/ 2435
773. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Il vit cela en poète, mais le poète voyait ici plus loin que bien des politiques, et quand le rêve s’est réalisé, l’honnête homme chez Béranger a eu le bon sens de ne pas démentir le poète. […] Il savait tout ce que les sages et les prudents pouvaient dire, et il se le disait même aussi ; mais le poète en lui ressentait un regret ; et quand vinrent peu à peu, et successivement, d’honorables journées militaires pour ce régime politique auquel il assistait, ce n’était pas pour lui, poète patriote, une joie entière, inspiratrice ; car ce n’était point là ce qui pouvait s’appeler une revanche en plein soleil de cette journée néfaste de laquelle il avait dit : Son nom jamais n’attristera mes vers !

774. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLV » pp. 176-182

Une imprudence, je ne sais quelle forfanterie, un retour d’humeur pédagogique, l’a fait remonter sans nécessité à la tribune ; il a prêté flanc en venant prêcher à satiété la moralité politique, — et le reproche d’être allé à Gand lui est venu pour réponse. […] Guizot généralement est assez peu goûté ; il est peu aimé même de plusieurs de ses amis politiques.

775. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — III »

Quoi qu’il en soit, pendant qu’elle était en Allemagne, madame de Genlis se crut obligée de publier son Précis de conduite : c’était accepter dès lors un rôle politique, qu’il lui faudrait soutenir, et qui lui convenait moins qu’à aucune autre femme. […] Telles n’étaient certainement pas les circonstances qui présidèrent à l’inauguration politique de madame de Genlis.

776. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

Il paraît décidément que l’Allemagne, ne se bornant plus au domaine métaphysique et spéculatif où Kant et ses successeurs l’avaient si longtemps renfermée, descend aujourd’hui à la pratique réelle, à la vie politique, à la lutte journalière et infatigable pour les améliorations positives. […] Un bon nombre de maximes politiques et de mots qu’on retient semblent éclos sous la plume étincelante de Rivarol ou de Chamfort.

777. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Qu’il s’agisse de l’évolution politique, religieuse ou littéraire d’une nation, l’idéal pour quiconque veut la retracer est d’aboutir à des résultats certains et définitifs. […] La critique est à l’histoire de la littérature ce que la politique est à la sociologie, la médecine à la physiologie ; l’une applique ce que l’autre a trouvé et prouvé ; l’une veut agir immédiatement sur les hommes et les choses ; l’autre porte dans l’étude des lois de la vie un désintéressement absolu et une sérénité toute scientifique.

/ 2435