On sentait en l’écoutant que c’était l’homme qui parlerait le mieux à l’oreille de toutes les puissances, peuples, tribuns, femmes, empereurs, rois. […] C’est la puissance de l’inconnu, c’est l’attrait de l’énigme pour les hommes, qui aiment à deviner. […] Pour la reconstruire, il faudrait anéantir les trois plus grandes puissances de l’Europe, et, quand vous l’auriez reconstruite, il faudrait la soutenir tous les jours. […] C’était l’axiome de la diplomatie ; il forçait la conviction des puissances : une acclamation l’adopta. […] La révolution de Belgique démantelait donc l’Angleterre et les puissances du Nord de leurs principales fortifications contre les ambitions de la France.
Comment concilier avec la socialisation de la culture, avec la démocratisation et l’égalisation des valeurs l’instinct qui porte les individualités à se différencier et à étendre sur autrui leur volonté de puissance ? […] Cet idéal économique est subordonné à un idéal esthétique de grandeur et de puissance humaine. […] Un idéal nouveau : celui de l’accroissement de la puissance collective de l’humanité sur la nature se substitue à l’idéal ancien de la volonté de puissance individuelle s’exerçant sur autrui et contre autrui. […] Mais l’idéal nouveau fera-t-il disparaître entièrement l’ancien idéal du gain égoïste et de la puissance égoïste ? […] Nietzsche, La Volonté de puissance, t.
Il fallait qu’il appuyât sa puissance sur une sorte d’assentiment public, dont sa volonté sans doute était le premier mobile, mais qui se montrait souvent indépendamment de sa volonté. Les liens délicats, les préjugés maniés avec art, formaient les rapports des premiers sujets avec leur maître : ces rapports exigeaient une grande finesse dans l’esprit ; il fallait de la grâce dans le monarque, ou tout au moins dans les dépositaires de sa puissance ; il fallait du goût et de la délicatesse dans le choix des faveurs et des favoris, pour que l’on n’aperçût ni le commencement, ni les limites de la puissance royale. […] Le ridicule est, à beaucoup d’égards, une puissance aristocratique ; plus il y a de rangs dans la société, plus il existe de rapports convenus entre ces rangs, et plus l’on est obligé de les connaître et de les respecter. […] Les hommes qui composent ces premières classes, disposant de toutes les faveurs de l’état, exercent nécessairement un grand empire sur l’opinion publique ; car à l’exception de quelques circonstances très rares, la puissance est de bon goût, le crédit a de la grâce, et les heureux sont aimés. […] L’influence des femmes est nécessairement très grande, lorsque tous les événements se passent dans les salons, et que tous les caractères se montrent par les paroles ; dans un tel état de choses, les femmes sont une puissance, et l’on cultive ce qui leur plaît.
. — Sous toutes ces formes et dans tous ces usages, elle apparaît comme une puissance régulatrice et organisatrice des instincts, des sentiments et des idées, comme le principe directeur de la vie, le guide de la conduite, comme la manifestation la plus haute de la personnalité. […] La volonté de l’égoïste n’est accessible qu’à des motifs d’ordre utilitaire ; la volonté de l’ambitieux n’est accessible qu’à des motifs tirés de l’appétit de puissance. […] Les racines du sentiment de puissance individuelle sont en grande partie physiologiques, c’est-à-dire présociales. […] C’est elle qui différencie ce sentiment de puissance en l’appliquant chez les différents individus à des objets différents. […] La volonté de l’individu aspire à la diversité, à la puissance, à l’indépendance ; la société s’efforce de réprimer ce triple effort de la volonté individuelle35.
Il voit, lui, darwiniste allemand, darwiniste d’un pays victorieux et d’une période glorieusement expansive, la lutte se livrer « partout autour de la prépondérance, de la croissance, du développement de la puissance, conformément à la volonté de puissance qui est précisément la volonté de vie ». […] Nietzsche, ayant trouvé dans l’hégélianisme et le darwinisme les bornes de sa puissance destructive, se met à reconstruire. […] Il découvre que « beaucoup de forces qui nous dominaient et nous émerveillaient ne sont que des portions mal connues de notre propre puissance ». « Notre propre puissance », quoiqu’il la désigne souvent par le mot « cœur », il la voit, en réalité, plus profonde et plus secrète. […] Les plus grands et les plus originaux des philosophes allemands furent professeurs en quelque université ; en France, connaissez-vous un professeur qui ait la puissance de penser ou le courage de ne point répéter ?