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332. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

C’étaient là du moins des réalités indiscutables et combien significatives ! […] Mais les énergies frémissantes du jeune homme sont elles-mêmes une réalité. […] Il est vrai aussi dans le domaine des réalités naturelles. […] Vous avez, tous les deux, donné un involontaire coup de pouce à la réalité. […] Elle risque de dépersonnaliser l’esprit, en substituant l’image de la vie à la vie même, l’expression de la réalité à cette réalité.

333. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Gustave Flaubert des autres observateurs plus ou moins exacts qui, de nos jours, se piquent de rendre en conscience la seule réalité, et qui parfois y réussissent ; il a le style. […] Un livre, après tout, n’est pas et ne saurait jamais être la réalité même. […] Il faudrait peu de chose, à certains moments de ces situations, pour que l’idéal s’ajoutât à la réalité, pour que le personnage s’achevât et se réparât en quelque sorte.

334. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Tandis que l’autre, étude directe et scientifique de la réalité, demeure hautaine, spécialisée, serrée, véritablement documentaire. […] Je crois ne m’être pas trop éloigné de la réalité dans cette description : au moins ai-je fait tous mes efforts pour y atteindre. […] Il a eu beau emprunter à ce qu’il a vu ou à ce qu’il a lu bien des traits exacts en eux-mêmes, ces traits rapprochés les uns des autres ne font pas un tout réel ; sans doute, chacun d’eux peut être observé isolément dans la réalité, mais leur réunion est disparate et choquante.

335. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

J’en rencontre quelquefois le mot, et il y a un grand débat entre les réalistes et les nominaux, pour savoir si l’humanité est une réalité ou un nom, une abstraction réalisée ou une commodité de la parole. […] L’humanité est la matière de toute la dispute ; mais pendant qu’on examine si c’est une réalité ou si ce n’est qu’un jeu de langage, personne n’en étudie le fond. […] La foi du théologien transporte saint Bernard si loin et si au-dessus de la vie, qu’il néglige ces indications si lumineuses ; et quand il se rencontre dans les livres saints quelques fortes peintures ou des récits attachants de la vie, il les tourne à la figure, comme pour mettre une ombre mystique entre la réalité et lui.

336. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Je n’insiste sur cette phrase de début, qui a frappé beaucoup de personnes, que pour montrer qu’on ne saurait raisonnablement attendre de l’historien-poète un grand scrupule d’exactitude sur ces points de détail et d’humble réalité. Quand la réalité le gêne, il la plie légèrement au besoin de la phrase et de l’harmonie. […] Même en forçant et en gâtant sa manière, il n’a pas atteint à la réalité de ce qu’il voulait peindre, ou il l’a dépassée.

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