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539. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Il dit des absurdités et il dit de jolies choses ; il en dit même de profondes, car il lui arrive en passant, et sans le faire exprès, de toucher à ce qui fait le fond même de la misère humaine. […] Mesdames et Messieurs, ce que l’on n’a peut-être pas assez remarqué, c’est le caractère de tristesse profonde, de morne désolation qu’on trouve dans ces vers. […] Nous ne trouvons rien d’aussi profond en nous occupant de Théophile Gautier. […] Sully Prudhomme, c’est l’homme qui sait dire joliment des choses qui souvent sont très profondes. […] Mais la musique vous jette dans certains états d’âme, à la fois très vagues, très troublants, très profonds, parfois douloureux, parfois délicieux.

540. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Ils sentent qu’au-delà des vérités limitées de l’âge oratoire, il y a des explications plus profondes ; ils vont au-delà de Descartes et de Locke, comme les alexandrins au-delà de Platon et d’Aristote ; ils comprennent qu’un grand ouvrier architecte ou des atomes ronds et carrés ne sont point des causes, que des fluides, des molécules et des monades ne sont point des forces, qu’une âme spirituelle ou une sécrétion physiologique ne rend point compte de la pensée. […] Dans ce profond changement, l’idéal change ; la vie bourgeoise et rangée, le strict devoir puritain, n’épuisent pas toutes les puissances de l’homme. […] L’esprit, dépassant les règles connues de la rhétorique et de l’éloquence, pénètre dans la psychologie profonde, et n’emploie plus les mots que pour chiffrer les émotions. […] Dans ce grand calme, il s’écoute penser ; la paix est si grande en lui et autour de lui qu’il peut apercevoir l’imperceptible. « La plus humble fleur qui s’ouvre, dit-il, peut remuer en moi des sentiments trop profonds pour se répandre en larmes1218. » Il voit une grandeur, une beauté, des leçons dans les petits événements qui font la trame de nos journées les plus banales. […] Et tel était ce large océan et cette côte plus stérile que ses vagues. » Profond sentiment germanique qui, allié à des émotions païennes, a produit sa poésie, poésie panthéiste et pourtant pensive, presque grecque et pourtant anglaise, où la fantaisie joue comme une enfant folle et songeuse avec le magnifique écheveau des formes et des couleurs.

541. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

L’ignorance avoit jeté de trop profondes racines, pour pouvoir facilement arrêter ses progrès. […]   Cet attrait pour la Poësie réveilla l’indolence des Provençaux, plongés, comme tous les autres peuples de la Gaule, dans la plus profonde ignorance. […] Mais quand on jette les yeux sur leurs productions, on ne sauroit s’empêcher d’y remarquer l’empreinte profonde de l’ignorance. […] Si par hasard on en apperçoit, il est si foible, qu’il ne peut percer la profonde obscurité qui les couvre. […] Pourrions-nous oublier que c’est elle, qui nous a tirés de cette honteuse & profonde ignorance où nous avons langui pendant tant de siècles ?

542. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

A la fin, il se retira dans une campagne aux environs de Lide, où il se livra à de profondes études. […] On l’a comparé à ces fleuves qui ayant leur lit plus serré que les autres, ont aussi leurs eaux plus profondes & portent des fardeaux plus pesants. […] Il n’est ni assez profond, ni assez hardi. […] Simon Pelouttier, in-12. 1740. : ouvrage plein de recherches profondes, & un des meilleurs qu’on puisse lire sur une matiere qui demandoit une érudition peu commune. […] Ferreras est inférieur à Mariana pour la noblesse du style ; mais il paroît qu’il a fait des recherches plus profondes, & qu’en général il est beaucoup plus exact.

543. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

— En général, j’ai considéré jusqu’ici les variations fréquentes et multiformes des êtres organisés à l’état domestique, et les variations moins profondes et plus rares qu’on observe à l’état de nature, comme purement dues au hasard. […] Forbes assure que les Mollusques, à la limite méridionale de leur station ou dans des mers peu profondes, varient et prennent des couleurs plus brillantes que ceux qui vivent plus au nord, ou à de plus grandes profondeurs. […] Ainsi les espèces de Mollusques qui sont confinées dans des mers tropicales ou dans des mers peu profondes ont généralement des couleurs plus vives que celles qui vivent dans des mers froides ou profondes. […] Selon la théorie des créations distinctes pour chaque espèce, il faudrait admettre, par exemple, que tel mollusque a été créé avec de brillantes couleurs pour habiter une mer chaude ; mais que tel autre est devenu plus vivement coloré, par suite de variations, quand il s’est étendu dans des eaux moins froides ou moins profondes. […] — Convenons d’abord que notre ignorance concernant les lois de la nature est encore profonde.

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