On peut dire que son âme entra dans toutes les âmes et les fit vibrer à l’unisson de ses propres vibrations ! […] Il n’est guère possible, du reste, de trouver mauvais que M. de Lacretelle ait l’orgueil de l’amitié de Lamartine, et que d’avoir vécu dans l’intimité d’un tel homme n’ait pas grossi, à ses propres yeux, les proportions de son individualité.
Il est tellement pénétré, pour son propre compte, de tout ce que son devoir (qu’il nous permette d’écrire ce mot-là) serait de pousser vigoureusement dans l’esprit de ceux qui ne veulent pas comprendre, comme on pousse une épée dans le cœur de ceux contre qui on se bat et qui résistent, que, chose singulière et naturelle ! […] Et, type merveilleusement approprié de la politique à double sourire de sa maison, le bon et loyal Henri fut un finaud qui finit par se prendre dans sa propre finesse, car il est mort poignardé pour avoir voulu faire ce qui, plus tard, a perdu sa race, de la conciliation entre les partis et des fusions impossibles.
D’ordinaire, les poètes jeunes encore, les poètes aux pensées infinies, pour parler comme eux, ne s’enterrent pas de leurs propres mains dans ce titre solennel et un peu funéraire de Poésies complètes, qui implique la fin de leurs travaux et le dernier mot de leur manière ; mais un détail touchant de cette publication, c’est que Banville, quand il en eut l’idée, croyait mourir. […] L’inspiration, qui ne consiste pas à adorer Vénus Callipyge, quand les Olympiades sont finies, et à décalquer en vers propres les Hérodiades de Léonard de Vinci, le saisira-t-elle enfin de cette main qu’elle plonge aux entrailles ?
Ce sont, dans Virgile, ses propres sujets, les mêmes images. […] Tableaux, pensées, sentiments, il s’empare de tout, cherchant, poète français, à les vaincre, du moins à les égaler, sur leur propre terrain. […] Elle était si bien imitée, qu’en la lisant Rousseau resta confondu de reconnaître sa propre tournure d’esprit, ses idées et son style même. […] On peut exercer l’amplification sur une phrase d’un auteur ou sur ses propres phrases. […] C’est le parallèle de sa propre vie avec celle d’Eschine.
Mais, en outre, il était le seul qui eût du génie à ce moment-là, ou du moins qui eût un génie propre à charmer. […] Il est clair que, pour exprimer tout cela, son génie propre excelle, et son génie propre suffit. […] Il y façonnait sa propre figure, telle qu’il voulait qu’elle apparût à la postérité. […] Rousseau, il a la manie de s’ébahir de sa propre destinée. […] Mais la conscience qu’il avait de ses vertus le rendait fort indulgent pour lui-même et peu attentif à ses propres sottises.