n’aspirait plus qu’à maintenir les alliances et à éviter les chocs, lui, le jeune césar était ambitieux, dévoré d’activité, avide d’entreprises et ne redoutant pas les aventures. […] C’est alors que Frédéric avertissant à temps le duc des Deux-Ponts, héritier présomptif après l’Électeur palatin, et qui lui-même était près de céder, saisit le beau rôle, l’occasion propice qui s’offrait à lui, de prendre en main la cause des princes lésés, de soutenir les stipulations formelles, les articles du traité de Westphalie, qui réglaient ou confirmaient cette succession de Bavière, et de faire respecter les immunités, les libertés et les droits du Corps germanique. […] C’était le premier grand acte par lequel il traçait à la Prusse son rôle futur et posait sa prépondérance, son hégémonie rivale en face de l’Autriche. […] Il dut, avant tout, sonder la France, alliée de l’Autriche, pour s’assurer qu’elle n’épousait point la politique de Vienne ; et, de son côté, Marie-Thérèse, changeant un moment de rôle auprès de sa fille et passant du ton de mentor à celui de solliciteuse, essaya par elle de peser sur les déterminations de Louis XVI. […] Entraîner la France dans une guerre avec la Prusse eût été d’une politique insensée : la médiation était le seul rôle qui nous convînt.

104. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Les arrangements étaient pris, les rôles distribués : en même temps que Bonaparte s’embarquait pour l’Égypte, Talleyrand devait aller de sa personne négocier auprès de la Porte en qualité d’ambassadeur, pour appuyer de sa diplomatie l’expédition colonisatrice. […] Son rôle avait été des plus importants au 18 Brumaire, et il y coopéra autant et plus qu’aucun personnage civil. […] Talleyrand d’ailleurs employa toutes les ressources d’un esprit souple et insinuant pour se concilier un suffrage qu’il lui importait de captiver20. » Par son action et ses démarches auprès des principaux personnages en jeu, auprès des partants et des arrivants, Sieyès et Barras, par son habile entremise à Paris dans la journée du 18, par ses avis et sa présence à Saint-Cloud le 19 au moment décisif, par son sang-froid qu’il ne perdit pas un instant, il avait rendu les plus grands services à la cause consulaire : aussi, les Consuls à peine installés, il fut appelé au Luxembourg avec Rœderer et Volney, et « tous trois reçurent collectivement de Bonaparte, au nom de la patrie, des remerciements pour le zèle qu’ils avaient mis à faire réussir la nouvelle révolution21. » Une grande carrière commençait pour Talleyrand avec te siècle : c’est sa période la plus brillante, et une fois introduit sur la scène dans le premier rôle, il ne la quitta plus, même lorsqu’il parut s’éclipser et faire le mort par moments. […] Son bon sens, s’il eût été écouté alors, aurait sans doute été d’un grand contrepoids dans la balance des destinées, Un grave problème, et des plus tristes, qui, bon gré mal gré, se dresse devant nous un peu avant cette époque dans la vie de M. de Talleyrand, c’est la part qu’il aurait prise, non pas seulement une part de transmission et d’information ministérielle, mais un rôle d’instigation et d’initiative, à l’arrestation et à l’enlèvement du duc d’Enghien. […] Le rôle de Talleyrand dans cette affaire du duc d’Enghien mérite d’être examiné à part et de près : c’est ce que je ferai ultérieurement.

105. (1890) L’avenir de la science « XI »

C’est en effet mal comprendre le rôle et la nature des langues classiques que de donner à cette dénomination un sens absolu, et de la restreindre à un ou deux idiomes, comme si c’était par un privilège essentiel et résultant de leur nature qu’ils fussent prédestinés à être l’instrument d’éducation de tous les peuples. […] Son rôle, pour être changé, n’en est pas moins remarquable. […] C’est un fait encore que, chez les nations peu avancées, tout l’ordre intellectuel est confié à cette langue, et que, chez les peuples où une activité intellectuelle plus énergique s’est créé un nouvel instrument mieux adapté à ses besoins, la langue antique conserve un rôle grave et religieux, celui de faire l’éducation de la pensée et de l’initier aux choses de l’esprit.

106. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Le poète fut curieux de voir comment Le Kain jouait son rôle, et l’invita à le réciter devant toute la compagnie. […] Il est probable que Le Kain outra d’abord le rôle de Gengiskan, et que depuis il y mit plus de vérité et de profondeur. […] Le seigneur châtelain y joua lui-même le rôle d’Argire ; et Clairon-Denis, celui d’Aménaïde. […] que madame Denis a joué supérieurement les trois quarts de son rôle ! […] La pièce est si froide, si peu intéressante, si éloignée des mœurs françaises, qu’on la jouait rarement : Le Kain disait qu’il n’avait jamais pu réchauffer son rôle.

107. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVIII » pp. 113-116

Ce qui est certain, c’est qu’il est parfaitement impropre à ce rôle. […] Dans la politique générale du monde, Rome me fait l’effet d’avoir désormais le rôle qu’a eu en France le ministère du cardinal Fleury : Et le garda jusqu’à nonante !

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