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695. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

La politique et la religion sont l’expression de notre double existence, représentative et misérable, réelle et excellente. […] La politique et la religion deviennent, dès lors, les deux formes parallèles de la morale wagnérienne. […] Après cet ouvrage sur la politique, l’écrit sur Beethoven (Leipzig, 1870), est, plus particulièrement, religieux. […] L’utilité morale de l’art, son utilité religieuse, son utilité politique, sont la pensée constante de Wagner. […] Revue politique et littéraire (28 mars) : Léon Pillaut.

696. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Jusque dans les brouilleries politiques où il se trouve mêlé, il réserve, la santé et clarté de son entendement. […] La seconde période devint moins facile ; l’agitation politique s’y mêla aux soins des intérêts de la ville. » Ce fut durant cette seconde mairie que Montaigne plus exposé montra à un moment beaucoup de zèle, bien de l’habileté et de l’activité, et aussi, vers la fin, quelque faiblesse ou du moins quelque lassitude. […] Le lieutenant général du roi en Guienne à cette époque était le maréchal de Matignon, bon capitaine, et encore meilleur politique, très-fin, modéré et des plus capables. […] Pour des catholiques purement politiques tels que le maréchal de Matignon et Montaigne, la position devenait délicate et difficile. […] Teulet : Relations politiques de la France et de l’Espagne avec l’Écosse au XVIe siècle (5 volumes in-8° ; chez Mme veuve Jules Renouard, rue de Tour-non, 6).

697. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Mieux averti par le goût du temps et par le sérieux de sa propre inclination, il médita de s’appliquer à loisir à une grande étude d’histoire, et, en attendant, il fit de la politique. […] Ce serait une peinture à faire que celle des journaux politiques de la Restauration, et surtout des trois principaux : le Journal des débats, organe du royalisme selon Chateaubriand, et suivant celui-ci en toutes ses métamorphoses ; Le Constitutionnel d’alors, centre du libéralisme pur ; et La Quotidienne. […] Le caractère de la jeune rédaction de La Quotidienne était de ne donner (c’est tout simple) dans aucun des lieux communs libéraux du temps, d’en rire tout haut, et aussi de rire plus bas des déclamations et des lieux communs monarchiques et religieux qu’elle pratiquait de si près, qu’elle semblait partager et redoubler souvent, mais auxquels elle ne tenait en réalité que par le côté politique. […] Les connaisseurs pourtant ont retenu et me signalent du doigt dans ces volumes un vrai bijou, la vie et la mort de Mayeux, le fameux Mayeux (le type grotesque de notre versatilité politique), venu au monde à Paris le 14 juillet 1789, et qui s’est successivement appelé Messidor-Napoléon-Louis-Charles-Philippe Mayeux, selon les noms des divers régimes qu’il a, tour à tour, épousés ou répudiés, Mayeux un moment porté sur le pavois après 1830, et qui meurt, vers 1833, de douleur et de honte d’avoir été renvoyé des rangs de la Garde nationale et rayé des contrôles comme coupable de faire rire. […] Il ne craignait pas d’avoir à marquer dans sa narration, pour rester plus fidèle à la vérité, la langueur ou la complication des mouvements politiques ; ce jeu bizarre et entrecroisé des choses lui allait, et il prenait plaisir à nous en démêler la trame.

698. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Si, par exemple, il accordait tant à la constitution municipale des vieilles cités, s’il croyait à la perpétuité de cette constitution depuis les Romains et à travers les diverses conquêtes, s’il en faisait le pivot de sa théorie politique, c’est que cela s’était passé ainsi à Brignoles et aux environs, dans la Provence ; il transportait involontairement au reste de la France cette forme permanente et latente de constitution dont la tradition locale avait tout d’abord frappé son esprit, l’avait imbu et comme affecté d’un premier amour. […] Une seconde fois, ce fut en politique. […] Il traita de la tragédie considérée dans son influence sur l’esprit national : il se plut à montrer dans la tragédie des anciens, dans celle des Grecs, une institution politique. […] Thiers, dans son XVIIIe volume de l’Histoire du Consulat et de l’Empire, a noté un second jour parlementaire mémorable dans la vie politique de M.  […] [NdA] On a essayé depuis de faire honneur à Raynouard d’un trait de son discours académique : parlant d’un Émilius Scaurus qui, dans une tragédie d’Atrée, avait imité quelques vers d’Euripide où les délateurs aperçurent et dénoncèrent quelque allusion politique, le récipiendaire disait : « Scaurus reçut l’ordre de mourir, et s’y soumit avec courage : Tibère régnait. » M. de Féletz, dans le compte rendu de la séance, se plaisait à remarquer que ce mot prononcé par Raynouard d’une voix forte avait été couvert d’applaudissements : « Le trait était hardi en 1807 », ajoute-t-il en note.

699. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Mais Arnault jeune, amoureux et déjà marié, ami de la poésie, du théâtre, faisant de jolis vers de société, et aspirant dès lors à la muse tragique, n’avait pas de théorie ni de prévision politique bien longue. […] En ce qui est de la tragédie, par exemple, il aspirait à quelque chose qu’on peut se figurer entre Shakespeare et Corneille : Les intérêts des nations, les passions appliquées à un but politique, le développement des projets de l’homme d’État, les révolutions qui changent la face des empires, voilà, disait-il, la matière tragique. […] Mais la seconde abdication de 1815 laissa Arnault exposé à toutes les vivacités de la réaction politique. […] La littérature n’a rien à voir là où les passions politiques sont à ce point exaspérées. […] [NdA] Je tire ce récit non des Souvenirs d’Arnault, mais de sa Vie politique et militaire de Napoléon, publiée en 2 vol. in-folio en 1822 : c’est une histoire en tableaux et faite pour les planches lithographiées ; mais le texte a de l’intérêt et un mérite de rapidité et de concision.

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