Aujourd’hui ce combat est très célèbre par sa singularité, par l’éloquence, avec laquelle Tite-Live le raconte, et par l’étonnant génie de Corneille, qui a mis en action le récit de Tite-Live. […] C’est-à-dire : « Lorsque le poète a formé le dessein de se consacrer au théâtre, il s’est imaginé qu’il aurait atteint son but si ses pièces pouvaient plaire au peuple. » Nous venons de voir comment le cardinal avait ennobli le but de l’art dramatique en le réduisant à la seule fonction de divertir son éminence ; Corneille va maintenant nous apprendre comment le même cardinal facilitait aux poètes de son temps les connaissances de l’art : « Vous nous avez, dit-il, facilité les connaissances, puisque nous n’avons plus besoin d’autre étude pour les acquérir que d’attacher nos yeux sur votre éminence, quand elle honore de sa présence et de son attention le récit de nos poèmes : c’est là que, lisant sur son visage ce qui lui plaît et ce qui ne lui plaît pas, nous nous instruisons avec certitude de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, et tirons des règles infaillibles de ce qu’il faut suivre et de ce qu’il faut éviter ; c’est là que j’ai souvent appris en deux heures ce que mes livres n’eussent pu m’apprendre en dix ans ; c’est là que j’ai puisé ce qui m’a valu l’applaudissement du public, et c’est là qu’avec votre faveur j’espère puiser assez pour être un jour un œuvre digne de vos mains. » Ainsi le visage du cardinal était une source d’instruction plus féconde pour les auteurs dramatiques que toute la poétique d’Aristote : c’était un moyen de s’instruire très commode et très court ; et l’on peut s’étonner qu’avec cette facilité, ceux qui approchaient le plus du cardinal soient précisément ceux qui ont écrit les plus grandes sottises. […] On dira peut-être : Auguste n’est-il pas avili par ce récit pathétique des crimes que lui a coûté son ambition, par cette éloquente description des massacres dont il a souillé les premiers degrés de son trône ?
Parut ensuite, sous ce titre Jadis et Naguère, un recueil de poèmes plus anciens où s’entremêlent des récits burinés comme des eaux-fortes, des évocations de villes et de campagnes tout imprégnées d’un sourd malaise : Despotique, pesant, incolore, l’Été, Comme un roi fainéant présidant un supplice S’étire par l’ardeur blanche du ciel complice Et bâille. […] Si l’on trouve de magnifiques tableaux comme celui du pèlerinage aux pieds du pape, où l’hystérie religieuse est notée magistralement (p 264-270), comme aussi le récit de l’entrevue de Léon XIII et de l’abbé Pierre, d’un grand effet et d’une émotion poignante (p. 614-645), comme enfin la mort dramatique de Dario et de Benedetta (p. 566-595), bien des landes arides restent à traverser. […] Cette description est à coup sûr un morceau de maître digne de prendre place à côté de l’incomparable récit de guerre qui termine le Mystère des Foules. […] Qu’un prosateur aie à faire un récit, il s’attachera à la description, il notera une foule de détails caractéristiques — il expliquera.
C’est ainsi, pour prendre un exemple saillant et qui se rapporte à un autre de ses livres, que sur André Chénier et sur sa prison à Saint-Lazare, tout le récit qu’on lui en avait fait se transforma.
Elle y travailla par ses conseils et son active entremise ; et sur ce point la méfiance du pauvre Rousseau perce sourdement dans la fin du récit.
Les mœurs étranges de Venise sont peintes, dans ce récit de d’Aponte, en traits de Molière et de Pétrone.