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8. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Charles Didier n’est, en effet, qu’un faiseur de nouvelles qui a voulu relier des récits divers les uns aux autres dans l’encadrement d’une forme romanesque déterminée, mais ce qu’il a trouvé est, en vérité, par trop facile et par trop chétif. Je sais bien que les grands faiseurs de nouvelles, que ce Boccace, qu’il a osé rappeler, que le Bandello, que Cervantès, se sont toujours montrés assez indifférents à la manière dont ils amenaient leurs récits, ne se préoccupant que de l’intérêt du récit même ; mais au dix-neuvième siècle, avec les accroissements que le temps apporte aux littératures, il n’est plus permis de faire si bon marché des nécessités de la composition, devenues de plus en plus impérieuses. […] Un livre de récits qui se suivent n’est point un collier, quoique, même dans un collier, le fil qui passe à travers les perles doive être tout ensemble solide et fin… Ou M.  […] Il rit, il plaisante, il interrompt ses récits, aux moments les plus pathétiques, par de la causerie, par un dialogue qui veut étinceler, qui veut retentir, qui veut couper. […] Il a aimé la sœur de la femme qu’il devait épouser, et cet amour adultère, admirablement raconté, est, de sentiment et de circonstance, un des récits les plus poignants et les plus attendrissants tour à tour.

9. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Le récit en est pathétique. […] Ce qu’il faut chercher dans les récits de Villehardouin, c’est donc la franchise du chevalier et la simplicité du chrétien. […] Daunou ; de là ce récit d’une clarté si égale et si soutenue, que le tour de la phrase y fait deviner le sens des mots. […] Son récit l’amène-t-il à parler des Bédouins ? […] Ils perdirent le secret des charmants récits de Froissart, et n’eurent pas la haute raison de Comines.

10. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

On peut le croire, car il manque dans tous les récits italiens et aussi dans les plus anciens textes allemands. […] Les récits relatifs à l’immortalité de saint Jean sont connus. […] Le récit qu’on met dans sa bouche n’a dû paraître qu’après sa mort, et c’est bien à tort sans doute qu’on a invoqué, pour attester la réalité de ce récit, l’autorité de son nom, alléguée par un audacieux nouvelliste. […] On ne peut distinguer ce qui est traditionnel et inventé dans ce récit, d’ailleurs d’une grande platitude. […] Dans le récit d’Ibn Ghisdai (d’après l’indication de M. 

11. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Ses livres (si on peut dire ses livres) sont les récits de ses Visions, écrites sous la dictée de ses extases. […] … C’était le récit de la douloureuse Passion, d’après les visions de la sœur… Certes ! […] Or, c’est ce récit qui a été traduit en France et traduit le premier. […] Intensité de la couleur, mais intensité fulgurante, netteté coupante des lignes du dessin, inattendu et délié du détail, se dentelant et se détachant dans la transparence du récit, comme se dentellent et se détachent les rebords déchiquetés d’un édifice délicat et hardi dans la transparence de l’éther : voilà ce qui frappe d’abord dans les récits de cette visionnaire à l’œil perçant et clair qui a de l’aigle et du lynx, qui y voit grand, qui y voit petit, qui y voit pur, qui y voit tout ! […] Lisez en effet tous ces récits de la sœur Emmerich, et entre tous, ce splendide et angoissant récit de la Passion, suivie d’heure en heure, de minute en minute, sans rien oublier ; et voyez si la sublimité de l’Évangile a éteint les couleurs de ce récit et diminué son effet déchirant et profond !

12. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Notre récit fait les prémisses, le précepte est la conclusion, et le conte tout entier n’est qu’un sermon. […] Nous pourrons alors entrer dans le récit, en tailler toutes les parties, émonder le luxe littéraire. […] Descriptions, récits, dialogues, nous abrégerons tout, pour courir plus vite à la morale. […] Puisqu’il y a dans l’apologue la maxime qui conclut, et le récit qui prouve, il faudra changer à la fois le récit et la maxime. […] Il sera lui-même ému ou amusé par son récit, et sa parole reprendra un accent.

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