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468. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Au milieu, figure posée sur le rebord de la fenêtre, une grande photographie représentant le prince impérial. […] Puis, c’est un enchevêtrement de petites tables, de tabourets, d’une toilette dont des rouleaux de papier de toutes couleurs cachent la glace ; d’un chevalet Bonhomme, sur lequel pose une aquarelle, représentant un coucher de soleil dans le parc, qu’on a admiré, il y a deux ou trois jours ; d’un fauteuil-balançoire viennois ; d’une petite étagère portant à tous les étages, des Bottin, des Dictionnaires, des Almanachs de Gotha. […] Dans l’encoignure, dans l’angle de la façade du parc et du mur mitoyen du salon, sur une table est posé le petit pupitre, sur lequel la princesse crayonne ses portraits aux trois crayons. […] C’est gentil un jeune ménage, dans un appartement qui n’est pas complètement meublé, dans un intérieur où le tapissier n’a pas posé le dernier clou, et où le premier enfant apparaît à l’état de ronde bosse.

469. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

L’équilibre, la conciliation de l’individualité croissante et de la solidarité croissante, tel est le difficile problème qui se pose pour les sociétés modernes. […] L’orgueil pose l’individu dans son moi intellectuel ou volontaire en face des autres, qui lui deviennent étrangers. […] Seulement, pour qui veut explorer la nuit, autre chose est de poser à terre sa lanterne, tout près de ses pieds, où elle ne fera sortir de l’ombre qu’un certain nombre de grains de sable ; autre chose de la diriger à droite et à gauche, de projeter sa clarté au loin et en avant, à chaque pas. […] Voici d’ailleurs quelle sorte de préceptes le chef de l’école adresse au poète symboliste : De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’impair, Plus vague et plus soluble dans l’air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

470. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Les lettres aussi l’entraînaient… Seulement, où qu’il allât dorénavant et quoi qu’il devînt, l’Église lui avait mis la main sur le front, et jamais cette main ne se pose sur une tête humaine sans y laisser quelque chose de supérieur à l’homme. […] En 1822, il fut tenté par la grande question du Romantisme posée alors pour être discutée pendant dix ans, et il la traita dans un livre qu’on peut lire encore12. […] Depuis, en effet, que l’Église romaine a posé dans le monde le principe de l’autorité sur les débris de l’oppression et de l’usurpation antiques, il n’y a pas eu et il ne pouvait pas y avoir un fait d’ordre intellectuel plus considérable dans les annales de l’Esprit humain que la négation et le renversement de ce principe qui avait régné quinze cents ans. […] Lorsque les prétentions révolutionnaires sont posées, un pouvoir doit-il consentir à une réforme, même nécessaire ?

471. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Ainsi, quand j’entends un bruit de pas dans la rue, je vois confusément la personne qui marche ; chacun des sons successifs se localise alors en un point de l’espace où le marcheur pourrait poser le pied ; je compte mes sensations dans l’espace même où leurs causes tangibles s’alignent. […] Poser l’impénétrabilité de la matière, c’est donc simplement reconnaître la solidarité des notions de nombre et d’espace, c’est énoncer une propriété du nombre, plutôt que de la matière. — Pourtant on compte des sentiments, des sensations, des idées, toutes choses qui se pénètrent les unes les autres et qui, chacune de son côté, occupent l’âme tout entière ? […] Nous lui poserons alors cette question : la multiplicité de nos états de conscience a-t-elle la moindre analogie avec la multiplicité des unités d’un nombre ? […] Mais ces questions, que nous sommes amenés à nous poser par l’analyse même de la notion de multiplicité distincte, nous ne pourrons les élucider que par une étude directe des idées d’espace et de temps, dans les rapports qu’elles soutiennent entre elles.

472. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Ce n’était pas ici comme pour La Motte qui posait en principe qu’il était parfaitement inutile de savoir le grec pour juger du point en litige ; l’abbé Terrasson savait le grec, mais il n’en avait pas plus pour cela le sentiment du beau. […] Je ne me suis pas même posé, durant toute cette étude, cette question, pourtant si française : Mme Dacier était-elle jolie ?

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