Dans Absalon, Tharès, femme de ce prince, à qui son époux vient de faire part de ses projets contre David son père, accusée par la reine d’exciter Absalon à la révolte, se livre elle-même entre les mains de David, pour lui tenir lieu d’otage. […] Ces deux ministres sont les ennemis du jeune prince qui leur fait cette prière. Un d’eux semble montrer quelque opposition ; le prince l’interrompt : Arrêtez : il me reste à vous dire Que je dois être un jour le maître de l’empire. […] Le spectateur, pendant toute la pièce, s’intéresse à Joas : après le couronnement de ce prince, Joas embrasse Zacharie, fils du grand-prêtre son bienfaiteur, qui s’écrie : Enfants, ainsi toujours puissiez-vous être unis ! Ce souhait, qui rappelle au spectateur que Joas sera un jour souillé du sang de Zacharie, affaiblit l’intérêt que l’on a pris à ce jeune prince.
Dans l’Oreste d’Euripide, ce prince, après avoir assassiné sa mère, est assiégé dans son palais avec sa sœur Électre et son ami Pylade, par tout le peuple d’Argos indigné de ce parricide : on lui fait son procès. […] L’envoyé d’une grande nation ne doit pas avoir en sa personne rien qui excite la haine et la défiance du prince auprès duquel il doit résider ; comment se fait-il que la Grèce envoie à Pyrrhus, son rival, un amant d’Hermione sa fiancée ? […] Il est vrai que l’ambition est une vertu au théâtre, et la droiture une sottise ; mais un jeune prince amoureux, qui ne connaît pas encore le monde, et que la politique n’a point corrompu, peut fort bien ne pas vouloir acheter le trône par une lâcheté ; il peut estimer l’honneur plus que la vie. […] Il eût été plus conforme aux bienséances qu’elle fit prier, par Arbate, le jeune prince de passer dans son appartement. […] Ce prince ordonna aux comédiens de la jouer : la défense insérée dans le privilège ne l’arrêta pas ; on sait qu’il n’était pas scrupuleux.
Il n’en voulait pas trop à Louis XV ; il avait mieux auguré de ce prince dans sa jeunesse, il avait cru un moment qu’il serait un bon roi ; du temps que Mme de Mailly était la maîtresse favorite (décembre 1738), il lui semblait qu’elle n’avait qu’un crédit limité ; que le roi ne lui cédait pas trop, « et que, comme Henri IV, il aimait mieux les affaires de son État que celles de sa maîtresse. Louis XV, ajoutait-il, par paresse et par trop de flegme, ne travaillera pas beaucoup pour son État, mais ce qu’il fera sera bon, fin et profond. » Ce favorable augure, que justifiait peut-être le bon jugement du prince, avait été bien déjoué depuis par l’abandon et la défaillance de volonté, qui était son grand vice23. […] Dans mes terres, dans le château principal, manoir du grand domaine titré, je voudrais y vivre en prince souverain, y avoir gardes, pages, écuyers, gentilshommes, chevaux, attelages, chiens, aumôniers, et quanlité de courtisans ; musique, comédie.
Elle court de prince en prince. […] Elle court les spectacles, elle se dévoue aux princes ; elle ne pouvait venir chez moi l’après-dîner, parce qu’à quatre heures elle devait aller avec Mme la duchesse de Bourbon dans la petite maison du duc de Chartres.
Mais est-il rigoureusement exact de dire que « les progrès ou les défaites de l’hérédité souveraine, essayée par les empereurs romains, étaient devenus la véritable mesure de la destinée des chrétiens ; que, sitôt que le sénat et l’empire non héréditaire emportaient la balance, le christianisme était persécuté ; que, sitôt que l’idée orientale ou royale recommençait à prévaloir, les persécutions s’arrêtaient ; que le caractère personnel des princes n’avait aucune part à ces oscillations ? […] Il y avait là un premier droit divin qui n’est pas sans doute tout à fait celui qu’on professait sous Louis XIV, qui n’a pas été transmis à la monarchie de saint Louis sans interruption, que la féodalité a coupé à plus d’un endroit, et qui a dû se retremper, dans l’intervalle, à l’onction romaine ; mais enfin c’était un droit divin très-profond, très-vénéré, qui impliquait l’hérédité, sinon par ordre de primogéniture, du moins par égal partage entre tous les fils ; qui constituait la qualité de prince du sang comme quelque chose de très à part et d’inamissible ; qui excluait toute aristocratie dominante et proportionnait le rang des chefs au degré dans lequel ils approchaient le roi. […] Ce prince, le dernier vraiment grand de sa race, marcha sur les errements de Brunehaut.