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322. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

La nature entière se réveille ; de nouvelles feuilles, de nouvelles fleurs poussent à vue d’œil. […] Le vaisseau se relève lentement sous le poids des vagues qui se creusent un berceau au pied des mâts et roulent furieuses sur le pont disparu sous l’onde ; il flotte au hasard, rasé comme un ponton, sans savoir où la tempête le pousse ; trois nuits, trois jours l’engloutissent avec ses deux mille habitants dans les caprices de la mer ; c’est un tombeau où les morts sont avec les vivants, et où chaque seconde est une agonie renaissante ; nul n’espère plus son salut, et le silence funèbre a succédé au cri de la terreur : tout est mort sur ce jouet de la mort. […] Maintenant l’herbe et les ronces y poussent en liberté ; les oiseaux y chantent comme dans la forêt. […] Vue générale de l’intérieur de Saint-Pierre « On pousse avec peine une grosse portière de cuir, et nous voici dans Saint-Pierre.

323. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Puis, avec une exagération qui marque mieux la nouveauté du dessein, Chartier élimine de son discours les faits, les circonstances de temps et de personnes pour se tenir dans les idées générales : il pousse l’amour du lieu commun jusqu’à la plus vague amplification. […] Voilà un commencement de sage et bonne vie : mais l’instinct déjà poussait notre Villon dans une autre voie. […] Mais Villon est autre chose qu’un gueux peintre des gueux : ce meurtrier, ce filou, cet ami de je ne sais quelle Margot, qu’on estimerait gâté jusqu’aux moelles, et qui l’est, a d’étonnantes fraîcheurs d’imagination ; il pousse sur la pourriture de cette âme d’exquises fleurs de sentiment. […] Il profite de sa fortune, et la pousse de son mieux : il sait que les choses de ce monde n’ont qu’un temps, et il l’emploie.

324. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

C’est parce que Achille a brûlé sa ville et l’a emportée elle-même comme une proie dans ses « bras ensanglantés », c’est pour cela qu’elle l’aime, et d’un amour furieux et qui la poussera au crime. […] Il arrive parfois (et la tragédie n’exprime que des passions exceptionnelles au moins par leur degré) que sous l’homme civilisé surgisse un sauvage poussé par la force aveugle des nerfs et du sang. […] Le désenchantement, fruit de la science, ne préserve point de la folie, ou même y pousse. […] Sauf chez Camille (qui d’ailleurs est tout d’une pièce n’est point assez femme), nulle part avant Racine nous ne voyons l’amour-fureur, l’amour-possession, l’amour-maladie, qui pousse fatalement ses victimes au meurtre et au suicide, et cela au travers d’un flux et d’un reflux de pensées contraires, par des alternatives d’espoir, de crainte, de colère, et des raffinements douloureux de sensibilité, des ironies, des clairvoyances soudaines, puis des abandons furieux à la passion fatale, un art merveilleux à se faire souffrir, des sentiments de la dernière violence s’exprimant dans un langage d’une simplicité et d’une harmonie exquises — au point qu’on ne sait si l’on a peur de ces femmes ou si on les adore, et qu’on voudrait mourir avec elles et pour elles.

325. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Il poussa donc plus avant. […] Ou, si vous voulez, il a poussé et développé le dialecte de Monpavon (du Nabab). […] * * * Il avait contre lui, à l’origine, je ne sais quelle apparence de jeune parlementaire poussé en serre chaude, de député mondain, recherché des « salons », et dont les discours — déjà très substantiels pourtant — plaisaient comme de jolies conférences. […] Elle agrandit son cœur et sa pensée par l’effort de souffrir noblement, et par les méditations mêmes et les lectures de ses longues insomnies ; et d’autre part elle pousse à l’aigu son expressive fébrilité d’artiste.

326. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Nous ne croyons pas que, depuis longtemps, le drame ait poussé une plus large et plus pathétique clameur. […] A sa mort, Vénus a déchiré ses belles joues et l’Amour a poussé des cris plaintifs. […] Terre sacrée, fais pousser, au pied de la stèle de la jolie bacchante, non des épines et des ronces, mais de tendres violettes !  […] A sa vue, la voix lui manque, les mains lui tremblent, ses yeux jettent la flamme ; elle va pousser, l’un après l’autre, tous les verrous de ces portes banales, et les transports recommencent, et les promesses, et les serments, et toutes les divagations enivrés des joies illicites qui prennent leur bien où elles le trouvent et le dévorent n’importe où.

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