On y admirera de hautes et mélancoliques pensées, de douces effusions du cœur, un noble et pur souci de l’art et, parfois, une ironie pleine de grâce et de légèreté.
Le sort plein d’injustice, M’ayant enfin rendu Ce reste, un pur supplice ; Je serois plus heureux, si je l’avois perdu.
De plus, le style en est pur, coulant, noble, quelquefois élégant, mais peu précis.
Nous connoissons de lui un Poëme de trois cents Vers, intitulé le Temple de la Mort, où l’harmonie se fait sentir autant que la verve, & où le langage est beaucoup plus pur que dans la plupart des Ouvrages de son temps & même de celui-ci ; ce qui prouve qu’il avoit du génie, & qu’il auroit pu porter plus loin la perfection de ses talens, si la mort n’eût abrégé sa carriere.
C’est ainsi qu’il a écrit son Histoire de Venise, où il compare en ces termes, cette République à celle de Gênes : « C’étoient comme deux tourbillons qui, gênés l’un par l’autre dans leur rencontre, menaçoient incessamment de s’absorber l’un & l’autre par des forces incompatibles de leur expansion ; dominant l’un & l’autre sur deux mers opposées, l’endroit où elles se réunissent étoit pour eux un centre de concurrence, où ils ne portoient qu’une détermination décidée à se croiser. » Ce galimatias n’est-il pas du Diderot tout pur ?