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305. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Et pour moyen, l’équilibre ; L’équilibre, maintenu, autant que possible, par la force relative propre, ou par la force des alliances qui mettent le poids des petits États à côté des grands pour égaliser les systèmes. […] XXII Or, pour assurer aux sociétés politiques la paix, et pour établir, autant que possible, l’équilibre, garantie de la paix, quels sont les moyens ? […] La seule alliance possible de l’usurpation de famille en France était l’alliance anglaise. […] Une neutralité polie, mais malveillante, était la seule diplomatie possible des souverains du continent avec la monarchie de Louis-Philippe. […] XXXII Il aurait commencé, sans doute, selon sa puissante méthode analytique, par considérer d’un coup d’œil et par caractériser sans illusion l’état de l’Europe, afin d’y faire prendre à la France la position juste, forte et pacifique, sur ce champ de manœuvre de la diplomatie ; il aurait cherché, en méprisant les préjugés populaires et les forfanteries soldatesques, quel était et où était le système d’alliance actuel le plus propre à assurer l’existence, la durée, la prépondérance légitime de la France, tout en maintenant le plus longtemps possible à l’Europe l’inappréciable bienfait de la paix.

306. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Je n’étais plein que de sa pensée, et je remplissais mes devoirs dans le but de me rendre le moins possible indigne du secours du ciel et d’aller l’y rejoindre un jour. […] Elles me chargent de tous leurs vœux pour la santé du Pape, qu’il faut conserver le plus longtemps possible à la chrétienté, car, avec lui et avec vous, la paix de l’Église et la paix du monde sont assurées. […] « Je veux qu’on fasse célébrer pour le repos de mon âme, dans le plus bref espace de temps qu’il sera possible, deux mille messes, destinant une aumône de cinq paoli pour chaque messe célébrée en présence de mon corps, soit à la maison, soit à l’église, et de trois paoli pour chacune des autres messes à célébrer à Saint-Laurent hors des murs, à Saint-Grégoire et dans d’autres églises où se trouvent des autels privilégiés avec indulgence spéciale, selon l’indication de mon héritier. […] Cette distribution sera faite avec la plus grande sollicitude possible par mon héritier mentionné ci-dessous. […] « À peine entré en possession de son titre, mon héritier fiduciaire, pour prévenir le cas possible (puisse Dieu conserver longtemps ses jours !)

307. (1903) Le problème de l’avenir latin

La besogne nécessaire — en admettant qu’elle fût possible, ce qui n’est pas sûr, à voir son énormité — n’a pas été accomplie.‌ […] Comment est-il humainement possible qu’un aussi formidable effort n’ait abouti qu’à un semblable résultat ? […] Leur dénaturation fut, comme nous lavons vu, aussi complète qu’il était possible, affectant la vie matérielle, morale et intellectuelle de l’ancien barbare. […] En un milieu à civilisation normale, on ne peut pas être contre la liberté de l’enseignement, qui est sans contredit le seul régime possible d’enseignement. […] De la musique y serait exécutée aussi souvent que possible, avec un orgue, des chœurs.

308. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Or il est un grand nombre d’idées pour lesquelles l’onomatopée n’est pas possible, aucun son n’y figurant, même comme élément accessoire. […] Mais si l’idée générale est telle qu’un signe analogique soit possible pour elle, la persistance d’un tel signe est un obstacle à sa généralité ; elle ne peut être purifiée de tout élément particulier que si elle change de nom et s’attache pour la désigner un signe arbitraire. […] Deux explications nous paraissent propres à lever la difficulté ; si l’une des deux était rejetée, l’autre pourrait suffire ; mais nous croyons que toutes deux contribuent à rendre possible et réel le fait étrange que nous venons de signaler. […] Dans le Péri mnèmès (De la mémoire et de la réminiscence, 1, 449b31), Aristote, renvoyant au De Anima, dit « il n’est pas possible de penser sans image » (noein ouk estin aneu phantasmatos » (trad. […] Ou l’emploie pour désigner, — soit un très faible degré de conscience : or un fait de conscience, quelqu’en soit le degré, est quelque chose d’incontestablement psychique, partant de psychologique ; — soit un phénomène nerveux non accompagné de conscience, mais que, par analogie et induction, il est possible de définir en termes de conscience, c’est-à-dire en termes psychologiques.

309. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Nous sommes perdus : toute notre fiance, après Dieu, est en lui ; il n’est possible qu’il en échappe. » Montluc avait donc à persuader d’abord qu’il était guéri et le mieux portant des gouverneurs. […] Dans un moment où le soupçon régnait et où la discorde était près d’éclater parmi eux, il s’adressa à la dévotion italienne et fit diversion aux querelles moyennant des processions publiques et des prières : « Car de jeûnes, dit-il gaiement, nous en faisions assez. » Ces jeûnes étaient poussés aux dernières limites du possible : « Ni la ville ni nous ne mangeâmes jamais, depuis la fin de février jusques au vingt-deuxième d’avril, qu’une fois le jour : je ne trouvai jamais soldat qui en fît plainte. » Lui-même et les autres chefs ne mangeaient plus, depuis la fin de mars, qu’un petit pain, un peu de pois avec du lard et des mauves bouillies, et une fois le jour seulement : Le désir que j’avais d’acquérir de l’honneur, dit-il, et de faire souffrir cette honte à l’empereur (Charles Quint) d’avoir arrêté si longuement son armée, me faisait trouver cela si doux qu’il ne m’était nulle peine de jeûner. […] Et, pour énumérer quelques-unes de ses qualités spéciales et naturelles qui venaient en aide à sa bravoure et la distinguaient d’une aveugle témérité, il avait « le coup d’œil topographique », et là où d’autres ne voyaient rien qu’escarpement et difficulté absolue, il discernait l’assiette possible d’une batterie, le côté faible et vulnérable d’une place : aussi excellait-il aux reconnaissances. — Il avait cet autre coup d’œil qui sait nombrer de loin une troupe dans une plaine, et, à un demi-mille de distance, il savait son chiffre, si considérable qu’il fut à cinquante hommes près. — Il s’entendait à merveille, dans une escarmouche, à « tâter » l’ennemi, c’est-à-dire à connaître à sa marche et à son attitude s’il avait peur ou s’il était en force et solide

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