C’est le portrait d’un homme de cinquante ans, et qui a vécu. […] Il nous reste de lui un livre admirable et le portrait curieux dont je parlais tout à l’heure. […] Les magazines reproduisent leurs portraits et commentent leurs actions. […] Je mettrais volontiers ces papillons et ces coquillages en attribut au pied du beau portrait que nous a dessiné M. […] Études et portraits littéraires (Paris : Lecène et Oudin, 1886 pour la 2e série, p. 50).
Aussi dans ce nouveau volume, après avoir commencé par une revue des derniers événements de guerre qui se prolongèrent quelque temps avec obstination sur quelques points de la circonférence, depuis Anvers défendu par Carnot, depuis Hambourg défendu par Davout, jusqu’à la bataille livrée dans la plaine de Toulouse par le maréchal Soult ; après avoir rendu justice à ces derniers efforts et avoir rallié, pour ainsi dire, tous les détachements de nos héroïques armées ; puis, avoir montré les Bourbons et Louis XVIII rentrant dans le royaume de leurs pères, avoir tracé du roi et des princes des portraits justes, convenables, et qui même peuvent sembler adoucis et un peu flattés plutôt que sévères (tant l’ancien journaliste polémique, l’ancien fondateur du National, a tenu à s’effacer et à se faire oublier dans l’historien !) […] Il y a dans ses écrits une grande diffusion de talent, si je puis dire ; le talent, comme un air vif et subtil, y est disséminé partout, et ne s’y réfléchit guère avec splendeur et couleur à aucun endroit en particulier ; il craint de paraître viser à l’effet, il se méfie de l’emphase ; c’est tout au plus si par places il se permet des portraits proprement dits, tels que ceux du roi de Prusse Frédéric-Guillaume et de l’empereur Alexandre (pages 424-457), et encore il les fait alors, beaucoup plus fins et-spirituels que saillants et colorés.
Et Eugène Delacroix, qui venait de lire un article de lui sur le Cid, lui écrivait : « Je penserai à cela pendant quinze jours, et j’en ferai de meilleure peinture. » Ce sont là des suffrages, des titres de noblesse, et ils sont justifiés par ce qu’on lit depuis près de quinze ans, chaque dimanche soir, sous cette fière et résonnante signature : analyses d’ouvrages d’art ou de pièces de théâtre, feuilletons ou salons, comptes rendus qui sortent du cadre et qui sont eux-mêmes de brillants portraits ou des tableaux. […] Les portraits historiques sont certainement ce qu’il y a de plus notable dans le volume que nous annonçons : Néron, Marc-Aurèle, sont d’admirables contrastes, et chacun fouillé dans son genre ; Louis XI, César Borgia, le bizarre et perfide Henri III, ce roi-femme, — l’Espagne, l’Espagne surtout sous Charles II, — composent une suite, une vraie galerie où les amateurs de tableaux trouveront à inscrire au bas de chaque page les noms parallèles des maîtres du pinceau qui y correspondent.
Le peintre est partout chez Saint-Victor, le peintre multiple du portrait, du tableau, de tous les genres de peinture. […] Saint-Simon est un peintre aussi, je le sais bien, — un peintre formidable, mais il est exclusivement un grand peintre de portraits, qu’il peint moins encore qu’il ne griffe, d’un pinceau tigre.
» (sous le grand Charles-Quint, qui paraît bien moins cruel que Philippe II, ce lieu commun de cruauté, parce que l’opinion est femme, et, dans cette question, était une femme flamande, et que le Flamand couvrait Charles-Quint, comme l’Espagnol perdait Philippe II), — cette main sans passion n’a pas une seule fois dans cette histoire, si tentante pour les plumes ardentes, tracé un de ces portraits terribles qui flambent éternellement sur une mémoire et empêchent éternellement de voir clair à travers ce feu. Louis XIV n’est-il pas toujours resté victime du portrait qu’en a fait un jour Saint-Simon ?