Portrait de Henri Esmond. — Talent historique de Thackeray. — Conception de l’homme idéal. […] Par ce contraste, l’un complète l’autre, et l’on se fait une idée exacte du goût anglais en ajoutant le portrait de William Thackeray au portrait de Charles Dickens. […] Le roi ouvre cette galerie de portraits vengeurs. […] Mais ces portraits sont doux auprès des dissertations ; le commentateur est plus amer encore que l’artiste ; il blesse mieux en parlant qu’en faisant parler. […] Les deux définitions sont contraires, et son portrait est la critique de son talent.
Vendredi 16 janvier Eugène Carrière, qui vient dîner à Auteuil, avec Geffroy, m’apporte pour la collection de « Mes Modernes » un portrait dudit Geffroy, sur le parchemin blanc de son bouquin : Notes d’un journaliste, un portrait ayant une étroite parenté avec les belles choses enveloppées des grands peintres italiens du passé. […] Ainsi pour mon travail sur Outamaro, quand j’ai demandé pour la première fois à Hayashi : « Est-ce qu’il existe un portrait d’Outamaro ? […] Là-dedans, au milieu de ce mobilier d’un autre siècle, l’ovale délicat de son pâle visage, ses yeux noirs doux et profonds, la sveltesse de sa personne longuette, lui donnent quelque chose d’une apparition, d’un séduisant et souriant fantôme ; caractère que je retrouve dans son portrait pastellé par Helleu. […] Une première impression un peu cauchemaresque : l’impression d’entrer dans une chambre pleine de portraits fantomatiques aux grandes mains pâles, aux chairs morbides, aux couleurs évanouies sous un rayon de lune. […] Un logis tout plein d’un méli-mélo d’objets disparates, de vieux portraits de famille, de meubles Empire, de kakemonos japonais, d’eaux-fortes de Whistler.
Quelques-uns, quoique absurdement en dehors du possible, vous arrêtent comme des portraits. […] Dans le portrait même le plus fidèle, il faut une part de création. […] Où un écrivain de moindre génie eût fait un portrait, Balzac a fait une figure. […] Pendant tout ce temps, Marilhat fit des portraits pour vivre et des études pour apprendre. […] Ingres, son ancien maître, Théodore Chassériau excellait à crayonner en quelques heures des portraits à la mine de plomb, qui sont autant de chefs-d’œuvre.
Dubray, s’inspirant du beau portrait de l’abbé Prévost par Schmidt, portrait qui fut placé d’abord en tête du tome Ier de l’Histoire générale des voyages (1746), y a changé ou adouci quelques traits. […] (Voir Portraits littéraires, édition Didier de 1852, t. I, p. 250 ; et Derniers portraits littéraires, édition Didier, 1852, p. 443.)
L’histoire d’ailleurs a du vrai ; il y a de charmants portraits et des scènes excellentes. […] Cette scène des portraits, en diminutif et sauf tout ce qu’on sait bien, en rappelle une célèbre du Misanthrope. […] Il était atteint de ce mal particulier que nous avons vu à certains amours-propres pointilleux de notre temps82 et qu’on a appelé le rhumatisme littéraire : « Je n’ai vu de mes jours à cet égard, nous dit Collé, personne d’aussi chatouilleux que lui ; il fallait le louer et caresser continuellement comme une jolie femme. » Les portraits de Marivaux nous le représentent avec la physionomie fine, spirituelle, bienveillante, mais inquiète et travaillée. […] Mais ce qui était bien véritable aussi et frappant, c’est que tout ainsi que Montesquieu pouvait dire : « L’esprit que j’ai est un moule, on n’en tire jamais que les mêmes portraits », l’esprit de Marivaux, à plus forte raison, devait paraître un patron d’où il avait tiré à la fin toutes les broderies et toutes les dentelles.