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700. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Que dans le domaine religieux le peuple ait subi jusqu’à un certain point la langue latine, de l’Église, cela est vraisemblable ; mais il ne faudrait rien exagérer ; les textes nommés ci-dessus prouvent la coexistence d’une poésie romane ; les soins des clercs nous ont conservé ces quelques textes, parce qu’ils sont de nature religieuse ; mais la poésie profane ? […] Cet élément clérical, Joseph Bédier vient de le prouver et de l’expliquer d’une façon lumineuse et rigoureuse, et j’estime qu’après ses travaux l’hypothèse d’une épopée antérieure à la fin du xie  siècle est définitivement écartée. — Reste donc à admettre pour la première période une floraison lyrique. […] Quoi qu’il en soit, la mode fût-elle prouvée, je n’en fais pas état ; la vogue du roman suffit à ma démonstration. […] Certes, c’est beaucoup, et cela suffit à prouver que la tragédie était viable malgré les défauts intrinsèques de sa forme ; pourtant, à côté de Corneille et Racine (qui sont des cas spéciaux, je le prouverai tout à l’heure), il n’y a rien, pas même des œuvres de valeur relative, rien que de la rhétorique. […] Pour l’épopée, toutes les recettes et tous les efforts aboutissent à un fiasco. — 3º le roman par contre, méprisé par les théoriciens, délaissé par les artistes purs, se développe en dépit de tous les obstacles ; il produit non seulement, en quantité, des œuvres de valeur relative, mais aussi de celles qu’on relit aujourd’hui avec plaisir ; il est le grand succès du siècle, et je pourrais le prouver par des textes nombreux.

701. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

. — Faut-il prouver tout d’abord que les mêmes caractères se retrouvent dans les phénomènes politiques et les phénomènes littéraires d’une même époque ? […] Je rassemble entre mille quelques faits qui le prouvent. […] Quand Alfred de Vigny dans Stello allègue l’exemple d’André Chénier pour prouver que le poète est malheureux dans un pays où le pouvoir est aux mains du peuple, il étend abusivement à un état social qui serait régulier et organisé ce qui a pu être vrai dans un moment de crise aiguë et de lutte désespérée. […] Un regard rapide jeté sur le siècle qui vient de s’écouler prouve déjà que, si l’on veut porter un jugement sérieux, il faut, comme toujours, opposer en un tableau bilatéral les pertes et les gains littéraires qu’on peut attribuer à l’orientation politique de la France nouvelle.

702. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Il n’y a plus de bourgeois, depuis que le bourgeois — ce qui prouve sa bonne volonté à devenir artistique, à l’égard des feuilletonistes — se sert lui-même de cette injure. […] Cela prouve tout simplement que c’est un artiste fort adroit et qui déploie une science très-apprise dans sa spécialité de vieilleries gothiques ou religieuses, un talent très-roué et très-décoratif. […] C’est bien, cela prouve que ces messieurs aiment le beau consciencieusement ; cela fait honneur à leur cœur. […] Ce qui prouve encore la puissance de M. 

703. (1739) Vie de Molière

Cette petite pièce des Précieuses faite en province, prouve assez que son auteur n’avait eu en vue que les ridicules des provinciales. […] On prouva que Molière n’avait connu la mère qu’après la naissance de cette fille. […] Ce peu d’empressement qu’on a d’un côté pour Le Misanthrope, et de l’autre la juste admiration qu’on a pour lui, prouve peut-être plus qu’on ne pense, que le public n’est point injuste. […] Mme Dacier, qui a fait honneur à son sexe par son érudition, et qui lui en eût fait davantage si avec la science des commentateurs elle n’en eût pas eu l’esprit, fit une dissertation pour prouver que l’Amphitryon de Plaute était fort au-dessus du moderne ; mais ayant ouï dire que Molière voulait faire une comédie des Femmes savantes, elle supprima sa dissertation.

704. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Cette pièce même, qui est sa meilleure, nous le prouve. […] c’est l’élément des bons esprits, il ne l’a pas suffisamment prouvé, et il a plutôt fait une solitude moitié naturelle, moitié de fantaisie, dans laquelle les objets ont tant soit peu dansé devant sa vue, et où si d’un côté il ôtait le masque à la nature, il lui en mettait un à l’autre joue.

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