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579. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

D’ailleurs, comme nous l’avons déja dit, c’est souvent sur la foi d’autrui que les hommes adoptent le systême qu’ils enseignent ensuite, et la voix publique qui s’explique en sa faveur, n’est ainsi composée que d’échos répetans ce qu’ils ont entendu. […] Quand Macrobe et Servius le commenterent ou l’expliquerent dans le quatriéme siecle, suivant l’opinion la plus probable, ils ne pouvoient gueres lui donner de plus grands éloges que ceux qu’il recevoit du public. […] C’est par l’impression qu’ils font sur les lecteurs que ce grand homme les définit, et le public qui en juge par la même voïe a toujours été de son avis. […] Le public est en possession de laisser discuter aux sçavans les raisonnemens qui concluent contre son expérience, et de s’en tenir à ce qu’il sçait certainement par voïe de sentiment.

580. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Mais ce que veut le destin, ni les augures ni les cérémonies saintes ne le détourneront. » D’autres traits épars dans les poésies de Solon frappent sur les erreurs de la vie publique, l’avidité des citoyens à s’enrichir, l’injustice des chefs du peuple, le pillage des domaines sacrés et du trésor public, la corruption amenant l’esclavage qui ramène la sédition et réveille la guerre endormie. […] Solon, comme s’il eût prévu de quel appui et de quelle gloire Salamine serait un jour pour Athènes, vient, non pas comme un poëte, mais comme un malade dont l’esprit est troublé, sur la place publique ; et, bravant une loi tyrannique, il commence par ces paroles célèbres : Je viens, messager de l’aimable Salamine, avec le chant pour parure à mes paroles, en guise de harangue. » Et, sans être interrompu, il récite en cent vers un appel aux Athéniens, qui se terminait par ce cri de guerre75 : « Allons à Salamine combattre pour la possession de cette île aimable, ayant, chassé loin de nous le poids insupportable de la honte. » Jamais poésie n’eut tant d’empire : la loi est abrogée, la guerre décrétée et le poëte élu général. […] Une force publique pour la cité, pour le peuple entier, c’est un homme en avant sur le front du bataillon, n’ayant pas l’idée de la fuite honteuse et jetant au péril son courage et sa vie.

581. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

De quelle manière touchante il prévint encore, au printemps de 1859, dans les journaux, le public de tous les continents de s’abstenir désormais, au moment du déclin de ses jours, de ces nombreux envois de toutes sortes, de ces invitations à critiquer, à conseiller, à recommander les choses les plus hétérogènes ; enfin de ne pas regarder sa maison comme un comptoir public d’adresses ! […] La rue d’Oranienbourg fut interdite à la masse du public ; la plupart des maisons de cette rue étaient pavoisées de draperies de velours et de bannières de deuil. […] Beaucoup de ces billets étaient pleins de malice et d’allusions offensantes à ceux qu’il honorait en public et qu’il égratignait en secret. […] J’ai tâché d’oublier que les ouvrages longtemps attendus sont généralement ceux que le public accueille avec le moins d’indulgence. […] La rédaction d’un livre impose des obligations bien différentes de celles qu’entraîne l’exposition orale dans un cours public.

582. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 5-9

Après avoir tâché de se rendre utile au Public par des Ouvrages, tels qu’une Traduction de la Siphylis de Fracastor ; l’Histoire des Révolutions de l’Empire de Russie ; l’Histoire de Christine, Reine de Suede ; l’Abrégé chronologique de l’Histoire Ancienne, celui de l’Histoire du Nord ; le Dictionnaire portatif des Beaux-Arts, & la Poétique de M. de Voltaire ; de l’amour des Lettres, il est passé à celui de la Librairie. […] Panckoucke pourra prévenir les murmures des Gens de Lettres, donner de la vogue au Mercure, & réunir à l’estime qu’on doit à ses lumieres économiques & littéraires, l’avantage de contribuer, sans aucun reproche, à l’amusement & à l’utilité du Public.

583. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 368-371

C’est ce même amour de la Patrie qui lui a dicté tous les Discours qu’il a composés pour l’instruction de M. le Dauphin, aujourd’hui sur le Trône, tels que les Leçons * de Morale, de Politique & de Droit public, les Devoirs des Princes, réduits à un seul principe, &c. […] Moreau, pour répandre, dans les Sociétés, qu’il favorisoit le despotisme ; nous croyons devoir en citer ici quelques morceaux, qui suffiront pour prouver l’injustice de cette imputation, & convaincre de plus en plus le Public que la calomnie est l’arme favorite des faux Apôtres de l’humanité.

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